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Le collectif des usagers du Port du Légué tire la sonnette d'alarme
Saint-Brieuc # Agroalimentaire # Infrastructures

Le collectif des usagers du Port du Légué tire la sonnette d'alarme

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Des usagers du port de commerce du Légué, à Saint-Brieuc, représentant les principales activités du port, se sont réunis en collectif pour protester contre l’abandon annoncé du quatrième quai et l’absence de solution de stockage du sable de dragage. Si rien n’est fait, le port devra cesser son activité au printemps, avertit le collectif.

Le collectif des usagers du port de commerce du Légué représente 62 d’entre eux — Photo : Matthieu Leman

Ils sont réunis sur le quai du port du commerce du Légué. Ils représentent 62 usagers du port de commerce du Légué, réunis au sein d’un collectif nouvellement créé. Il y a là Sébastien Henry, porte-parole des professionnels du transport, Xavier Le Roux, représentant ceux du bois, Jacky Perruchon, au nom de Nutrinoë, une association de coopératives agricoles, et Séverine Dudot, DG de Soka. Réunis à côté de Thomas Guillemot, directeur de l’Agence maritime de Saint-Brieuc. Ils représentent les grandes activités utilisatrices du port : l’agroalimentaire avec 165 000 tonnes de marchandises par an, le bois avec 72 000 tonnes, le kaolin avec 70 000 tonnes et la filière recyclage avec 70 000 tonnes également.

Un arrêt craint pour le printemps

Le collectif entend dénoncer la menace qui pèse sur cet outil qu'est le port du Légué, géré par la CCI et appartenant à la Région qu'est le port du Légué. Celle à court terme, de voir son activité disparaître totalement, et ce dès "le début du printemps 2022", insistent-ils. Faute de capacité de stockage et du fait de l’interdiction de remettre le sable de dragages en mer, le port ne pourra plus accueillir de bateaux. "Si on doit arrêter de draguer fin mars, en avril ou mai aucun bateau ne pourra plus accéder aux quais", expliquent les membres du collectif. Un arrêt qui entraînerait de grosses difficultés pour certains usagers pour qui la part de leur chiffre d’affaires liée au port est très importante. "Dans notre activité, ça représente 35 à 40 % de notre activité, pour d’autres transporteurs, c’est 80 ou 90 %", témoigne Sébastien Henry pour son entreprise Pierre Henry & fils. 48 transporteurs travaillent régulièrement dans le port.

180 bateaux, comme ce vraquier, sont passés par le port de commerce du Légué en 2020 — Photo : Matthieu Leman

Cette cessation d’activité du Légué aurait également selon le collectif un "impact logistique désastreux pour l’empreinte carbone". "On devra se rabattre, selon les produits, sur les ports de Saint-Malo, Brest ou en dehors de la Bretagne, avec des kilomètres en plus, de la rapidité en moins. Chaque année, 375 000 tonnes par an passe par le port du Légué, ce qui représente 25 000 camions." Jérôme Driencourt, l’un des deux pilotes du port, avec Yannig Mangier, montre le vraquier de 3 500 tonnes arrivé la veille. "Un bateau comme celui-ci transporte l’équivalent de 130 camions avec la consommation de deux à trois camions. C’est Archimède qui fait tout !" Les usagers se trouvent dans leur grande majorité à moins de 40 kilomètres du port et un acheminement plus éloigné leur coûterait plus.

Le quatrième quai en question

L’autre grande préoccupation du collectif est l’avenir à plus long terme du port, si une solution est trouvée, lors de la réunion qui se déroulera sur le sujet le 22 novembre entre la CCI et la Région, pour continuer les dragages. Car l’abandon de la construction du quatrième quai, qui devrait être entérinée par le syndicat mixte de gestion du Grand Légué en janvier 2022, entraverait, selon le collectif, le développement nécessaire du port. "Entre cinq et dix bateaux sont déjà refusés chaque année. Notre activité est très saisonnière en raison des produits qui transitent par le port, elle se concentre en automne et en hiver et les bateaux ne peuvent déjà accéder au port que quinze jours par mois, si la cote est respectée grâce au dragage. Le quatrième quai augmenterait ce nombre de jours et permettrait à un troisième bateau d’accoster en même temmps, ce qui n'est actuellement pas possible du fait de la longueur des quais actuels. Il permettrait également de libérer l’espace que nous occupons au bassin à flot et permettrait ainsi aux deux autres activités de réparation navale et de plaisance de se développer." Sans compter que depuis un an et demi, du sable de dragages avait été stocké en vue de la construction du quatrième quai… Que faire avec cette matière si l’annulation est définitivement actée ? Si un tel cas de figure devait être validé, "nos politiques signent l’arrêt de mort du port", affirme le collectif.

Saint-Brieuc # Agroalimentaire # Biens de consommation # Nautisme # Transport # Infrastructures # Artisanat