Pour la directrice du Hall du Livre, Astrid Canada, ce sera tout simplement "la plus belle librairie de France". Un enthousiasme que ne tempère pas Antoine Gallimard, l’actionnaire principal de la librairie nancéienne et président de Madrigall, la holding de contrôle du groupe Gallimard (CA : 585 M€).
L’éditeur va injecter "plusieurs millions d’euros", et plus certainement pas moins de 3 millions d’euros, pour aménager trois plateaux de 500 m2, reliés par un escalier monumental, et créer un espace de vente de plus 1 300 m2 comportant "plus d’un kilomètre de rayonnage" afin de présenter au mieux les 90 000 références de la librairie.
Opérant actuellement depuis le 38 de la rue Saint-Dizier, à Nancy, le Hall du Livre va donc traverser la rue et emménager au 53, dans le bâtiment identifié comme le magasin Vaxelaire, "avant début décembre 2023", insiste Astrid Canada. Une période clé pour l’entreprise, qui emploie une cinquantaine de salariés pour un chiffre d’affaires stable de 9 millions d’euros. "Nous réussissons à maintenir ce niveau d’activité malgré des conditions pas très favorables au commerce en général", souligne la directrice. Les locaux actuels du Hall du Livre, d’une superficie de 1 200 m2, ne permettent pas d’envisager une mise aux normes, du fait notamment de demi-étages ne pouvant pas être desservis par un ascenseur.
Un bail signé pour "au minimum 12 ans"
Contrôlant près de 54 % du capital du Hall du Livre, Antoine Gallimard revendique une stratégie conquérante, "face aux grosses machines qui n’ont que le souci de vendre". Citant le mythique directeur des Éditions de Minuit, Jérôme Lindon, qui se plaisait à penser que l’art du libraire consiste à vendre à quelqu’un un autre livre, le patron du troisième groupe d’édition français veut faire la différence grâce au conseil, et souhaite "faire vivre cette future librairie, avec des conférences, des ateliers autour de la reliure, tout ce que l’équipe pourra imaginer" : "Je veux attirer les utilisateurs de Tik Tok et le seul moyen, c’est de faire de cette librairie un décor", insiste Antoine Gallimard.
Pour les services de la Ville de Nancy, cette signature marque la réussite d’un pari risqué. C’est en décembre 2020 que la société d’économie mixte chargée de redynamiser le centre-ville, Nancy Défi, a bouclé le rachat du bâtiment Vaxelaire, à travers une société créée pour porter l’acquisition, Vaxelaire SAS, dont le capital est contrôlé à 90 % par la SEM Nancy Défi, le reste étant propriété de la foncière Jean-Lamour. "Nous avons racheté le bâtiment pour 3,8 millions d’euros, avant d’engager 3 millions d’euros de travaux", précise Franck Muratet, adjoint au maire, chargé notamment de l’attractivité, et président de la société Vaxelaire SAS. Un montant important, qui s’explique notamment par la "complexité du bâtiment" : pour autant, dès le rachat du bâtiment, les services de la ville ont imaginé l’intérêt que pourraient y porter les dirigeants du Hall du Livre, gênés dans des locaux ne répondant plus aux dernières normes.
"Le bail, signé pour une durée de 12 ans minimum, montre que le preneur souhaite s’engager dans la durée", se félicite l’élu. Pour Antoine Gallimard, ces 12 années apparaissent comme une durée minimum : "Évidemment, ce lieu consacré au livre existera au-delà de mon mandat à la tête du groupe", anticipe l’éditeur.
