Il aura fallu s’armer de patience. Deux ans après les avoir commandés, le groupe Murgier vient de réceptionner trois nouveaux camions. Livrés par Renault Trucks, ces trois véhicules électriques de 16 tonnes - les premiers pour Murgier- viennent compléter la flotte de 75 camions du spécialiste aindinois de la distribution de boissons aux professionnels. Des camions qui seront déployés à Lyon, où 10 véhicules circulent quotidiennement pour livrer boissons sans alcool, bière, vin ou spiritueux.
Une transition initiée dès 2019
Pour cela, le distributeur a réalisé un investissement brut de 220 000 euros par véhicule, soutenu notamment par l’Ademe. "C’est cinq fois plus cher que le prix d’un camion diesel avant le Covid, regrette Erik Murgier, le président de ce groupe familial fondé en 1936. Aujourd’hui, le prix est d’ailleurs passé à 250 000 euros", glisse-t-il. Pourtant, Erik Murgier le sait : au plus tard en 2035, date à laquelle l’Europe interdira les moteurs diesel, toute la flotte du groupe aura dû être renouvelée.
Cette transition, le groupe Murgier l’a en réalité initiée dès 2019 en convertissant à l’électrique l’ensemble de ses engins de manutention (une soixantaine), jusqu’alors alimentés en gaz ou au fioul. Cette même année, débute la réflexion, au sein du groupe, sur le verdissement de la flotte de camions. Sur le secteur d’Annecy, en particulier, au regard de l’avancée des discussions sur les ZFE (zones à faibles émissions) dans l’agglomération.
Le complexe choix du mix énergétique
Mais la problématique s’avère plus complexe que pour les engins de manutention. Le distributeur fait d’abord le choix du gaz, "technologie la plus mature", et acquiert cinq camions GNV, qu’il déploie à Annecy, Lyon et Villefranche-sur-Saône. Le nombre de stations de ravitaillement pèche alors, mais Murgier mise sur leur développement dans un futur proche. En 2022, la guerre en Ukraine et l’explosion des prix du gaz refroidissent cependant ses ardeurs. C’est à ce moment-là qu’il se tourne vers Renault Trucks pour poursuivre le verdissement de sa flotte.
Mais la solution n’est que parcellaire. "Aujourd’hui, les produits proposés par les constructeurs ne répondent pas aux besoins du marché, déplore le dirigeant. L’autonomie des véhicules électriques suffit pour la distribution en zone urbaine, mais pas lorsqu’il faut parcourir un nombre de kilomètres important." Par ailleurs, aucun véhicule électrique n’est à l’heure actuelle adapté aux parcours en montagne, qui nécessitent une autonomie accrue, alors que le groupe Murgier est très présent dans les Alpes.
Un manque de visibilité
Le dirigeant souligne également un manque de visibilité. "Le renouvellement d’une flotte représente un investissement considérable, rappelle-t-il. Or, ces nouvelles énergies ne sont pas matures et on ne sait pas à quoi ressemblera le mix énergétique de demain." Difficile de ces conditions de savoir vers quelle alternative s’orienter. Murgier, parie donc sur plusieurs solutions. Une façon de verdir la flotte, en minimisant les risques.