Le gouvernement lance un plan de soutien pour l’industrie agroalimentaire
# Agroalimentaire # Fiscalité

Le gouvernement lance un plan de soutien pour l’industrie agroalimentaire

S'abonner

Le gouvernement vient de présenter un plan pour tenter de redorer le blason de l’industrie agroalimentaire. Au programme : des aides à la trésorerie, quelques mesurettes pour doper l’export et la création d’un fonds de capital-investissement doté de 500 millions d’euros.

Les 16 400 entreprises agroalimentaires font face à des difficultés conjoncturelles du fait de la crise énergétique et des changements climatiques qui génèrent une hausse des coûts de production et grèvent les marges — Photo : Saint-Jean

Le gouvernement au chevet de l’agroalimentaire, premier employeur industriel en France avec ses 437 000 salariés. Les 16 400 entreprises du secteur font face à des difficultés conjoncturelles du fait de la crise énergétique et des changements climatiques qui génèrent une hausse des coûts de production et grèvent les marges. Cette double crise vient aggraver les difficultés structurelles d’un secteur qui souffre d’une baisse de compétitivité par rapport à la concurrence étrangère et qui n’investit pas assez.

"Notre souveraineté alimentaire passera par notre compétitivité, mais cette dernière est largement en danger avec un point d’investissement de moins que la moyenne européenne", explique Jean-Paul Torris, vice-président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania).

Perte de vitesse

Conséquence : bien qu’affichant un chiffre d’affaires de 198 milliards d’euros, l’industrie agroalimentaire tricolore perd de sa superbe. Selon une étude de FranceAgrimer citée par nos confrères des Échos, la souveraineté alimentaire française a reculé de 3 % en dix ans. Certains secteurs, comme les fruits et légumes ou encore la volaille, sont particulièrement touchés, ce qui se traduit par une hausse des importations. En dehors des frontières, la situation n’est guère plus reluisante. Deuxième exportateur mondial dans les années 2000, la France a régressé à la sixième place.

Pour aider l’industrie agroalimentaire à relever la tête, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, viennent d’annoncer un plan de soutien, comprenant aussi bien des mesures d’urgence que de moyen terme.

Report de charges fiscales et sociales

Dans l’immédiat, l’État propose aux entreprises de l’agroalimentaire des facilités de paiement pour régler leurs charges fiscales et sociales. Les entreprises en difficulté peuvent demander un report de paiement. Pour cela, le gouvernement demande aux Finances publiques et à l’Urssaf de regarder les demandes de ces industriels "avec la plus grande bienveillance".

Le nombre d'entreprises qui pourraient être concernées par ces reports de charges est difficile à évaluer. Si les ministres estiment que "les industries agroalimentaires auraient en moyenne réussi à préserver leurs marges sur l’ensemble de l’année 2022 par rapport à 2019", force est de constater que le secteur est particulièrement fragile. Avec 1 300 sauvegardes, redressements et liquidations judiciaires ouvertes l’an passé, le nombre de défaillances dans l’agroalimentaire a ainsi explosé (+130 %) en 2022, bien plus rapidement que l’ensemble des entreprises françaises (+50 %), selon les chiffres du cabinet Altares.

Accompagnement à l’export

Outre ces mesures de soutien à la trésorerie, un deuxième volet du plan consiste à tenter de stopper l’érosion des ventes à l’export. Pour le moment, le soutien gouvernemental reste pour le moins vague. L'exécutif annonce le lancement courant 2023 d’un dispositif d’accompagnement des chefs d’entreprise, appelé "Booster industrie agroalimentaire". Ce programme de plusieurs mois doit les aider à mieux exporter à travers des ateliers et des partages d’expériences. D’autres mesures propres à l’internationalisation de l’industrie agroalimentaire seront annoncées prochainement par Olivier Becht, ministre délégué chargé du commerce extérieur.

500 millions en fonds propres

Pour le plus long terme, pour améliorer la compétitivité de la filière, le gouvernement annonce la création d’un fonds de capital-développement doté de 500 millions d’euros. Aussi bien publics que privés, ces capitaux doivent permettre aux PME, ETI et aux coopératives agroalimentaires de procéder à des opérations de croissance externe et à davantage investir, notamment dans la numérisation des usines ou la transition écologique. Un soutien à la robotisation du secteur sera également possible à travers le plan France 2030. Celui-ci consacre 2,3 milliards d’euros à l’agriculture et à l’agroalimentaire. Pour le moment, seuls 200 millions d’euros ont été engagés.

# Agroalimentaire # Informatique # Fiscalité # Capital # Levée de fonds # International