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Le studio La Planète rouge voit plus grand avec son plateau virtuel
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Le studio La Planète rouge voit plus grand avec son plateau virtuel

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L'entreprise marseillaise La Planète rouge a intégré depuis trois ans les locaux de Provence Studio, à Martigues, après une prise de participation de Delta Entreprises de 50%. La société vient de se doter d'un plateau virtuel lui permettant de proposer une offre nouvelle et innovante et de se tourner vers des tournages internationaux.

Lionel Payet, fondateur et dirigeant du studio de production audiovisuelle marseillais La Planète rouge, devant le plateau virtuel — Photo : DR

Le studio La Planète rouge a vu le jour à Marseille en 2008, créé par Lionel Payet. À l’origine, l’entreprise se positionnait comme spécialiste de la postproduction et des effets visuels. Depuis, elle n’a cessé de développer des compétences, intégrant depuis 2014 le tournage de clips et de publicités. Elle se positionne aujourd’hui comme un studio de création audiovisuelle, allant de l’idée jusqu’au film final.

Intégrée depuis trois ans au groupe Delta Entreprises (aux côtés de Provence Studio et Otherside), elle a rejoint les studios de Martigues et vient d’intégrer la technologie du plateau virtuel, qu’elle propose désormais aux productions.

Une technologie qui révolutionne la mise en œuvre d’effets virtuels sur un tournage. Elle consiste ainsi en un mur de Leds qui affiche le décor en 3D en arrière-plan des acteurs. Pour que les perspectives soient respectées, les mouvements de caméra sont "trackés" à l’aide de capteurs placés au plafond du studio, afin que l’image affichée sur l’écran Led en arrière-plan s'adapte. Remplaçant notamment le fond vert, le plateau virtuel a pour effet de réduire considérablement le travail en postproduction.

Un plateau de 300 m²

À Martigues, sur une surface de 1 000 m², La Planète rouge dispose d’un espace de 300 m², ce qui en fait l’un des plus grands plateaux de tournage de ce type au monde. "Les acteurs sont beaucoup plus à l’aise que devant un fond vert, puisqu’ils disposent d’un véritable décor projeté pour se situer", confie Lionel Payet, qui poursuit : "Cette technologie permet de réduire les coûts de tournage de façon spectaculaire. Plus besoin de construire d’immenses décors, plus besoin de se déplacer. Il est possible de tout reconstituer en studio : des décors de rue de New York ou d’Istanbul, des sites où il n’est pas possible de tourner, comme des musées, ou de recréer des univers imaginaires".

La série de Disney dérivée de l’univers de Star Wars "The Mandalorian" a ainsi adopté cette nouvelle façon d’incruster les acteurs dans un décor virtuel. "80 % des plans de la saison 2 de la série ont été tournés selon ce procédé, qui permet de tourner plus vite et mois cher. Les huit épisodes de chaque saison représentent un budget de 300 millions de dollars, soit bien moins qu’un seul film de Star Wars."

2,5 millions d'euros d'investissement

La Planète rouge a commencé à s'intéresser au plateau virtuel en 2019. La série The Mandalorian ayant confirmé son intuition, l’entreprise décide de miser sur cette technologie. "Nous étions en 2020 et la pandémie de Covid qui frappait nous a permis de contacter assez facilement beaucoup de personnes que nous n’aurions sans doute pas pu rencontrer en temps normal. Nous avons sourcé la technologie et nous sommes en quelque sorte devenus notre propre fabricant de panneaux Leds, réduisant notre coût de développement de façon très importante. Nous disposons désormais d’un outil avec un potentiel de croissance très fort pour un investissement qui a représenté 2,5 millions d’euros", détaille Lionel Payet. L’entreprise est également dotée d’un set de lumières et d’une grue télescopique afin de pouvoir apporter une solution clé en main aux productions.

Avec le plateau numérique, l’entreprise change de positionnement. "Avant, nous arrivions en postproduction, donc en bout de chaîne, au moment où les budgets deviennent serrés. Là, nous passons en amont, quand les budgets sont intacts et nous discutons en partenariat avec les équipes techniques, avec le réalisateur. C’est un véritable changement de philosophie", s'enthousiasme le dirigeant du studio.

Des tournages internationaux

L’entreprise a également recruté il y a quatre mois Denis Scolan, désormais responsable du développement Effets visuels et production virtuelle. "Issu du studio ILM, il a notamment travaillé pour The Mandalorian, Star Wars, des films Marvel etc. Il nous aide à structurer notre studio."

Un premier tournage de trois scènes pour Arte a été réalisé en juillet 2021. "Nous avons recréé l’illusion d’une cabine de grue à 100 mètres de hauteur au-dessus des toits de Beyrouth. C’est important pour nous de sortir du film de genre ou de la science-fiction avec ce film d’auteur, car notre technologie peut être utile pour tout type de tournage. En France, les productions sont souvent restées à des méthodes classiques, aujourd’hui remises en cause par l’arrivée et le développement des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime. Il y a désormais un grand nombre de films et de séries qui sont tournés avec de la technologie et cela change la donne", commente Lionel Payet.

La Planète rouge vise ainsi des tournages internationaux. L’entreprise réalise un chiffre d’affaires d’un million d’euros. "Notre nouveau modèle économique nous amène davantage aux trois millions d’euros de chiffre d'affaires et, d’ici cinq ans, nous pourrions atteindre les 4,5 millions d’euros", conclut le dirigeant.

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