Les créateurs
En 2000, Christina a 19 ans lorsqu'elle décide de partir seule, sac au dos. La jeune femme, Taïwanaise, vit alors deux semaines de liberté et d'émancipation ; une expérience qui la transforme. Lors d'un séjour en Italie, l'étudiante en management se fait agresser par l'homme qui l'héberge. Plus que jamais, Christina en est convaincue : les femmes doivent s'organiser pour pouvoir voyager en toute sécurité. De l'autre côté du globe, en Bretagne, Derek se découvre à son tour une passion pour le voyage en solitaire et devient conteur de récits d'aventures.
Le concept
C’est en 2013 que Christina et Derek se rencontrent. La trentenaire, alors directrice commerciale marketing, présente à son compagnon son projet de création d’une plateforme de mises en relation entre voyageuses et hébergeuses. "Il s’agit finalement plus d’un modèle qui ressemble à celui de Meetic qu’à Airbnb, les hébergeuses ne perçoivent pas d’argent. Les liens qui vont se créer ne sont pas commerciaux. Il s’agit de belles rencontres, de solidarité autour d’un projet émancipateur", explique Derek Boixière, directeur. La Voyageuse vend un pass à 129 euros qui donne accès en illimité pendant un an à des contacts d’hébergeuses de confiance, toutes contactées par l’entreprise en amont pour contrôler les identités et s’assurer que les valeurs du projet sont bien partagées. Lancée en juillet 2019, la plateforme a subi de plein fouet les contraintes sanitaires et les confinements. "Comme l’ensemble du secteur touristique, il nous a fallu passer l’année noire 2020. Notre projet prévoyait des immersions chez l’habitante dans le monde entier, nous avons décidé d’abandonner l’international", se souvient-il. L’été 2021 va redonner du souffle à la start-up bordelaise et à ses onze collaborateurs. Un millier de voyageuses souscrivent un pass, pour 7 000 rencontres en France.
Les perspectives
Une levée de fonds de 400 000 euros est en cours pour accompagner les développements de la plateforme à l’international. Fin avril, le site sera proposé en multilingue, français, anglais, italien, espagnol, allemand, sous la bannière Sister Home. Objectif : 5 000 voyageuses en 2022 et l’équilibre en 2026. "Nous voulons professionnaliser nos effectifs et poursuivre nos campagnes d’acquisition aux côtés d’influenceuses de chaque pays pour maîtriser notre retour sur investissement", poursuit le co-créateur qui souhaite ainsi s’émanciper… de la dépendance à Facebook.