Société d’exploitation de la plus grande carrière de roche dure de France, à Voutré en Mayenne, Carrières de l’Ouest utilisait déjà le train pour livrer ses matières premières à ses clients. Via une filiale, elle est aussi devenue commissionnaire de transport il y a quelques mois. La société mayennaise (120 salariés, 55 M€ de CA) veut désormais proposer pour d’autres entreprises un service de fret ferroviaire, vers Paris, ou en sens inverse vers l’Ouest, avec plusieurs plateformes sur sa ligne.
Les clients potentiels ? "Cela peut être des sociétés comme Lafarge, pour qui on a déjà travaillé, indique le président de Carrières de l’Ouest, Thomas Dupuy d’Angeac. Mais aussi des entreprises qui ont besoin de transporter tout type de produit : de l’eau, des pièces d’usine, etc." Il suffit pour cela de réserver quelques wagons sur la cinquantaine dont est composé chaque train.
Trois trains et 150 containers par jour
La filiale qui assure ce service, baptisée Cinérites Transports Logistique, emploie 14 personnes et réalise déjà 8 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elle fait convoyer en moyenne trois trains par jour chargés de 1 500 tonnes de granulats, hors week-end. Cette diversification d’activité vers la prestation est une manière de rentabiliser les investissements réalisés sur ses équipements ferroviaires. L’entreprise possède six reach-stackers, d’énormes chariots élévateurs, et 500 containers de 20 pieds. Ceux-ci ont remplacé en 2022 les wagons de transport de granulats classiques. Après avoir livré les granulats, ces containers font le voyage retour chargés de déchets de chantiers, qui servent à remblayer la carrière de Voutré.
De nouvelles plateformes autour de Paris
Cinérites Transports Logistique s’appuie notamment sur une plateforme de chargement située à Rouessé-Vassé, en Sarthe, l’une des quatre communes sur lesquelles s’étend la carrière de Voutré ; une autre plateforme se situe à Trappes, au sud-ouest de Paris. En octobre 2022, l’entreprise a créé un autre site au sud du Mans, Matsud, et en a ouvert encore un nouveau en septembre dernier à Bonneuil-sur-Marne, près de Créteil au sud-est de Paris. " Second port francilien après Gennevilliers, et au cœur du nœud ferroviaire de Valenton qui permet l’accès depuis Marseille, Metz ou encore Bordeaux, Bonneuil-sur-Marne est au croisement des flux multimodaux de toute la France", présente le groupe.
Une volonté de s’implanter près du port de Nantes St-Nazaire
" On cherche aussi à s’implanter à Gennevilliers (dans les Hauts-de-Seine, NDLR) où il existe déjà un terminal combiné rail-route, indique Thomas Dupuy d’Angeac. On explore en outre le projet d’une liaison entre le port de Saint-Nazaire et Paris. Et l'on souhaite s’implanter dans la région de Nantes où l’activité est importante. L’idée est de limiter l’activité logistique dans un rayon de 100 kilomètres autour d’une plateforme, pour rester cohérent avec les avantages du train. C’est nous qui allons chercher les marchandises chez le client. "
Réduire l’empreinte carbone
Avec Cinérites TL, Carrières de l’Ouest réduit son empreinte carbone. " Transporter 700 000 tonnes en train, c’est plus de 20 000 camions en moins sur les routes chaque année et 4 000 tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère", met en avant la société. Entre 2017 et 2022, la part des matériaux transportés en train par Carrières de l’Ouest a doublé, atteignant un million de tonnes de granulats l’an dernier. Ce qui en fait le premier chargeur des Pays de la Loire.
Le train, un héritage historique
Propriété du groupe familial Basaltes (450 salariés, 150 M€ de CA), Carrières de l’Ouest s’appuie historiquement sur le chemin de fer. Le site mayennais de Voutré, implanté le long de la ligne ferroviaire Paris-Brest, a depuis les grands travaux du baron Hausmann à partir de 1860 approvisionné les chantiers de la capitale.
