Un complexe immobilier d’envergure (nommé Horizon) comprenant 280 logements haut de gamme répartis dans trois bâtiments sur le port de Saint-Hélier, au sud de l’île. Voilà ce qui caractérisera, dans les prochains mois, la patte Legendre dans l’île anglo-normande de Jersey, dépendance du Royaume-Uni située à 30 milles marins de Saint-Malo. La première tour sera livrée fin novembre, et tout le programme à l’été 2023.
Le groupe familial rennais (2 300 collaborateurs, 850 millions d’euros de CA en 2021), spécialisé dans la construction, l’immobilier et l’énergie, a posé pied à terre à Jersey en 2017, "de manière indirecte" à la suite de l’ouverture de sa filiale britannique à Londres, en 2015. "Jersey est une opportunité qui s’est présentée dans le développement de Legendre à l’international", expose Olivier Roualec, directeur général du groupe Legendre.
Si des entreprises bretonnes comme le groupe bretillien CNR Construction ont déjà opéré dans la plus grande des îles anglo-normandes comme sous-traitants, Legendre, lui, vient démontrer tout son savoir-faire en intervenant comme co-investisseur, co-promoteur et constructeur sur le programme Horizon, d’un montant de plus de 100 millions d’euros. "Nous ne faisons pas spécialement plaisir aux entreprises locales", souligne Luc Richard, nouveau directeur de l’agence Legendre de Jersey, après avoir passé 17 ans sur l’île au sein du groupe de construction britannique Garennes. Le dirigeant est à la tête d’une équipe d’une trentaine de personnes. Il vient apporter son expertise au groupe breton pour saisir les opportunités à venir dans ce petit territoire de 100 000 habitants au PIB équivalent à celui de la région rennaise. "La taille des projets a considérablement augmenté. Les opérations à 40 millions d’euros contre 5 millions il y a une dizaine d’années sont devenues courantes", analyse Luc Richard. Le bailleur social local prévoit de lancer plus de 300 logements à bas prix par an sur les dix prochaines années. Legendre espère bien capter une partie de ces projets, sans dévoiler d’objectifs chiffrés.
"Nous sommes sujets aux intempéries"
Travailler à Jersey n’est cependant pas de tout repos pour l’entreprise bretonne qui importe la quasi-totalité de ses matériaux par ferry (l’équivalent de plusieurs semi-remorques), via la compagnie Condor Ferries, une fois par semaine. "Nous sommes sujets aux intempéries. Il faut toujours avoir sur le chantier du stock pour ne pas se retrouver à flux tendu", relève Luc Richard. À cela s’ajoutent des règles contractuelles, financières et assurantielles singulières. Depuis le Brexit, les salariés sont aussi plus difficiles à trouver car la livre est soumise à de fortes fluctuations de change. "Il faut être armé pour aller sur Jersey ou avoir une certaine dose d’inconscience, résume Olivier Roualec. Mais c’est une aventure passionnante, qui va faire grandir le groupe."
