Situé en bordure d’une zone classée Natura 2000, l’Aéroport Montpellier Méditerranée (AMM, 130 salariés) a lancé un plan d’investissement de 10 millions d’euros, à l’horizon 2026, sur les volets RSE et environnement. Une enveloppe de 3 millions d’euros, dont un prêt d’un million par la Caisse des Dépôts et une aide du même montant versée par l’Europe, porte sur l’électrification de ses opérations au sol. Le chantier vise à supprimer les groupes électrogènes, fonctionnant avec du gazole, utilisés pour alimenter les avions qui sont en escale.
Une mobilisation des savoir-faire
L’opération, qui a débuté en avril 2023, nécessite l’installation de huit bornes électriques de forte puissance d’ici 2025. Elles se brancheront aux moteurs auxiliaires (APU) situés dans la queue des avions pendant toute la durée d’une escale (de 40 à 50 minutes). Les gains environnementaux sont multiples : la turbine principale de l’avion ne tourne plus, les besoins en alimentation électrique de l’équipage sont couverts, etc. Même si 90 % de la consommation de kérosène d’un avion se fait en vol, le système mis en place permettra d’économiser 75 000 litres de gazole et 200 000 kilos de kérosène par an. "Dans un climat social où les aéroports sont souvent désignés comme industries polluantes, il est nécessaire de montrer que nous travaillons avec les constructeurs et nos partenaires pour réduire notre impact environnemental", affirme Emmanuel Brehmer, directeur général de la société aéroportuaire.
Par ailleurs, AMM a rajouté au process cinq unités de climatisation, de type PCA, utilisées pour la première fois dans un aéroport régional, pour produire du chaud et du froid pendant la durée de l’escale. Dans son ensemble, l’intégration du système dévoilé par AMM a été réalisée par l’entreprise drouaise TDA Lefébure, tandis que les bornes électriques sont fabriquées et fournies par la société orléanaise Guimault. En dehors de partenaires financiers, l’aéroport montpelliérain a aussi bénéficié du soutien technique d’Air France. "Nous vivons une époque où la mobilisation de notre écosystème doit être totale pour permettre la décarbonation du secteur. Air France a l’objectif de réduire de 30 % les émissions de CO2 par passager d’ici 2030, en investissant dans des avions de nouvelle génération et dans le carbone durable. Cette initiative y contribuera aussi", apprécie Christophe Elie, chef d’escale régionale de la compagnie aérienne.
Un enjeu stratégique
Une fois achevé, en 2025, le chantier permettra à AMM de proposer des escales 100 % électriques. Plus globalement, le plan RSE annoncé pour 2026 se traduira par l’installation d’autres équipements vertueux pour l’environnement : un système de chauffage et de climatisation par géothermie, des bornes de recharge électrique pour le parking passagers et pour les taxis, une politique d’achat de 100 % d’électricité verte, et d’autres actions complémentaires pour décrocher la labellisation ACA 3. "Notre objectif final est d’économiser mille tonnes de carbone par an", annonce Emmanuel Brehmer. Ce dernier rajoute que l’effort réalisé se révélera stratégique pour AMM, à terme, dans la conquête de nouvelles destinations : si le coût économique d’une escale reste pour l’instant le premier critère d’une compagnie aérienne pour ouvrir une ligne sur AMM, "les critères RSE et environnementaux deviendront bientôt un argument dans la négociation", selon Emmanuel Brehmer. L’aéroport montpelliérain, qui figure dans le top 15 français, ambitionne de porter son trafic de 1,7 à 2,5 millions de passagers par an d’ici 2026.
