La société Carrières de l’Ouest accélère sur le train pour transporter ses matériaux
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La société Carrières de l’Ouest accélère sur le train pour transporter ses matériaux

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À Voutré, en Mayenne, la société Carrières de l’Ouest intensifie son activité ferroviaire de fret vers la région parisienne. La plus grande carrière de roches dures de France ambitionne d’ouvrir ses trains à d’autres industriels. Une diversification qui vient compléter de récentes croissances externes.

Les engins de manutention (reachstackers) chargent les containers sur les trains à la gare de la carrière de Voutré — Photo : Rémi Hagel

Filiale du groupe familial Basaltes (450 salariés, 150 M€ de CA), la société Carrières de l’Ouest monte en puissance en matière de fret ferroviaire. Cette entreprise de 120 salariés, pour 55 millions d’euros de chiffre d’affaires sur une quinzaine de sites, utilise le train pour transporter les roches depuis son principal site, celui de Voutré en Mayenne. Le chemin de fer a été adopté quelques années après la création de l'entreprise en 1858. En 2017, elle a transporté 500 000 tonnes de matériaux, puis près d’un million de tonnes en 2022. Cette année, l’entreprise, autorisée à extraire de sa carrière mayennaise 2,6 millions de tonnes de granulats, compte transporter par train 1,2 million de tonnes de matériaux de construction. Un moyen de transport que peu d’exploitants de carrières ont choisi : sur les 350 millions de tonnes de granulat véhiculées en France, seulement 10 millions voyagent par train.

À l’aller, des trains pour gagner des marchés à Paris

Depuis 2022, pour gagner en efficacité, Carrières de l’Ouest ont mis en place un système de double fret, aussi bien à l’aller qu’au retour. À l’aller, le groupe achemine des matériaux de construction tirés de sa carrière de 80 hectares de Voutré vers la région parisienne. Ayant servi à construire le Paris de Haussmann, les granulats de rhyolites et de cinérites issus des roches volcaniques du massif armoricain alimentent toujours les chantiers d’Île-de-France pour constituer du béton ou de l’enrobé. L’offre de fret ferroviaire représente un levier de plus pour développer l’activité de l’entreprise dans la capitale. "Nous espérons décrocher de nouveaux chantiers. Des appels d’offres pour les travaux du Grand Paris Express sont notamment en cours", glisse Thomas Dupuy d’Angeac, président de Carrières de l’Ouest. Pour conforter sa présence en région parisienne, l’entreprise se dotera en ce mois de juin d’une nouvelle plateforme logistique à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). En octobre dernier, elle avait fait de même au Mans, en créant sa plateforme Matsud, qui est alimentée chaque jour par un train de granulats.

Thomas Dupuy d’Angeac, président de Carrières de l’Ouest, entend développer le double fret, notamment pour remblayer la carrière de Voutré — Photo : Rémi Hagel

Au retour, des remblais pour la carrière

Au retour, les trains reviennent en Mayenne chargés de déchets de chantier du bâtiment. L’entreprise fait ainsi d’une pierre plusieurs coups. D’un point de vue économique et environnemental, elle évite des retours à vide coûteux. D’un point de vue réglementaire, l’entreprise répond à une obligation légale. Les déchets du bâtiment permettent en effet au groupe de remblayer sa carrière mayennaise.

Problème : la terre de remblai est un matériau qui ne s’écoule pas bien des wagons classiques. C’est cette difficulté qui a conduit Carrières de l’Ouest à remplacer les wagons traditionnels utilisés pour le transport des granulats par des containers, que chargent et déchargent facilement des reachstackers (chariots élévateurs) puissants, pesant 70 tonnes. La société a investi dans six lots de 50 containers. Un train comprend 50 containers, équivalant à 50 camions. "À 250 km aller-retour vers Paris, un train engendre une économie de 25 000 km de transport routier", calcule Thomas Dupuy d’Angeac. Ce transport moins émetteur de CO2 peut convaincre des clients, également sensibles à la traçabilité permise par la géolocalisation des containers.

Densifier le fret

Pour l’entreprise, l’un des enjeux pour 2023 va être de continuer à densifier le chargement des trains de retour avec les déchets de chantier. L’autre projet mené par Thomas Dupuy d’Angeac pour le fret en 2023 est celui d’ouvrir ses trains de containers à d’autres acteurs que les carriers, en proposant l’offre de manutention liée. Il s’agirait des industriels des zones d’activité du sud du Mans ou, à proximité de Voutré, ceux d’Évron comme Bel et Socopa.

Diversification d’activité

L’entreprise réalise par ailleurs des croissances externes. En 2022, elle a repris la sablière Thébault & Cie (5 salariés, 1 M€ de CA) dans l’Eure-et-Loir. En mars 2023, elle a racheté Béton Tavano, à Spay au sud du Mans (7 personnes, 1,7 M€ de CA), un client du groupe qui souhaitait céder. "Jusqu’alors, Carrières de l’Ouest restait uniquement carrier. Nous n’appliquons pas une stratégie globale de diversification, mais aujourd’hui, on ne s’interdit plus de diversifier. Nous sommes indépendants, mais il ressort une certaine fragilité liée à cette mono-activité". S’appuyant sur Tavano, Carrières de l’Ouest va ouvrir l’été prochain une micro-centrale de béton pour du self-service à l’attention des particuliers et professionnels (paysagistes), à Saint-Mars-la-Brière, à l’est du Mans.

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