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Les PME font le pari de l'international pour renouer avec la croissance
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Les PME font le pari de l'international pour renouer avec la croissance

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Les PME exportatrices ont plutôt moins souffert de la crise engendrée par la pandémie de Covid que les grands groupes. Alors que la croissance redevient d’actualité, elles font de leur présence à l’international un accélérateur en ciblant notamment les marchés européens.

Après une année 2020 chaotique, les exportations françaises ont fortement progressé en 2021 — Photo : Weerasak

Si elles ont souffert de la crise sanitaire les PME exportatrices ont semble-t-il mieux résisté que les grands groupes en ce qui concerne leurs ventes à l’international en 2020, selon le bilan export publié en décembre 2021 par la Team France Export. En 2021, le baromètre Kantar – Business France a, de son côté, révélé que 80 % des entreprises françaises exportatrices ont été affectées par la crise sanitaire et que plus d’une sur deux avait dû interrompre ou reporter ses projets d’exportation. Dans ce contexte les PME-ETI ont plutôt mieux résisté : si les exportations françaises se sont rétractées de 16 % en valeur en 2020, celles des ETI-PME n’ont baissé que de 8,6 %. Et si le déficit de la balance commerciale française a finalement affiché un record en 2021 avec 84,7 milliards d’euros, plombé par les importations d’énergie et d’hydrocarbures, la situation semble néanmoins en passe de s’améliorer. Après une année 2020 chaotique, les exportations françaises ont ainsi progressé de 7 % au premier semestre 2021, par rapport au second semestre 2020 et de 18 % par rapport au premier semestre 2020. La Team France Export a dénombré 136 000 entreprises exportatrices en 2021, contre 123 000 en 2017. "Nous avons inversé la courbe, même si nous restons décrochés des Allemands et des Italiens", estime Pedro Novo, directeur exécutif de Bpifrance en charge de l’Export. Le volume du chiffre d’affaires réalisé à l’international, qui s’élève à plus de 500 milliards d’euros, a retrouvé son niveau historique de 2019. "Nous avons su faire naître une nouvelle génération d’entrepreneurs dans les PME, qui n’ont plus peur de s’attaquer aux marchés internationaux, et qui sont beaucoup plus habiles dans leur façon de se développer. Nos entreprises sont très à l’aise à l’idée de s’établir localement pour créer et partager de la valeur, maintenir et attirer les meilleurs talents", constate Pedro Novo.

Selon le bilan de la Team France Export, 70 % des dirigeants d’entreprises envisagent désormais une hausse de leur chiffre d’affaires à l’international dans les trois prochaines années. "L’export est une activité qui représente la première source de croissance que les entreprises identifient pour sortir de la crise, devant l’innovation et le développement sur le marché domestique", note l’étude.

Plus de digitalisation

La stratégie de développement à l’international des PME et des ETI est en outre impactée par les nouvelles technologies. "Ces deux dernières années ont permis une accélération de la digitalisation des entreprises, un meilleur usage des marketplaces, des sites e-vitrine et une participation à des salons digitaux", rapporte Pedro Novo. Des arbitrages plus stratégiques ont également été opérés. Les entreprises ont saisi des opportunités sur des pays frontaliers plutôt que sur des marchés lointains. L’Europe représente ainsi aujourd’hui 52 % de leurs ventes à l’international. Plus spécifiquement, leurs principaux clients sont l’Allemagne (13 % des exportations), la Belgique (8 %), les États-Unis, l’Italie et l’Espagne (7 %). "Après une phase d’analyse stratégique, les entreprises ont consolidé leurs marchés cibles et notamment les marchés européens qui ont retrouvé tout leur intérêt grâce à leur proximité, leur facilité d’accès et leur potentiel de retour sur investissement à court et moyen termes", confie Patrick Ferron, Partenaire Associé d’Altios International, société spécialisée dans le développement international des entreprises. Un constat partagé par Pedro Novo. "L’Europe reste plus que jamais leur zone d’implantation privilégiée dans cette période de reprise. L’Asie est encore fermée, la Chine n’ouvrira ses portes que l’année prochaine dans le meilleur des cas. Les États-Unis ont leur plan de relance mais restent assez autocentrés et difficiles d’accès", commente Pedro Novo.

Un besoin d’accompagnement

Si elles veulent accélérer leur croissance en allant chercher de nouveaux contrats en dehors du continent européen, les PME-ETI doivent se préparer culturellement. "Le sujet principal repose sur la formation des collaborateurs et un besoin élevé d’accompagnement ", estime Pedro Novo.

Quand on les interroge sur les conditions nécessaires à leur développement à̀ l’international, la majorité des PME et ETI exportatrices mettent ainsi en avant trois impératifs : avoir une bonne connaissance des marchés de destination, disposer de ressources humaines compétentes et des informations sur la réglementation locale.

Les principaux obstacles pour exporter sont, pour 66 % des entreprises exportatrices, les contraintes administratives et réglementaires du marché convoité, la concurrence des autres pays (52 %) et les incertitudes sur le marché (39 %). "Pour réussir le développement à l’international des petites et moyennes entreprises, il va aussi falloir héroïser les ETI qui gagnent des combats à l’export et leur offrir une vitrine pour donner des idées à d’autres et permettre aux PME de suivre leur exemple, estime Pedro Novo. Nous ne sommes pas plus mauvais que les Allemands. Il y a une façon d’exporter à la française qui doit être mise en avant et mieux partagée".

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