En 1924, un certain François Picard, mécanicien automobile de son état après une carrière de sous-marinier, ouvrait un premier garage automobile à Lesneven, dans le Finistère nord, lançant le début de l’aventure Cobredia, qui perdure un siècle plus tard. Cobredia, c’est l’acronyme de Compagnie bretonne de diffusion automobile, groupe de distribution automobile breton juridiquement constitué à Brest en 1968 et qui compte aujourd’hui son siège social à Rennes, rue de Châteaugiron. Cette entreprise de commerce multi-marques, qui gère 69 concessions en Bretagne et en Mayenne, est l’un des premiers employeurs bretons, avec plus de 1 500 salariés.
En cette année 2024, qui marque le centenaire de Cobredia, c’est un autre François Picard, qui préside aux destinées du groupe : l’arrière-petit-fils du fondateur, 53 ans, qui incarne la 4e génération de Picard. Actionnaire unique des parts de l’entreprise, il pilote une société qui génère un chiffre d’affaires de 785 millions d’euros en 2023. Ayant profité à plein du rebond du marché automobile en 2023, il a en ligne de mire Bodemer (siège à Saint-Brieuc), l’autre grand groupe de distribution automobile breton (et autre entreprise familiale), classé à la 22e place au rang national en 2022, quand lui se situe à la 24e position. "Nous avons une longue trajectoire derrière nous, une lisibilité sur nos pôles de marque et un modèle de management posé. Nous ne nous fixons aucune limite", sourit François Picard, bien décidé à poursuivre l’expansion, avec l’aide de son premier cercle stratégique (17 managers au Codir). Stéphane Gaye, son "homme de confiance", fait partie de ce cercle, lui qui est à la direction générale de l’entreprise depuis 2021, après avoir gravi tous les échelons (conseiller commercial, manager de site, patron de plaque…). La promotion interne est une valeur forte dans l’entreprise.
De copilote à pilote unique
François Picard, chez Cobredia depuis 1999 (et co-actionnaire depuis 2004), n’a pas toujours été seul aux commandes de l’affaire familiale. Pendant une dizaine d’années, il a cogéré l’entreprise au côté de son frère aîné, Ronan Picard. Ce dernier a été président de la société entre 1993 et 2017. Il a ouvert le champ d’activité de Cobredia sur tout le territoire breton (Saint-Brieuc, Vannes, Dinan…), à la faveur de différentes acquisitions. Le début d’une ère de forte croissance pour le groupe. Prenant tous les collaborateurs de court, Ronan Picard a pris un virage inattendu, en 2017, en se tournant vers d’autres activités : l’assistance à la structuration et au financement d’entreprises, derrière la SAS Valmathi, basée à Brest. Sur son compte LinkedIn, l’ancien dirigeant souligne que l’entreprise est passée, sous sa présidence, "de 10 à 45 sites et a augmenté son chiffre d’affaires de 5,4 fois durant cette période (à 450 millions d’euros)". De PME brestoise, Cobredia s’est donc muée, sous sa gouvernance, en une belle ETI bretonne, multi-territoires.
Changement culturel
Dans son sillage, François Picard, qui a racheté l’ensemble des parts de son frère, a poursuivi - et accentué - le chemin de la croissance. Les acquisitions de Sofiland (Brest et Morlaix) ou Rizzon Automobiles (Lannion, Guingamp, Saint-Brieuc), en 2018, c’est lui. Le rachat d’Honoré (Quimper), en 2019, c’est encore lui. Jusqu’à l’intégration du groupe vannetais Allannic Frères au réseau Cobredia, en ce début 2024.
Surtout, on doit à François Picard un vrai changement culturel : le déménagement du siège social de Cobredia de Brest à Rennes, en 2021. "L’objectif, c’était de rayonner plus sur le grand Ouest, et plus seulement sur la Bretagne. Ça a donné un signal fort à nos fournisseurs et à nos collaborateurs." De fait, Cobredia entend désormais peser comme un opérateur extra-régional. Son expansion dans les Pays de la Loire et en Normandie figure au cœur de son plan de marche. L’entreprise, qui distribue 21 marques différentes (Volkswagen, Audi, Citroën, Toyota, Mercedes…), a vendu 23 903 véhicules à des particuliers en 2023. Les défis de la technologie électrique et de la nouvelle mobilité constituent les prochains axes forts de son développement.
Une histoire en trois slides
Avant que les deux frères Picard ne "poussent les moteurs" de l’entreprise, l’histoire de Cobredia aura aussi été marquée du sceau du père, Jacques Picard. Outre la création de la société juridique Cobredia (en 1968), Jacques Picard a été l’artisan "des concessions modernes telles qu’on les connaît aujourd’hui, avec de grands parkings, de beaux showrooms et de vastes ateliers", souffle François Picard. On doit ainsi à Jacques Picard l’aménagement du garage Saint-Christophe, au nord de Brest, sur une surface couverte de 3 500 m². Celui-ci sera prochainement agrandi.
François Picard détaille : "Souvent, lorsque je dois résumer les 100 ans d’histoire de Cobredia, je présente trois images de trois garages : le garage de campagne en 1924, à Lesneven, le garage de ville en 1956 à Brest, et la concession Mercedes-Benz de Saint-Grégoire, qui a mis en germe notre implantation à Rennes. Ça représente bien les différentes époques que nous avons traversées".
De Brest à Rennes, de Saint-Malo à Quimper, de Lannion à Vannes (entre autres implantations), Cobredia est une réussite Bretonne. La capitale bretonne constitue donc désormais le centre névralgique de l’entreprise. Dans l’arène sportive, Cobredia figure d’ailleurs au rang des sponsors du Stade Rennais, le club de football indéfectiblement lié à la ville de Rennes. François Picard ne manque pas les grands rendez-vous sportifs au Roazhon Park. Si trois de ses concessions sont aussi partenaires du Stade Brestois, le patron, lui, a tranché, c’est un Rouge et noir (les couleurs du Stade Rennais) !
