Le postulat de base est simple : En France, environ 70 % de forêts de feuillus ne seraient pas entretenues. Or, une forêt non entretenue capte environ 40 % de dioxyde de carbone, le fameux CO2, de moins qu’une forêt à laquelle on apporte un soin particulier en débroussaillant et en permettant aux arbres de se développer. "Il faut certes replanter des forêts, insiste Mickaël Esnault, dirigeant de l’entreprise angevine Nos Grandes Forêts, mais avant tout les entretenir, et c’est notre leitmotiv."
Groupements forestiers
Pour cela, le président du groupe angevin Inwest, société d’investissement qui se déploie dans le digital, le monde de la franchise et l’immobilier d’entreprises, avec des participations dans de nombreuses sociétés employant au total quelque 250 collaborateurs, a lancé le concept de Nos Grandes Forêts. Lancée fin 2022, l’entreprise fait l’acquisition de forêts en France, uniquement de feuillus et elle propose à des entreprises de les parrainer. À ce jour, elle est propriétaire de 7 forêts en Maine-et-Loire, Dordogne, Seine-et-Marne, dans le Morbihan et dans la Vienne, soit au total 105 hectares. Elle veut maintenant aller plus loin en créant des groupements forestiers dans lesquels il sera possible d’investir. "Pour l’instant, c’est nous qui investissons, explique Mickaël Esnault. Pour nous agrandir, nous allons aussi accepter des investisseurs à impact, entreprises ou particuliers, qui seront à nos côtés dans des groupements forestiers. Chaque groupement correspondra environ à 50 hectares de forêt."
Avec le soutien de 25 entreprises
L’objectif de Nos Grandes Forêts est de passer d’une centaine à un millier d’hectares à terme, voire plus. Actuellement, les 107 hectares de forêts acquis sont parrainés par 25 entreprises. "Nous sommes vigilants dans le choix de ces parrains et nous nous assurons de leur engagement environnemental, poursuit Mickaël Esnault. Les entreprises sont toujours implantées à moins de 100 kilomètres de la forêt qu’elles parrainent. Ce parrainage leur permet de réduire leur empreinte carbone, d’être informé sur la biodiversité, sur ce qui se passe dans la forêt. Nous organisons aussi des événements de team building en forêt, des rencontres ou des fresques du climat."
"C’est la forêt qui commande !"
Et surtout, Nos Grandes Forêts assurent la gestion des forêts acquises, avec des experts et gestionnaires agréés. "Il est indispensable de nous entourer de gens qui connaissent et savent gérer les forêts", complète Mickaël Esnault. Certaines parties sont entretenues, d’autres encore, environ 15 à 20 %, sont laissées en l’état, d’autres parcelles sont coupées pour être reboisées. " C’est la forêt qui commande !, explique le dirigeant. La coupe de bois à maturité permet de financer l’entretien. Ensuite, nous replantons des arbres qui vivront jusqu’à 70, 80 ou 100 ans. Nous n’attendons pas de retour sur investissement et je ne le fais pas pour moi puisque je ne le verrai pas." Le dirigeant angevin, qui a aussi participé il y a plusieurs décennies à des missions humanitaires au Vietnam, vit l’aventure de Nos Grandes Forêts comme une forme de devoir : " Avec le groupe Inwest, nous avons une solidité, entre autres avec l’immobilier d’affaires, qui a permis de lancer Nos Grandes Forêts et d’y investir. Il est également bien structuré et cela me permet d’y consacrer du temps. Nous ne voulions pas nous lancer dans un modèle associatif car il ne permet pas de lever de dette."
Vers un fonds de dotation pour le mécénat
Pour Ma Grande Forêt, le passage de 105 à 1 000 hectares prendra quelques années, mais l’entreprise travaille sur du temps long. Même si avec l’ouverture aux investisseurs, elle veut se donner les moyens de grandir et d’acquérir plus d’hectares, qui seront autant d’espaces forestiers entretenus captant plus de CO2. L’objectif à terme est de pouvoir acquérir des forêts pour les entretenir en île de France et dans le Grand Ouest, soit environ dans une quarantaine de départements. Et au-delà de donner accès aux investisseurs, l’objectif est aussi de mettre en place un fonds de dotation uniquement dédié au mécénat. "L’argent sera fléché vers des associations locales liées au monde de la forêt, précise Mickaël Esnault, pour leur permettre de mener des actions, quitte à le faire d’ailleurs directement dans nos forêts." Et à plus long terme, Nos Grandes Forêts, déjà entreprise à mission, nourrit le projet de devenir une fondation. À l’image des feuillus qu’elle entretient, elle veut pour cela prendre son temps et se fixe l’horizon 2050 pour y parvenir.
