L’objectif fixé par l’État d’équiper la France de 100 000 bornes de recharge électrique a été atteint en mai dernier. Pour les trois fabricants français majeurs (l’héraultais IES Synergy, le nordiste DBT et le francilien EVBox), l’enjeu consiste désormais à se différencier sur un marché en train de se massifier. Chez IES Synergy (160 salariés, CA prévisionnel 2023 : 40 M€), l’inflexion stratégique à venir nécessite un plan de financement de 40 millions d’euros que l’entreprise, basée à Vendargues près de Montpellier, a finalisé notamment auprès de ses actionnaires et dans le cadre du plan France 2030.
Une gamme épousant les nouveaux usages
Jusqu’ici, IES Synergy fabriquait essentiellement des bornes de recharge déployant des puissances de 24 et 50 KW. "Ces bornes, installées dans des sites tels que des parkings de supermarchés ou des dépôts de bus, correspondent à une recherche de destination", décrit Jérôme Arnaud, nouveau PDG de la PME héraultaise. Pour élargir son marché, IES Synergy développe une nouvelle gamme de bornes dotées de puissances plus élevées : les modèles de 150 à 180 KW seront lancés d’ici la fin d’année, tandis que les modèles de 300 KW et plus sont attendus en 2024 ou 2025. "Ce sont des puissances correspondant à des usages plus rapides. On équipe par exemple les aires d’autoroutes de bornes à 300 KW car les automobilistes sont plus pressés. On en place aussi dans les dépôts de bus, de poids lourds ou de véhicules commerciaux quand ils font des rotations plus courtes", égrène Jérôme Arnaud. Ce dernier rappelle que le poids lourd électrique est une technologie naissante, dont IES Synergy veut accompagner la maturation avec ces nouvelles gammes.
Par ailleurs, IES Synergy va financer la refonte des logiciels installés dans ses bornes, qui facilitent le "smart charging" (recharge optimisée) et le "plug and charge" (recharge automatique). L’implémentation de nouvelles fonctions permettra au propriétaire des bornes d’être plus autonome et de déclencher certaines opérations à distance (redémarrages, mises à jour) plutôt que de demander l’intervention d’une équipe d’IES Synergy. "Notre stratégie consiste aussi à offrir toujours plus de services complémentaires, à produire des bornes simplifiées, ce qui réduit les coûts d’exploitation pour nos clients", résume Jérôme Arnaud.
Une nouvelle empreinte géographique
Le développement de ces nouvelles technologies implique, en outre, leur homologation sur les marchés internationaux où l’entreprise est implantée. Pour le marché allemand, le précieux sésame est attendu pour le début d’année 2024, ce qui permettra à IES Synergy de vendre directement ses produits au lieu de fournir des modules à des intégrateurs locaux. Pour les États-Unis, la procédure d’homologation est en cours. Or, l’éloignement géographique imposant de fabriquer et d’intégrer sur place, la filiale américaine est déjà opérationnelle et fournit des services au travers de partenariats. "Notre objectif est de porter de 40 à 60 % la part de notre activité à l’export", annonce le PDG, qui projette aussi la création de filiales aux Pays Bas et au Royaume Uni en plus des deux structures existantes.
Les partenariats sont aussi un moyen pour IES Synergy d’enrichir son offre de services. L’opération de financement lui permettra enfin de signer des accords avec des fournisseurs d’équipements pour faciliter la connexion de ses bornes aux ombrières solaires. "Nous travaillons sur la convergence avec les acteurs du photovoltaïque afin de réduire la prise d’énergie sur le réseau", révèle Jérôme Arnaud. De ces collaborations naîtra une nouvelle offre globale et interopérable, dont les contours seront dévoilés dans les prochains mois.
