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Les entreprises du recyclage appellent à une pause réglementaire
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Les entreprises du recyclage appellent à une pause réglementaire

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Federec, la fédération des acteurs français du recyclage, a profité du salon Pollutec à Lyon, pour présenter ses chiffres 2022. La filière renoue avec une activité d’avant-Covid. Mais reste sur ses gardes face au repli de la collecte et l’inflation réglementaire.

Les 1 200 entreprises du secteur du recyclage emploient 34 000 salariés en France — Photo : Citeo

"2022 succède à une année 2021 exceptionnelle. Même si nous constatons un léger fléchissement, nous revenons à un niveau normal d’activité", a ouvert François Excoffier, président de Federec, la fédération des entreprises du secteur, lors de la présentation de l’activité 2022 du recyclage en France.

Au total, le secteur représentant 34 400 salariés employés dans 1 200 entreprises, pèse 11,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en progression de 7,7 % par rapport à 2021. Près de 6 % du chiffre d’affaires, soit 656 millions d’euros est aujourd’hui consacré à l’investissement, un chiffre en hausse de 20 %, notamment pour moderniser les outils de collecte et de tri.

Mais, malgré la progression de l’activité, les tonnages collectés ont baissé de 4,5 % par rapport à l’année précédente, pour un total de 33,2 millions de tonnes de déchets collectés pour recyclage (hors déchets inertes et organiques). In fine, la matière, triée puis préparée, a permis la production et la vente de 31,2 millions de tonnes de matières premières issues du recyclage. "Les entreprises ont globalement maintenu leurs chiffres d’affaires en répercutant certaines charges supplémentaires survenues en 2022 mais leurs résultats nets ont chuté car elles ont dû absorber la hausse des coûts (énergie, transport, etc.)", décrypte Manuel Burnand, DG de Federec.

Pas d’homogénéité dans les branches

Du côté des différents secteurs, le recyclage des métaux non ferreux tient toujours la corde avec 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un chiffre stable malgré une baisse de 15 % des volumes collectés en 2022 (1,74 million de tonnes).

La filière métaux ferreux affiche, elle, une baisse de 10 % de son activité de collecte et de vente. Le tonnage annuel collecté n’atteint que 11 600 000 tonnes pour un chiffre d’affaires de 2,26 milliards d’euros, en chute de 16,3 % par rapport à 2021.

Le traitement des déchets papiers-cartons connaît, lui aussi, une année 2022 en baisse avec une collecte s’établissant à 6,6 millions de tonnes, en repli de 4,4 % par rapport à 2021. L’activité, qui repasse sous la barre du milliard de chiffre d’affaires (962 M€ à -8,5 %), est toujours tirée par le carton qui représente près de 80 % des volumes traités.

En revanche, d’autres filières tirent mieux leurs épingles du jeu : le bois présente une hausse de 10 % de valorisation, le verre améliore sa collecte 3 % et le textile de 6,5 %.

Inquiétudes pour 2023-2024

"Nous sommes inquiets pour 2023", prévient François Excoffier. En cause, la remise sur le métier de nombreuses "responsabilités élargie du producteur" (REP), ces dispositifs qui instaurent la responsabilité du producteur : celui qui fabrique, qui distribue un produit doit prendre en charge sa fin de vie. "Certaines fonctionnent bien […] comme celle du textile, mais nous sommes embourbés dans d’autres, notamment la REP Bâtiment. Le passage de la théorie à la pratique demande du temps et de la formation. Elle est catastrophique et ne satisfait ni l’amont, ni l’aval, ni les éco-organismes", tance le président de Federec.

" Nous demandons donc une pause réglementaire pour évaluer la vingtaine de REP existantes", plaide-t-il. En ligne de mire, les futures réglementations concernant les véhicules hors d’usage ou encore les REP sur les emballages ménagers, ceux industriels et commerciaux et des cafés hôtels et restaurants. Aussi, il alerte sur la baisse des débouchés des matières recyclées, en particulier pour les métaux et les plastiques. Souvent moins compétitives que les matériaux vierges, elles peinent à séduire sans obligations.

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