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Après les mégots, Keenat s’attaque aux chewing-gums
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Après les mégots, Keenat s’attaque aux chewing-gums

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Connue pour ses bornes EcoMégot et plus récemment pour le recyclage des masques chirurgicaux et équipements de protection individuelle, l’entreprise girondine de l’ESS Keenat s’apprête à installer ses premières poubelles à chewing-gums. Cinquante clients ont déjà passé commande pour début 2024.

Erwin Faure président et fondateur de Keenat — Photo : Caroline Ansart

Qui n’a jamais collé un chewing-gum sous un bureau ou pesté pour en décoller de sa chaussure ? Aussi agréables à mastiquer qu’infernales à nettoyer, les gommes à mâcher sont dans le collimateur de l’entreprise girondine Keenat. "Dès que j’ai lancé EcoMégot en 2016, je savais que je me pencherai sur les chewing-gums", avoue Erwin Faure, le président et fondateur de l’entreprise à mission Keenat devenue maison mère d’EcoMégot en 2019. À l’instar des bornes de récupération des filtres de cigarettes, la société a mis au point un collecteur de chewing-gums.

"Les derniers détails techniques sont en train d’être affinés." Mais d’ores et déjà "une cinquante d’établissements scolaires et collectivités nous ont passé commande pour des installations en intérieur ou en extérieur." Les premières bornes - made in Gironde - seront installées en janvier avec un objectif de 500 sur 2024. D’une capacité de 2 000 gommes, elles permettraient de récolter un million chewing-gums dans l’année.

Au moins valorisés en énergie

Des exemplaires ont été testés en 2021 et 2022 sur quatre communes de Gironde (Cenon, Floirac, Bassens et Lormont). "Le dispositif a bien fonctionné. Le public s’est montré très réceptif et c’est la priorité numéro 1 : que les gens arrêtent de jeter par terre. Ensuite nous collectons." Contrairement aux mégots, Keenat ne promet pas de recyclage. "Techniquement nous savons le faire. Nous n’avons pas déposé de brevet (contrairement à la filière mégots) parce que ça coûte cher, mais nous sommes en capacité de fabriquer un élastomère qui pourrait par exemple servir d’antidérapant à condition que la collecte soit suffisamment de bonne qualité. Or, nous trouvons souvent trop d’autres déchets agglomérés et la texture des chewing-gums rend le tri très compliqué", explique Erwin Faure.

La valorisation sera assurée a minima en énergie comme CSR (combustible solide de récupération) et si possible en recyclage. "Dans tous les cas, plus que du recyclage, les clients achètent d’abord de la propreté." Les chewing-gums, qui ont une durée de vie d’au moins 30 ans, sont une plaie. "Nous n’avons pas encore beaucoup communiqué sur cette nouvelle activité et nous ne savons pas s’il y a vraiment un marché puisque nous sommes les seuls à proposer cette solution, mais nous sommes déjà sollicités plusieurs fois par semaine."

8 000 clients

L’entreprise l’est par ailleurs pour tout un tas de produits, signe que sa réputation est faite. "Récemment on nous a appelés pour recycler des forfaits de ski", sourit Erwin Faure, "mais tout n’est pas possible". Dans les locaux de Talence, siège de Keenat, les bidons de mégots côtoient déjà des piles de sacs de masques chirurgicaux et, depuis l’an dernier, des caisses d'équipements professionnels de protection individuelle dit "EPI" (chasubles, casques et chaussures de chantier…).

La PME compte aujourd'hui 8 000 clients dans toute la France. Elle s'est implantée en Espagne, a levé 3,5 millions d'euros fin 2022 et génère un chiffre d'affaires estimé à 2 millions d'euros en prises de commandes en 2023. Acteur de l'économie sociale et solidaire, elle ne verse pas de dividende mais reste fidèle à sa mission : "créer des emplois et sauver la planète."

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