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Le groupe Veolia traque les PFAS pour le Syndicat des eaux de la région messine
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Le groupe Veolia traque les PFAS pour le Syndicat des eaux de la région messine

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Surnommés "polluants éternels", les PFAS font l’objet d’une campagne de mesures dans l’eau livrée par le groupe Veolia pour le compte du Syndicat des eaux de la région messine. Si les premières mesures sont conformes, le géant français travaille sur deux pistes pour capter ces nouveaux polluants : le charbon actif et la filtration membranaire.

L’usine de production d’eau potable de Montigny-lès-Metz, exploitée par Veolia, traite l’eau captée depuis le Rupt-de-Mad — Photo : Jean-François Michel

Pour Laurent Kosmalski, le directeur de la région Est de Veolia Eau France, la logique de la campagne de mesures menées sur les PFAS consiste d’abord à "comprendre ce qui se passe". Délégataire du Syndicat des eaux de la région messine (SERM), le groupe Veolia (CA : 45,3 Md€ ; 218 000 salariés) mène depuis mai 2023 une campagne de mesure visant à caractériser la présence d’une famille de composés chimiques surnommés "polluants éternels", les PFAS, dans l’eau distribuée aux 43 000 abonnés du SERM, soit 200 000 habitants de Metz et de 38 communes environnantes.

Mis à l’arrêt d’une ressource

"À ce jour, aucune analyse n’a dépassé le seuil des 100 nanogrammes par litre", livre Rachel Burgy, la présidente du SERM. "Les concentrations mesurées vont de 15 à 60 nanogrammes." Concrètement, ces quantités correspondent à la dilution "d’un morceau de sucre dans 40 piscines olympiques", illustre Laurent Kosmalski.

En décembre 2023, les résultats des mesures réalisées dans la source Saint-Eloi, à proximité de Metz, étaient moins rassurants : "Sur quatre mesures, deux étaient conformes, deux ne l’étaient pas", précise Rachel Burgy. "Nous avons donc décidé de mettre à l’arrêt cette ressource", complète le directeur de la région Est de Veolia Eau France. Le groupe peut en effet distribuer les 19 millions de mètres cubes d’eau annuels nécessaires à l’alimentation de Metz et de sa région sans pomper dans cette source, qui ne livre habituellement que quelques milliers d’habitants.

Des polluants présents partout

Utilisés par l’industrie pour leurs propriétés imperméabilisante, antiadhésives ou encore de résistance à la chaleur, les PFAS sont une famille de plus de 12 000 composés chimiques, formés d’un squelette de carbone et d’atomes de fluor. D’où leurs noms de perfluoroalkylés ou polyfluoroalkylés. Surnommés "polluant éternels" car très peu dégradables dans l’environnement, les PFAS semblent être absolument partout, d’après les éléments rassemblés par les ONG et les États qui se sont penchés sur le sujet : les sols, les aliments et l’eau.

En France, une directive européenne de 2020 a été transposée dans le droit pour fixer à une quantité maximale de 100 nanogrammes par litre, la somme de 20 PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine. Et la recherche systématique de ces polluants rentrera dans "le cadre réglementaire à partir du 1er janvier 2026", rappelle Laurent Kosmalski, qui se veut rassurant : "A l’échelle du groupe, plus de 99 % des tests menés sont conformes".

Principal site de distribution d’eau du SERM, l’usine de production d’eau potable de Moulins-lès-Metz a bénéficié en 2022 d’un investissement de 10 millions d’euros pour mettre en service un nouveau procédé, baptisé Actiflocarb par les équipes de Veolia. L’idée est de mettre en suspension dans l’eau du charbon actif, permettant de fixer les polluants avant décantation. "C’est un procédé innovant qui a nécessité deux ans de travaux", précise Laurent Kosmalski.

À la recherche du bon équilibre technico-économique

À l’origine, ce procédé a été mis en œuvre pour capter les composés organiques présents dans l’eau. "Mais il est possible que ce système se révèle efficace pour les PFAS", estime le directeur. Autre piste, la filtration membranaire. Une solution qui n’a pas les faveurs de Rachel Burgy, car très consommatrice d’énergie. "La question qui se pose, c’est le bon équilibre technico-économique", estime le directeur de la région Est de Veolia Eau France. Comme pour "les nitrates dans les années 90 ou les perchlorates dans les années 2010, nous pouvons proposer des solutions en matière de dépollution pour accompagner les collectivités", insiste Laurent Kosmalski, tout en rappelant que plus une eau fait l’objet d’une dépollution avancée, plus elle sera livrée à un tarif élevé au consommateur.

Souhaitant aujourd’hui rechercher l’origine de la pollution pour la "traiter à la source", la présidente du SERM en appelle aux services de l’État : "Il ne s’agit pas de pointer des responsables, mais de lancer un dialogue avec toutes les parties prenantes de la qualité de l’eau".

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