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Estelec Industrie maintient son cap de croissance malgré la pénurie de composants électroniques
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Estelec Industrie maintient son cap de croissance malgré la pénurie de composants électroniques

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La PME alsacienne Estelec Industrie se réorganise pour faire face à la pénurie de composants électroniques et poursuivre un objectif de croissance fixé avant la pandémie : doubler son chiffre d’affaires en trois ans seulement.

Remi Boehler, directeur associé d’Estelec Industrie — Photo : Isabelle Maradan

Si Rémi Boehler et Thierry Sublon, les deux dirigeants d’Estelec Industrie (119 salariés, 16 M€ de CA en 2023), sont souriants en ce début d’année, ce n’est pas seulement parce que le ciel bleu d’hiver offre une vue imprenable sur le Haut-Koenigsbourg depuis les bureaux de l’entreprise. Implantée sur le parc d’activités intercommunal du Giessen à Scherwiller, à côté de Sélestat (Bas-Rhin), la société, où sont assemblés des composants électroniques pour les professionnels, a un carnet de commandes bien rempli et affiche plus de 20 % de croissance en un an et demi. Les associés poursuivent un objectif ambitieux : doubler le chiffre d’affaires en trois ans seulement. Cette ambition a été fixée avant la pandémie, qui a entraîné la fermeture des usines de composants électroniques, situées essentiellement en Asie. Mais la difficulté à trouver ces éléments n’a pas empêché Estelec de croître et de poursuivre son objectif. Au prix d’une réorganisation du service approvisionnement, passé de trois à sept personnes, en 18 mois, pour faire face à la pénurie de composants. Et d’une grande agilité pour s’adapter aux nouvelles contraintes du marché.

Se rapprocher de la source de production

Estelec Industrie n’hésite pas à passer notamment par des brookers, qui rachètent et stockent des invendus, ou des acheteurs en Asie. "Il a fallu se rapprocher des lieux où sont produites les pièces pour ne pas qu’elles nous échappent", détaille Thierry Sublon. "Il faut payer le stock en dollars avant livraison - avant on payait à 60 jours - et sur un compte à Hong Kong. Cela implique d’avoir des contacts sur place pour vérifier la qualité de ce que nous achetons et ne pas se faire pigeonner", poursuit-il. "Quand on a des composants, on les prend, donc on a un niveau de stock impressionnant, ajoute Rémi Bohler. Le niveau de stock a doublé, en valeur". Les associés soulignent que les banquiers les soutiennent fortement depuis deux ans.

L’effectif a presque doublé en deux ans

"Nous avons 20 millions d’euros dans le carnet de commandes, mais on ne peut pas tout produire, faute de composants notamment", résume Thierry Sublon. En parallèle de cette pénurie, dont les associés assurent qu'"elle va se tasser", les besoins électroniques "ont explosé". Estelec Industrie compte 200 clients environ, dont la moitié dans l’industrie, 30 % dans le médical (des défibrillateurs cardiaques, du monitoring, des systèmes de pompes, tout ce qui tourne autour de l’analyse de sang et des traitements…) et 15 % dans l’embarqué (ferroviaire).

Malgré la pénurie de composants électroniques, Estelec Industrie parvient à accroître l’activité dans son usine alsacienne — Photo : Isabelle Maradan

Depuis fin août 2022, la société a recruté sur "à peu près tous les métiers de l’entreprise : opérateurs de productions, chefs d’équipes, ingénieurs, postes sur la qualité, la méthode et les process", liste Rémi Boehler. L’effectif a presque doublé en deux ans. La moitié des salariés sont à Scherwiller, l’autre moitié est à Aspach, dans le site de Scaita, racheté en janvier 2021 par Estelec. Une volonté de fabriquer 100 % des produits en France. Une exception, selon Thierry Sublon. "Beaucoup d’entreprises de notre taille dans notre domaine fabriquent au Portugal, en Tunisie, en Pologne, en Roumanie, voire dans le Sud-Est asiatique. On a vidé la France des usines d’électroniques, au moment de la désindustrialisation, il y a 20-25 ans. Dans les années 2000, nous étions plus de 2 000 à faire ce métier. Dix ans après, nous étions 500. Aujourd’hui, nous sommes moins de 300, et beaucoup de patrons ont l’âge de la retraite. Il y a une concentration. Il faut des masses critiques pour faire des investissements", explique-t-il.

Investir davantage

"Nous achetons des composants électroniques, essentiellement, pour l’équivalent de la moitié du chiffre d’affaires. Donc, à 20 millions d’euros, nous achetons pour 10 millions. Augmenter le chiffre d’affaires permet d’augmenter notre niveau d’investissement", résume Rémi Boehler, ingénieur en électronique, qui a racheté les parts de l’un des cofondateurs de l’entreprise, il y a plus de trente ans.

Rémi Boehler (à gauche) et Thierry Sublon (à droite), directeurs associés d’Estelec Industrie — Photo : Isabelle Maradan

Son associé, Thierry Sublon, a racheté les parts de l’autre cofondateur, à l’automne 2017. Le diplômé en physique nucléaire et en management, complète : "Nous sommes une société technologique, donc nous avons de gros besoins d’investissements. Nous avons deux options : grandir ou nous adosser à des partenaires financiers, chose que nous ne souhaitons pas. La société appartient aujourd’hui aux actionnaires privés. Il faut donc une certaine taille pour garder notre indépendance. Notre liberté nous oblige à grandir". Une stratégie mûrement réfléchie.

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