Depuis 2016, le groupe coopératif Les Maîtres Laitiers du Cotentin (5 500 salariés, 2,4 milliards d’euros de CA) s’est engagé dans une démarche RSE volontariste baptisée "Coopérons pour demain". Le projet Héraklès à Sottevast, lieu du siège social de l’entreprise agroalimentaire, en est une des actions phares. En 12 étapes, il vise à réduire l’impact environnemental de ce site de transformation du lait basé dans la Manche, fortement consommateur d’énergie et d’eau. Les premiers effets ont pu être observés dès fin 2023, notamment grâce à la récupération de l’énergie fatale (non utilisée). Ce dispositif technique réduit la consommation de gaz naturel. "Nous utilisons beaucoup d’énergie fossile, notamment du gaz naturel, pour produire de la vapeur. Rien que sur le site de Sottevast, nous consommons 32 % de l’énergie totale du groupe, ce qui représente 25 % du poids des gaz à effet de serre liés aux énergies", avait expliqué Jean Tavernier, responsable RSE du groupe lors de la présentation du projet en 2021. Les premiers résultats montrent que le ratio "émissions de gaz à effet de serre / tonnage de produits finis" entre 2019 et 2023 est en baisse de 4,6 %. Ces économies d’énergie ont permis à l’entreprise d’obtenir la deuxième place au concours Energ’IAA 2024 (prix de la décarbonation en agroalimentaire).
Diminuer la consommation d’eau de 25 % à Sottevast
Si les rejets d’eau et de matières ont été optimisés, le groupe se projette déjà avec un nouveau projet de réduction de sa consommation d’eau, HER’Eau. En effet, de 2024 à 2026, les Maîtres Laitiers du Cotentin vont encore étendre leurs actions concernant la gestion de l’eau. Objectif de la direction de l’entreprise : "Nous souhaitons diminuer la consommation d’eau de 25 %, tout en restant à production constante et permettre au site de Sottevast de répondre au développement de la coopérative. C’est une façon de s’intégrer au contexte environnemental de plus en plus sensible avec le changement climatique". Les premiers axes de travail sont engagés : réutilisation pour les chaudières de l’eau issue de la concentration du lait écrémé, recyclage des eaux de refroidissement des garnitures de pompes, optimisation des lavages sur les stations de nettoyage en place, ou encore réutilisation de l’eau épurée pour les besoins de la station d’épuration.
Moderniser la station d’épuration
Par ailleurs, le groupe normand a entamé la modernisation de sa station d’épuration : un nouveau process de traitement permet l’extraction des boues "physico-chimiques", qui sont envoyées en méthanisation. Les boues biologiques restent valorisées en apport agronomique dans des champs proches de la laiterie. "L’épandage d’eau chargée de matières laitières est remplacé par de l’irrigation d’eau épurée. Cette irrigation ne présente donc plus de mauvaises odeurs. Dans les prairies, elle permet une remise en pâture des vaches plus rapide", explique le responsable. Enfin, l’irrigation en eau épurée permet de mieux s’adapter aux contraintes de débit saisonnier de la Douve, les rejets d’eau épurée devant être réduits l’été.
"La mise en service du nouveau process, prévue en septembre 2022, s’est néanmoins révélée plus longue que prévu. Des équipements complémentaires et leurs réglages ont mobilisé les équipes des Maîtres Laitiers et des fournisseurs jusqu’à fin 2023. Les derniers travaux sont planifiés sur 2024", annonce la direction.
Avec ce projet Héraklès et les autres travaux réalisés en parallèle, les Maîtres Laitiers du Cotentin ont investi 27 millions d’euros, avec le concours de l’État et de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie. Le groupe normand se projette d’ores et déjà à plus long terme sur les énergies et le changement climatique. Les équipes industrielles travaillent à une nouvelle trajectoire de décarbonation sur la période 2025-2035.
