Avec sa première levée de fonds, Ostrea Design (chiffre d’affaires non communiqué, 11 salariés), qui a développé un matériau minéral à base de coquilles d’huîtres, de moules et de Saint-Jacques, va se donner les moyens de changer de dimension. Ce premier apport financier d’1,2 million d’euros, qui vient pour moitié de business angels de Bretagne, Paris et du Sud Ouest, pour un quart d’entreprises dont Vinci, et enfin de love money, le tout pour moitié dilutif, n’est qu’une étape dans le plan de développement de l’entreprise.
"C’est une petite levée qui va nous permettre de travailler correctement dans notre atelier, d’améliorer notre outil de production et de continuer notre R & D", affirme Camille Callenec, président de la SAS basée pour l’instant à Pléneuf-Val-André (Côtes-d’Armor) mais qui devrait déménager administrativement au Rheu, en Ille-et-Vilaine, où se situe l’atelier de 900 m² de la jeune société. Une étape a été réalisée en avril avec le recrutement d’un chef d’atelier.
Trois principaux marchés
"Cette levée va nous permettre d’attaquer le marché et de prouver qu’on pourrait faire plus." Trois marchés sont ciblés. Deux sont déjà travaillés : les plateaux de mobilier et les aménagements extérieurs et intérieurs, tandis qu’un troisième, les revêtements de sol, est encore au stade de la R & D. "Nous sommes en développement de formulation. Les premiers projets pilotes devraient démarrer fin 2023", reprend Camille Callenec.
Le développement commercial va passer notamment par le recrutement de partenaires plus gros parmi les clients d’Ostrea Design composés en trois entités : les cuisinistes - marbriers ; les éditeurs de mobilier et designers ; les architectes et promoteurs.
Cette période de maturation de la production et de renforcement commercial devrait durer un an et demi avant que l’entreprise, après validation de ces objectifs, puisse passer à une dimension supérieure. "Nous procéderons alors à une nouvelle levée de fonds, beaucoup plus importante", confie le dirigeant, sans vouloir s’aventurer à avancer un chiffre. "Cette levée s’accompagnera d’un déménagement pour nous doter d’une unité de production d’une autre dimension."
Dix à vingt mille tonnes de coquilles par an
Le produit sur lequel l’entreprise appuie sa croissance est un matériau "très bas carbone", composé à 65 % de déchets : des coquilles d’huîtres, de moules et de Saint-Jacques recueillies auprès d’une filière toujours en cours de constitution, en concertation avec la Région Bretagne et BPI. "Nous voulons apporter une solution de revalorisation de ces coquilles sur toute la façade ouest de la France", ambitionne Camille Callenec, qui évalue l’exploitation d’une quantité de coquilles allant de 10 000 à 20 000 tonnes par an. Le reste de la formulation du matériau est constitué de ciment argileux et d’autres minéraux et matières premières "mais aucune matière pétrosourcée". L’entreprise vient d’être labellisée deeptech grâce au travail qu’elle a menée sur sa formulation.
Ostrea Design a été créé en février 2022, après deux ans de R & D par quatre associés qui le sont à parts égales : Camille Callenec, qui s’occupe de l’organisation et de la direction de l’entreprise, Maxime Roux de la partie commerciale, Tanguy Blévin, à l’origine du projet avec son grand-père ostréiculteur, est le responsable financier, tandis que Théo Joy est le responsable technique.
