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Le nantais Arzel Management investit deux millions d’euros dans un nouvel hôtel éco-responsable
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Le nantais Arzel Management investit deux millions d’euros dans un nouvel hôtel éco-responsable

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Le groupe nantais Arzel Management, propriétaire et gestionnaire d’hôtels, investit deux millions d’euros dans ce qui était l’ancien hôtel Kyriad à Nantes. Son dirigeant et fondateur, Pierre-Yves Le Gal, défend son positionnement éco-responsable en pariant sur la sobriété tous azimuts.

Pierre-Yves Le Gal, directeur général et fondateur du groupe nantais Arzel Management, propriétaire et exploitant de 2 hôtels et gestionnaire d’un troisième — Photo : David Pouilloux

Qu’est-ce qui fait la différence entre un hôtel et un autre ? Pour Pierre-Yves Le Gal, dirigeant du groupe nantais Arzel Management, une bonne partie de la réponse semble évidente. "Entre les chaînes d’hôtels des grands groupes et les hôtels traditionnels, il y a une place pour une hôtellerie différente, quelque chose que l’on n’a pas vu cent fois, avec une vraie singularité, des aspérités, souligne le directeur général d’un groupe qui compte une cinquantaine de salariés. J’ai un parti pris fort : une chambre d’hôtel ne doit pas ressembler à celle de la maison. Les clients ne restent souvent qu’une nuit, alors autant jouer la surprise. Je n’aime pas ce qui est lisse." Après un court échange, il ajoute : "mes hôtels ont un côté funky."

2 millions d’euros d’investissement

Alors que les travaux sont en cours dans le nouvel hôtel nantais du groupe, qui se prénomme Demain, on devine les couleurs chatoyantes et acidulées du lieu, proposées par la directrice artistique Fortiche. L’achat de l’hôtel au groupe Kyriad et la rénovation ont nécessité 2 millions d’euros d’investissement. "Nous sommes plongés dans l’univers du Grand Budapest Hôtel, d’Amélie Poulain ou des Parapluies de Cherbourg, cite Pierre-Yves Le Gal. Ce qui fait également notre originalité, c’est notre engagement dans la sobriété."

La sobriété est l’ingrédient de la différence dans la recette du dirigeant, et ça commence au buffet. "Comme dans notre autre établissement, le Lieu-Dit, à Nantes également, nous proposerons un petit-déjeuner 100 % local, avec des produits cultivés dans un rayon de moins de 100 km, explique le Pierre-Yves Le Gal. Il n’y aura pas de jus d’orange, mais du jus de pommes des Côteaux nantais, de la tomme du lac de Grand-lieu et du granola fabriqué à Nantes." Le café ? "Excellent, et torréfié à Nantes." Cette démarche se poursuit sur la literie et les meubles : "Nos matelas Tediber sont reconditionnés. Nos luminaires Rotor DC sont conçus à partir de la réutilisation de matériaux de construction. Nous travaillons avec le collectif nantais Moins Pire, pour notre mobilier, qui est soit du réemploi, soit en matériaux recyclés." Au rez-de-chaussée, le collectif Moins Pire aura d’ailleurs un showroom pour exposer son mobilier, à base de coquillages ou de volants de badminton recyclés.

Low tech et pas de clim

Chambre au sein de l’hôtel Demain, à Nantes — Photo : Cédric Colin

Cela coule de source : la question de l’eau n’est pas évacuée. "Pour économiser de l’eau, nous invitons nos clients à faire pipi sous la douche, car lorsque l’on tire la chasse, c’est 15 litres d’eau qui partent. Et nous avons 51 chambres…" Pierre-Yves Le Gal défend également le côté low tech de son établissement où "la technologie ne doit pas prendre trop de place dans la chambre." Il revendique aussi l’absence de climatisation. "Il fait très chaud à Nantes 10 à 15 jours par an." Par ailleurs, le dirigeant défend un positionnement "Petits Prix" pour les chambres, et seulement deux étoiles sur le fronton du Demain. "Mais nous avons des matelas de palace", précise-t-il.

Cet engagement RSE qui ne dit pas son nom s’inscrit dans une vision de l’hôtellerie qu’il veut à l’avant-garde. "Les hôtels doivent être des démonstrateurs de modernité, estime Pierre-Yves Le Gal. Il y a 150 ans, quand vous alliez dans un hôtel, c’est là, précisément, que vous découvriez le premier ascenseur, puis la première salle de bains privative, puis le premier repas à l’assiette. Ensuite, ce sera les premières télécopies, puis le wifi." Dorénavant, c’est l’éco-responsabilité qui signe cet élan dans la modernité où la finitude des ressources naturelles est une évidence.

S’inscrire dans la vie de quartier

Pierre-Yves Le Gal, fondateur et dirigeant d’Arzel Management, et des hôtels Demain et le Lieu-Dit — Photo : Cédric Colin

Diplômé de l’école Vatel de Paris, puis de celle de Los Angeles, à la tête d’un groupe qui vise les 3,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024, le trentenaire a roulé sa bosse à travers le monde, en particulier dans la restauration. "Lorsque l’on a ouvert le Lieu-Dit, la partie restaurant était très importante, je tenais à ce que l’on y mange bien et à ce que les habitants, les locaux, aient envie d’y venir, précise Pierre-Yves Le Gal. Nous avons investi 1,5 million d’euros dans cet autre établissement, et je tenais à cette porosité entre l’hôtel et la vie de quartier. Nous y avons installé une cave, un bar, une épicerie et une salle, La Halle, pour des réunions, un anniversaire, un concert, une expo ou un cours de yoga."

Le concept d’hôtel ouvert sur la ville se retrouve également au Demain, qui proposera un service de conciergerie. "Les clients Airbnb du quartier Graslin peuvent avoir besoin de prendre des clés ou de déposer des valises, ou même de prendre le petit-déjeuner chez nous, imagine le dirigeant. Pour moi, ce sont les mêmes clients qui peuvent passer juste une nuit chez nous."

Fin 2025, le groupe Arzel Management devrait rouvrir un troisième hôtel, l’Astoria, près de la gare de Nantes. Il a en charge sa transformation complète, le changement de concept, et il en aura la gestion pour le compte d’un investisseur. "Dans l’esprit, ce sera plus l’hôtel du Jardin des Plantes que celui de la gare, sourit le dirigeant qui exploitera ce troisième établissement. On commence les travaux quand ceux du Demain seront terminés. C’est-à-dire fin mai." Autrement dit demain.

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