Côtes-d'Armor
Laurent Vandamme (UIMM22) : "Les Côtes-d’Armor doivent être au rendez-vous de la réindustrialisation"
Interview Côtes-d'Armor # Industrie # Nominations

Laurent Vandamme président de l'UIMM22 et dirigeant d'Ocemi "Les Côtes-d’Armor doivent être au rendez-vous de la réindustrialisation"

S'abonner

L’UIMM 22 a un nouveau président : Laurent Vandamme, qui est à la tête de l’entreprise d’électromaintenance et de chaudronnerie Ocemi, à Quévert. L’UIMM 22 fédère 96 entreprises adhérentes qui emploient 5 000 salariés. Sur le département, 260 entreprises sont enregistrées dans le champ de sa convention collective, employant 7 300 salariés à fin 2022, soit 13 à 15 % des effectifs bretons (source Insee).

Laurent Vandamme a installé Ocemi à Quévert — Photo : Matthieu Leman

Quel a été la gestation de votre élection à la présidence de l’UIMM 22 (Union des industries et métiers de la métallurgie) ?

Adhérent de l’UIMM depuis 2014, j’ai été intégré au comité de direction en 2022 et j’ai pu prendre part aux débats et actions visant à mieux faire connaître et défendre la métallurgie et l’électronique dans notre département. C’est naturellement que les chemins se sont croisés avec la secrétaire générale Sklaerenn Beauto et Christian Blais, qui était alors président. Le projet s’est construit avec eux et avec Jocelyne Madec, alors présidente de l’UIMM Bretagne, et Thierry Troesch, président d’honneur. L’idée était de monter une équipe complémentaire et assurer la continuité des actions engagées par le partage d’expérience. En d’autres termes, apporter un regard nouveau avec des fondations solides. Je compte mettre à profit mon côté engagé pour défendre les intérêts de la métallurgie et rester en veille sur les évolutions des métiers et les évolutions réglementaires afin de tenir bien informés nos adhérents. L’UIMM 22 bénéficie aussi de l’appui et du soutien de l’UIMM Bretagne et de l’UIMM nationale pour mener cette mission. L’équipe des permanents de l’UIMM 22 a été une motivation supplémentaire car c’est une équipe de professionnels engagée aussi et qui œuvre chaque jour pour défendre les intérêts de nos entreprises.

Quels seront les principaux objectifs de votre présidence et quels moyens allez-vous mettre en œuvre pour y arriver ?

Les objectifs principaux seront de porter la voix des industriels costarmoricains auprès des décideurs et de montrer que l’industrie a sa place en Bretagne et toute sa place. D’autres régions limitrophes sont déjà sur le départ pour la réindustrialisation du pays. Les Côtes-d’Armor et la Bretagne doivent être au rendez-vous. Je souhaite aussi que nous soyons force de proposition auprès des décideurs et acteurs des politiques locales. Tout n’est pas binaire, il y a moyen de trouver des solutions dès lors que la volonté est là. Lorsque les élus sont derrière les entreprises, le territoire vit, se développe et attire. Nous allons mettre en place des relais et référents sur les territoires pour maintenir un bon dialogue et développer nos relations dans un intérêt commun.

Quelles sont pour vous les forces et les faiblesses de l’industrie dans le département ?

Nous n’avons pas une fédération " monolithique " dans les activités représentées. Nous avons des entreprises dans des domaines aussi variés que la mécanique de précision, usinage, fonderie, machinisme, charpente, électronique, photonique, carrosserie industrielle, sous-traitance automobile, chaudronnerie… Cette variété est une force car nous pouvons nous positionner sur plusieurs marchés. Le fait de ne pas être spécialisés comme certains bassins aéronautiques ou automobiles nous met à l’abri en cas de crise comme le Covid et garantit l’activité du territoire.

Il y a cependant une certaine propension de nos entreprises à travailler dans les domaines agri et agro, compte tenu de notre tissu économique historique breton alors que nous avons un savoir-faire reconnu en aéronautique, défense, médical, communication… La communication de ces savoirs faire au niveau national et international est un axe de progression sur lequel nous devons encore travailler. Notre région est reconnue pour la beauté de ses côtes et sa qualité de vie, c’est donc une destination rêvée pour venir y travailler ! L’attrait pour notre région est une force mais aussi une faiblesse quand il faut loger nos salariés et promouvoir les mutations. Des postes ne peuvent être pourvus faute d’offre de location ou de budgets trop importants.

Comment jugez-vous la conjoncture actuelle ?

Les carnets de commandes sont globalement jugés à un niveau nettement inférieur à ceux de 2021-2022, même s’ils sont estimés à un bon niveau dans les industries productrices de biens d’équipement, par exemple. Pour les sous-traitants de l’agroalimentaire et du machinisme agricole, il y a un relatif attentisme et des prises d’engagements et investissements sont différées, sauf à ce qu’ils soient liés à la sobriété énergétique. Les coûts des matières premières reculent et les difficultés d’approvisionnement des entreprises du secteur des matériels de transport sont en partie résolues. Des inquiétudes restent exprimées quant à la fin des soutiens gouvernementaux sur le prix de l’énergie en 2024 et à une nouvelle augmentation des coûts difficilement reportables auprès des clients finaux. Les taux de crédits élevés sont également des freins à l’investissement qui reste néanmoins toujours soutenu. Les entreprises de la métallurgie continuent de recruter, même si certaines commencent à se montrer prudentes face aux incertitudes de taux de charge et de l’activité, sachant que le recrutement est particulièrement difficile eu égard à un taux de chômage historiquement bas, tout particulièrement sur Lamballe et Loudéac. On observe aussi des délais de paiement qui s’allongent dans certains domaines.

Côtes-d'Armor # Industrie # Nominations # Organisations professionnelles