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Le fabricant de composants électroniques Hager multiplie les investissements en Alsace
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Le fabricant de composants électroniques Hager multiplie les investissements en Alsace

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En soixante ans, le fabricant de composants électroniques Hager est passé d’une entreprise familiale franco-allemande à une multinationale implantée dans dix pays. Le groupe n’oublie pas ses origines. Il continue d’investir massivement en Alsace, où il est installé depuis 1959.

Sur les 100 000 m² du site de Hager à Obernai, 23 000 sont actuellement consacrés à la production — Photo : ©Christian Ernst

Une nouvelle ligne de production pour un des composants phares de son site d’Obernai, un centre de test pour les entreprises de la région, une nouvelle plateforme logistique à Reichstett : ces derniers temps, le fabricant franco-allemand de composants électroniques haut de gamme Hager, dont le siège est à Blieskastel dans la Sarre, en Allemagne, ne cesse d’annoncer de nouveaux investissements en Alsace.

Avec ses 11 500 collaborateurs répartis sur 22 sites dans dix pays, le groupe Hager, qui clôture ses comptes en milieu d’année, prévoit de dépasser les 2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l'exercice 2019. On est loin de la petite société familiale fondée en 1955 par Peter Hager et ses fils Hermann et Oswald Hager dans la Sarre. Ce Land allemand, voisin de l’Alsace, était alors sous protectorat français. En 1959, deux ans après le rattachement de cette région à l’Allemagne, l’entreprise Hager s’installait à Obernai, dans le Bas-Rhin, pour conserver un accès au marché français.

Aujourd’hui, Daniel Hager, le fils d’Oswald Hager, est à la tête de ce groupe qui possède trois sites dans ce département. Celui d’Obernai compte 1 900 collaborateurs pour une surface de plus de 100 000 m². Il produit chaque année près d’une cinquantaine de millions d’appareils de protection, c’est-à-dire des disjoncteurs et des interrupteurs différentiels. En 1996 s’est ajouté le site de Bischwiller (400 collaborateurs) grâce au rachat de l’entreprise allemande Tehalit. Il accueille la logistique pour la France et la Belgique, ainsi que les exportations en dehors de ces pays et il produit également des disjoncteurs et interrupteurs différentiels. Enfin, le site de Saverne (350 collaborateurs), issu d’une acquisition de la société Flash en 1998, est spécialisé dans l’appareillage électronique pour les maisons intelligentes.

Une production fortement automatisée

C’est le site d’Obernai qui concentre le gros des investissements, notamment la création d’une nouvelle ligne de production pour la fabrication de relais. C’est le seul site de Hager à produire ces pièces centrales pour les disjoncteurs et les interrupteurs différentiels. « Elles sont ensuite envoyées dans les usines du groupe en France, en Pologne, en Chine et en Inde pour être assemblées », explique Jean-Pierre Mehl, responsable de l’industrialisation des appareils de protection. Le projet comprend la construction d’un nouveau bâtiment de 1 400 m² pour abriter cette ligne et l’achat de machines-outils et d’équipements pour 28 millions d’euros. Elle doit être mise en service début 2021.

L’objectif à terme est de doubler la production de relais, actuellement de plusieurs millions de pièces par an. « Par le passé, ce composant était acheté à l’extérieur du groupe », rappelle Jean-Pierre Mehl. La fabrication de cette pièce a ensuite été internalisée avec la construction d’une première ligne de production en 1995, puis d’une seconde en 2001. A terme, la plus ancienne doit fermer et sera donc remplacée par la nouvelle. Selon le responsable de l’industrialisation, « cette nouvelle ligne sera fortement automatisée. Il s’agit de développer et de mettre en avant la technologie de l’industrie 4.0, c’est-à-dire d’améliorer la traçabilité, le suivi des niveaux de performance des procédés industriels, grâce à des caméras, des capteurs, de l’intelligence artificielle et de la connectivité. » Il n’y aura pas, pour le moment, de créations effectives de postes avec cet investissement. « Actuellement, la production d’interrupteurs différentiels réclame une marge de souplesse, précise Jean-Pierre Mehl. Nous sommes dans les limites actuelles de la production ».

