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Le Bois Solidaire guide les Vosgiens éloignés de l'emploi vers les métiers du bois
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Le Bois Solidaire guide les Vosgiens éloignés de l'emploi vers les métiers du bois

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En formant des demandeurs d’emploi, pour la plupart en difficulté, en leur proposant un logement social et bientôt un système de covoiturage, en leur facilitant la signature d’un CDI, et en valorisant du bois local et malade, l’entreprise d’insertion Le Bois Solidaire s’engage aux côtés d’une filière en manque de bras.

Sur les dix personnes ayant intégré la première promotion du Bois Solidaire en octobre 2021, trois ont déjà été recrutées dans une entreprise vosgienne de la filière bois — Photo : Le Bois Solidaire

Une nouvelle pousse au cœur de la forêt vosgienne. L’entreprise d’insertion Le Bois Solidaire a germé le 18 octobre 2021 à Sapois, à mi-chemin entre Remiremont et Gérardmer. Et celle qui a tenu l’arrosoir est une cheffe d’entreprise qui travaille depuis trente ans dans la filière bois : Rose-Marie Rochatte, à la tête des transports forestiers du même nom, du fabricant d’emballages industriels à dominante bois Gerbois et du négociant Vosges Bois Chauffage. Avec sa nouvelle société, spécialisée dans le sciage à façon du bois, la présidente du groupement des transporteurs forestiers du Grand Est n’a qu’une ambition : rapprocher les personnes éloignées de l’emploi vers les métiers du secteur. "Leur trouver un boulot dans une filière qui en manque cruellement", résume-t-elle.

Trois CDI en quatre mois

Ainsi, une dizaine de demandeurs d’emploi aux âges et aux trajectoires très différents, dont certains sont d'anciens prisonniers, ont été recrutés en CDD à l’automne dernier. S’ensuivent des formations au lycée d’enseignement professionnel de Saulxures-sur-Moselotte et directement dans les locaux du Bois Solidaire avec pour établi, une scierie mobile, et pour clients, les producteurs du territoire. "Quand ils sont prêts, ils s’en vont, lance Rose-Marie Rochatte. Et ça marche ! En quatre mois, trois personnes dont deux femmes ont déjà trouvé du travail. C’est une très bonne nouvelle pour cette filière qui en compte encore trop peu." Son objectif : positionner chaque année l’ensemble de la promotion en CDI. "Dans notre filière bois, les tensions sur la main-d’œuvre sont très fortes et dans notre département, les problématiques d’inclusion sont importantes, déplore la présidente. Alors, pourquoi ne pas aller capter tous ces talents qui n’arrivent pas à se révéler ?" Encore faut-il réussir à les trouver.

Caroline, éloignée de l’emploi depuis 12 ans, fait partie des premières personnes à être passées par Le Bois Solidaire avant de signer, il y a quelques semaines, un CDI chez Gerbois — Photo : Le Bois Solidaire

C’est pourquoi Le Bois Solidaire passe par Pole emploi, les missions locales du département et les différents prescripteurs de chantiers d’insertion. Dans cette démarche, Rose-Marie Rochatte peut aussi compter sur la fédération interprofessionnelle Fibois Grand Est basée à Heillecourt (Meurthe-et-Moselle). Cette dernière accompagne la structure dans sa communication, ses démarches administratives, ses relations avec les scieurs et ses contacts en vue des recrutements. Sans oublier le soutien de l’organisme de formation Atco et l’aide financière de l’État via son fonds de développement pour l’insertion.

Logement social et covoiturage

Rapprocher les personnes éloignées de l’emploi des métiers du bois, une ambition prise au pied de la lettre par Rose-Marie Rochatte et les deux autres actionnaires de l’entreprise (les associations vosgiennes de gestion foyer logement et accueil AGFLA et d’accompagnement à l’insertion professionnelle Agaci) puisque des logements sociaux sont mis à disposition de tous ceux qui sont, littéralement, loin des lieux de travail, en raison d’un manque de moyens couplé à un isolement contraint dans la vallée. Dans un deuxième temps, un système de navettes professionnelles sera mis en place dans des secteurs bien définis en partenariat avec des entreprises et des collectivités adhérentes. En plus des deux associations, Rose-Marie Rochatte tient à ce que ses deux salariés permanents soient, eux aussi, actionnaires. "Je veux réconcilier les ouvriers et le milieu capitaliste, confie-t-elle. Et la seule solution, c’est de les faire entrer au capital. Nous l'avons fait pour Gerbois et nous l'avons aussi fait pour Virtuobois à Lure (Haute-Saône)".

Bois local et scolyté

Chez Le Bois Solidaire, l’engagement n’est pas que social. Il est aussi environnemental car la scierie mobile réduit les transports inutiles et se déplace dans un rayon de 40 kilomètres maximum. Surtout, elle privilégie le bois scolyté : ces essences attaquées en nombre par les coléoptères. "Nous ne pouvons pas le vendre aux entreprises du bâtiment mais nous pouvons toujours le vendre aux fabricants de caisses et d’emballages, précise la présidente. Nous avons même la possibilité de transformer le bois scié en meuble ou en table de séjour." Pas de quoi, à ce stade, assurer la rentabilité de l’entreprise. Mais Rose-Marie Rochatte compte bien l’atteindre avant la fin 2022. Avant de diversifier l’activité vers la plantation et la sylviculture d’ici deux ans. "Nous vendons nos produits car nous nous devons d’être rentables dans un secteur très concurrentiel, rappelle-t-elle. Mais nous ne tenons pas à faire du bénéfice. Surtout, nous ne voulons pas délaisser l’accompagnement. Notre priorité reste la même : que tous ceux que nous avons engagés retrouvent un travail et surtout confiance en eux."

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