Il est des dates qui marquent un groupe. Dans la première semaine de juillet, le 500e collaborateur du Groupe Valeor a commencé son travail, au magasin Aäsgard de La Rochelle. Un cap important pour l’entreprise basée à Ploumagoar, qui exploite des magasins de poêles de chauffage et de cuisines.
Un peu plus tôt, une autre date a également posé un jalon dans l’histoire du groupe né en 2006. Le 16 juin, Arnaud Monnier et Olivier Chaudet, les deux actionnaires fondateurs de l’entité avec Christophe Lepeuch (décédé en 2012), ont exposé devant le comex de Valeor leur vision stratégique pour 2025. Avec un objectif d’un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros, contre 65 millions en 2020 et un objectif de 80 millions en 2021 (+ dix points à périmètre constant) ; une rentabilité portée à douze points, contre dix actuellement ; et la barre des 1 000 salariés atteinte.
75 boutiques Aäsgard en 2025
Ces objectifs passent bien sûr par des ouvertures de boutiques. Mi-juin, le 30e magasin Aäsgard, marque dont le groupe est le dépositaire, ouvrait ses portes dans le département du Nord. Les ouvertures se succéderont au rythme d’une dizaine par an pour cette enseigne, avec une cible de 50 unités en 2023 et de 75 en 2025. Les boutiques dédiées à la cuisine (sous les marques Cuisinella et Schmidt, qui appartiennent au groupe alsacien Schmidt groupe) passeront de treize concessions actuellement, à 20 en 2025.
Une troisième enseigne portera également la croissance : Iceberg. Cette autre enseigne de vente de poêles se situe sur un segment un peu plus jeune et à des prix un peu plus bas qu’Aäsgard (environ 1 500 euros d’écart). Le premier emplacement, situé à Saint-Brieuc, s’est révélé prometteur avec un chiffre d’affaires annuel de 1,8 million d’euros. "Il performe parfaitement bien", souligne Arnaud Monnier. D’ici la fin de l’année, trois nouveaux magasins ouvriront à Lorient, Quimper et Saint-Malo. Ils devraient être au nombre de douze en 2025. Enfin, une nouvelle marque, Porcelanosa, est entrée dans le giron du groupe en février 2021, à Quimper. Deux autres implantations suivront en 2022 à Saint-Brieuc et Saint-Malo. Le spécialiste de la céramique, de la salle de bains et de la cuisine, dont le concept est espagnol, s’inscrit parfaitement dans l’offre de Valeor.
Nouveaux concepts
Groupe Valeor travaille également à de nouveaux concepts. Cette diversification pourrait prendre la forme d’une enseigne consacrée au mieux vieillir, autour de la cosmétique. "Nos amis scandinaves sont réputés pour le mieux vivre chez soi mais ils le sont également pour le mieux vivre en soi. Nous y travaillons depuis un an et, d’ici deux ans, nous pourrions proposer quelque chose de bien", confie le Guingampais. Soit une nouvelle enseigne sous la forme de points de vente physiques et numériques.
Mais le développement du groupe dont le siège se trouve à Ploumagoar ne passera pas seulement par des ouvertures. En septembre, le groupe lancera sa filiale Aäsgard énergie. "Nous allons fabriquer et distribuer nos propres granulés de bois, ainsi qu’une offre de bûches, d’allume-feu, de nettoie vitres…" Du bois qui proviendra de la forêt acquise par la société en 2020 et d’autres en France. Sa transformation se fera dans une usine encore en construction cet été, située à Rostrenen. Un investissement d’un million d’euros qui générera six emplois directs. La partie granulés sera fabriquée par une coopérative agricole installée près de Rennes.
"No digital, no future"
L’objectif d’amélioration de la marge passera également par une relation clients et la qualité des services. "No digital, no future", rappelle le chef d’entreprise, dont la filiale, Valeor digital, a développé une application pour faciliter la communication entre les collaborateurs et les clients. L’action digitale passe également par les sites internet et les réseaux sociaux. "30 % des prospects arrivent dans les magasins grâce à ces deux outils, qui permettent une prédécouverte de l’entreprise et de réserver un rendez-vous en magasin."
Dans le même cadre, trois centres de relation clients dédiés aux poêles et aux cuisines ont ouvert à Guingamp, Rennes et Auray (uniquement pour les cuisines). Ouverts du lundi au samedi, de 8 h 30 à 19 heures, ses vingt salariés répondent aux questions des clients, des prospects, de la planification d’entretien et effectuent même de petites opérations de service après-vente. "Trois problèmes sur quatre sont résolus à distance", précise Arnaud Monnier. Quant à la Valeor académie, située à Rennes, elle forme les futurs vendeurs, directeurs de magasin et bientôt poseurs. Née il y a trois ans sous l’impulsion de la DRH (avec un R dans le titre qui veut dire "richesses"), Stéphanie Villejoubert, elle a accueilli 100 collaborateurs en 2020, formés par des experts internes, des intervenants extérieurs et sur le terrain.
Droit à l’erreur
"Il n’y a pas un responsable de magasin que je ne connais pas", affirme le Costarmoricain. "Je suis attaché au terrain, aux hommes qui sont sur le terrain et au détail. La vérité est dans le détail." Celui qui ne cache pas savoir envoyer ses remarques cinglantes quand il le faut, souligne cependant que le droit à l’erreur est "plus qu’autorisé". "On veut des gens différents, qui s’autorisent à penser et à être force de propositions", explique encore Arnaud Monnier, qui aime cette phrase attribuée à Bernard Arnault : "Seuls les poissons morts nagent dans le sens du courant."
"Nous restons une entreprise familiale, avec deux actionnaires à 50/50. Olivier Chaudet et moi partageons un cap commun et nous savons nous entourer de personnes compétentes et riches humainement. Valeor, c’est aussi une aventure humaine. Le nom du groupe, qui signifie Valeurs en or, et sa signature, "Prendre plaisir à faire plaisir", participent à la dimension sociétale voulue par les deux associés (lire par ailleurs).
"Nous avons commencé avec 10 000 euros en poche et encore, je ne suis pas sûr qu’on les avait", sourit celui qui avoue un jardin secret : sa serre où il passe beaucoup de temps à se ressourcer. "J’ai travaillé six jours sur sept de 2005 à 2016", dit encore le père de trois enfants : Paul, Ewen et Annaëlle. "Je n’ai pas de regret, c’est la vie. Je serais heureux qu’ils rejoignent le groupe. À eux d’arriver avec des projets. Le niveau de recrutement est très élevé." Une exigence qu’il partage avec le monde sportif. Passionné de foot, Arnaud Monnier s’est engagé auprès de l’En Avant Guingamp, comme membre du conseil d’administration. "Heureux ? Je peux dire que je suis très heureux. Les gens que je croise dans l’entreprise ont l’air de l’être et ça, ça me réjouit. Je suis aussi content qu’on puisse sortir de cette période et retrouver une vie normale. Mais je n’oublie pas de rester concentrer sur ma direction."