Augmenter les capacités de production

« Mais ce n’est pas le seul investissement prévu sur le site d’Obernai, ajoute François Cridlig, le directeur industriel du site. Plusieurs millions d’euros seront investis dans les prochaines années. Une nouvelle ligne de production pour les interrupteurs différentiels est prévue pour fin 2020. De plus, une nouvelle ligne de finition pour les disjoncteurs de ligne doit voir le jour début 2021. Enfin, une nouvelle ligne de production entièrement automatisée pour les disjoncteurs de ligne doit arriver fin 2021. » Avec la ligne supplémentaire pour les interrupteurs différentiels, François Cridlig vise « une augmentation de la capacité de production de 20 à 25 % ».

« Nous investissons fortement dans nos processus d’assemblage d’appareillages de protection pour augmenter nos capacités de production et notre niveau d’automatisation », indique, dans un verbatim, Jacky Metzger, directeur industriel pour les usines électromécaniques du groupe. Le service communication précise que « le site d’Obernai produit essentiellement pour le marché européen. Environ un tiers des produits sont à destination du marché allemand. Le marché de la construction s’y porte très bien. Le niveau des taux d’intérêt favorise une forte demande de logements neufs. Il y a également un besoin particulièrement élevé de rénovation d’anciens bâtiments. Ensuite, viennent les marchés français, suisse, britannique et néerlandais. »

Les produits fabriqués à Obernai sont vendus en B to B, essentiellement par des grossistes. « Ils sont principalement destinés au marché de la construction de maisons individuelles, précise François Cridlig, directeur industriel du site, mais aussi au petit tertiaire, comme les petites et moyennes surfaces ou les bureaux. » « Hager reste très présent sur le résidentiel, ajoute Emmanuel Roussel, en charge des laboratoires. L’objectif est de garder des parts de marchés avec des produits moins chers ou plus innovants. Les énergies renouvelables offrent de nouvelles possibilités. De plus en plus de fonctions électroniques permettent de mesurer le courant au niveau des installations électriques et de faire des réglages pour de véritables économies. » « Le développement du tertiaire est un autre axe de développement pour Hager », assurent les deux cadres. Selon Emmanuel Roussel, « le groupe fait partie des poids lourds dans le secteur résidentiel. Dans le tertiaire, nous en sommes loin. Il y a beaucoup de relais de croissance dans ce domaine, notamment en Asie. »

Renforcer le résidentiel, développer le tertiaire

L’intérêt pour le marché du tertiaire s’est traduit dans les laboratoires du groupe qui consacre 6 % de son chiffre d'affaires au département R & D (700 collaborateurs, dont 200 à Obernai). « Pour équiper un immeuble entier en Chine, comme un bâtiment avec un important système électrique, il faut développer des produits qui résistent à de fortes intensités, explique Emmanuel Roussel. Nous avons eu besoin d’intégrer de nouveaux équipements dans nos laboratoires, notamment pour tester des produits à forte puissance. » Ces investissements d’environ un million d’euros tous les ans ont conduit à une innovation. Le groupe Hager a ainsi décidé d’ouvrir les portes de ses laboratoires d’Obernai et de Blieskastel aux entreprises de la région. « Il s’agit pour nous de rentabiliser ces investissements tout en apprenant grâce à des tests sur des produits venant d’autres horizons. » Des entreprises peuvent donc venir tester des produits électriques allant du sèche-cheveux aux générateurs grâce à des essais électriques, des essais mécaniques ou encore des essais de résistance à l’eau ou au feu. Une cinquantaine d’experts sont mis à disposition des entreprises. Hager suit également les pas de la concurrence, notamment Schneider Electric qui a ouvert un centre du même type il y a plusieurs années déjà en France.

Enfin, le groupe Hager renforce également le transport de ses marchandises. Un quatrième site est en construction dans le Bas-Rhin. Une plateforme logistique de 28 000 m² vient de sortir de terre sur l’EcoParc de Reichstett, un parc d’activité à quelques kilomètres au nord de Strasbourg. Ce projet de plusieurs millions d’euros doit permettre la création d’un entrepôt hautement automatisé où travailleront 80 collaborateurs. Il reprendra une partie des activités du site de Bischwiller, soit les exportations et notamment, des commandes complexes vers l’Asie ou l’Océanie, tandis que la logistique France et Belgique également portée par Bischwiller devrait être transférée vers un autre site que le groupe ne souhaite pas évoquer pour l’instant.

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