Après un premier ouvrage, Start-up, arrêtons la mascarade, vous vous intéressez aux entreprises responsables et rentables. Qu’est-ce qui vous a amené à écrire ce livre ?
Benjamin Zimmer : Il s’inscrit dans la continuité du précédent où j’évoquais la profitabilité intégrale. Un concept qui pousse à s’interroger sur la création de valeur et à prendre en compte l’intérêt général dans son modèle économique en intégrant à la stratégie de l’entreprise les conséquences sociales, sociétales et environnementales de son activité. Nous avons rencontré des dirigeants comme Guillaume Richard du groupe Oui Care, Emery Jacquillat de la Camif ou encore Dominique Schelcher de Système U, pour évoquer leur modèle d’entreprise. L’idée étant de comprendre comment ils parviennent à réduire leurs externalités négatives tout en préservant leur rentabilité afin de revenir à un capitalisme plus vertueux.
Justement, n’est-ce pas antinomique ?
B.Z. : Non, au contraire. Le contexte actuel favorise justement l’émergence de telles entreprises. Nous assistons en effet à la transformation du consommateur en « consom-acteur », soucieux de l’impact de son mode de vie sur la planète. Un retour au bon sens qui s’accompagne de la prise de conscience de l’irresponsabilité de nos sociétés occidentales. L’entreprise peut tout fait être responsable et même devenir plus rentable en intéressant les salariés ou en proposant des produits locaux qui sont en phase avec la demande actuelle. On peut produire moins et augmenter ses marges ainsi que le nombre de ses clients. En revanche, on ne se déclare pas responsable du jour au lendemain. C’est un long chemin que l’on peut débuter dès la création de l’entreprise ou quand elle a trouvé sa viabilité.
Comment trouver le point d’équilibre entre responsabilité et rentabilité ?
B.Z. : Pour moi, un entrepreneur doit être un visionnaire doté d’un bon sens paysan, en mesure d’emmener avec lui ses équipes et ses clients. Il doit dès le départ imposer ses valeurs et s’interroger sur les externalités positives et négatives de ses produits. Tout cela passe par le choix de ses fournisseurs, la rémunération de ses équipes. Il contribue ainsi à installer son entreprise dans la durée. C’est aussi ce que les investisseurs attendent. Une relation de long terme avec un entrepreneur étant synonyme d’une meilleure rentabilité.
Vous allez dans votre livre à la rencontre de grands groupes français. Peut-on adopter ce modèle d’entreprise à des PME ?
B.Z. : Parfaitement ! Ce n’est pas une question de taille de l’entreprise, mais plutôt de valeurs. Nous avons interrogé de petites sociétés comme 1083 (Modetic), qui produit des jeans en France, ou encore la start-up Phénix qui commercialise des invendus alimentaires. Ce sont justement des entreprises qui vont bien et qui se sont créées sur la question de la réduction de leurs impacts sociétaux et environnementaux. Pour autant, cela ne réduit pas leur rentabilité. Il est donc possible de construire un modèle vertueux et économiquement viable. La valeur d’une entreprise ne doit pas uniquement s’exprimer à l’aune de ses aspects financiers.
Une entreprise responsable et rentable, c'est possible, Claire-Agnès Gueutin et Benjamin Zimmer, éditions ContentA, sortie le 23 septembre 2020.
