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L'Atelier de Tôlerie Métallerie Industrielle AMI-API labellisé Vitrine Industrie du Futur
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L'Atelier de Tôlerie Métallerie Industrielle AMI-API labellisé Vitrine Industrie du Futur

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Situé à Torcé, à mi-chemin entre Rennes et Laval, l’Atelier de Tôlerie Métallerie Industrielle (AMI-API) poursuit son bonhomme de chemin. La PME de 40 salariés, qui se revendique entreprise libérée, qui vient de s’agrandir et d’investir dans de nouveaux équipements, a vu ses efforts récompensés par le label Vitrine Industrie du Futur.

Remise du label "Vitrine Industrie du Futur" à l'entreprise libérée AMI-API. Au centre, derrière le pupitre, Guy Crozet, le président de la PME — Photo : © Nathalie Oundjian / Bpifrance

Elle avait beaucoup fait parler d’elle, il y a quatre ans, lorsque de nombreux médias avaient fait le déplacement jusqu’à Torcé, à quelques pas de Vitré en Ille-et-Vilaine, pour constater comment le spécialiste de la tôlerie fine de précision AMI-API (Ateliers de Métallerie et de Peinture Industrielles), pouvait obtenir de si bons résultats avec son modèle d’entreprise libérée. Ce concept où la notion de directeur n’existe pas et où le management intermédiaire cède sa place pour laisser davantage d’autonomie, d’agilité et de responsabilisation aux salariés. Quelques années plus tard, son président Guy Crozet, repreneur en 2015 d’AMI et API, perpétue et développe ce mode de fonctionnement, en binôme avec David Calvez, le directeur général, qui l’a initié en 2012.

Une usine flambant neuve

Ces dernières années ont justement vu la PME continuer à grandir, en passant de 30 à 40 salariés entre 2015 et 2020, avec un chiffre d’affaires en croissance de 10 à 15 % par an, allant de 4,2 millions d’euros en 2015 à près de 6 millions d’euros en 2018. Et si les chiffres concernant 2019 ne sont pas communiqués, c’est parce qu’ils ne reflètent pas, selon son président, la santé de l’entreprise qui a connu une année 2019 de transition, avec un déménagement, des investissements et une belle récompense : « Ce qui compte, c’est que nous continuons à travailler auprès de clients très divers, de l’artisan à la grande entreprise, dans des secteurs tout aussi variés, pour éviter la dépendance à un type de client mais aussi pour nous obliger à rester agiles. Nous venons d’emménager dans une usine de 8 000 m² agrandie, entièrement repensée avec l’aide de la Carsat. Elle est équipée de nouvelles machines de pointe et, fait rarissime en France, d’un magasin de matières premières entièrement automatisé ».

« Petit poucet breton »

Comme un clin d’œil ironique aux usines du XIXsiècle, elle a pris une structure en shed (toiture en dents de scie, NDLR), « car notre organisation s’inscrit en opposition avec les anciennes méthodes de management ! », sourit Guy Crozet. Une usine flambant neuve et un parc machines à la pointe - dont le montant de l’investissement n’a pas été dévoilé -, plus d’autonomie et de responsabilités pour les salariés et un effort global pour redorer l’image des métiers de l’industrie en devenant entreprise ambassadrice du French Fab : tout cela s’est vu récompensé au plus haut niveau en octobre dernier. « J’ai reçu des mains du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le label « Vitrine Industrie du Futur ». J’étais le petit Poucet breton entouré de dirigeants de très grosses entreprises. Autant dire que nous le vivons comme une véritable reconnaissance », se félicite Guy Crozet, qui insiste sur un label qui donne de la visibilité à AMI-API et qui vient récompenser un « effort collectif ».

Plus de chef ou de contremaître

Car il s’applique aussi à lui-même les préceptes de l’entreprise libérée. « Nous prenons toutes les décisions stratégiques en binôme avec David Calvez. C’est lui qui a amorcé l’idée de l’entreprise libérée, en 2012 en invitant Jean-François Zobrist (ancien DG et chantre du modèle d’entreprise libérée, NDLR) à tenir une conférence sur le sujet devant les salariés et des dirigeants de PME locales dans les locaux d’AMI et API.” Depuis, dans ces mêmes ateliers, on ne rencontre donc plus de chef ou de contremaître, mais des salariés autonomes ayant une sensibilité aux clients très développée. « Par exemple, lorsque nous avons récemment acheté une machine de découpe laser à près d’un million d’euros, j’ai mené l’analyse financière et signé le bon de commande mais ce sont les salariés qui ont géré l’étude technique et choisi la machine », explique Guy Crozet.

Le quotidien n’est pas pour autant idyllique car le développement de l’entreprise reste freiné par des recrutements qui demeurent difficiles dans un secteur en tension. « Être une entreprise libérée n’est pas un concept fixe, cela vit et évolue au contact du quotidien, à travers des tas de petits événements créés par des salariés qui utilisent leur autonomie. Mais attention, une entreprise libérée fait toujours face à des contraintes financières, techniques, des clients exigeants… Nous ne sommes pas dans un monde idéal, ça frotte un petit peu, mais de manière générale, je constate une bonne communication et une très bonne anticipation de la part des salariés », conclut Guy Crozet.

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