Les stocks et surplus dormants des usines et sites de production représentent plus de 3 milliards d’euros dans toute l’Europe. Or, à l’heure où le recyclage et le réemploi font partie des prérogatives des entreprises pour réduire leur bilan carbone, 90 % de ces pièces sur étagère sont détruites faute de solution simple et automatisées pour les identifier et les qualifier.
C’est pour remédier à ce gâchis industriel, que la plateforme Kheoos (16 salariés ; 500 000 € de CA en 2022) a été lancée en 2018, afin de permettre aux entreprises d’acheter ou de vendre en ligne des pièces de maintenances rares ou en excédent. Cinq ans plus tard, la pépite iséroise, déjà soutenue par l’Ademe, la BPI, la Région AURA, IPV (Initiative Pays Voironnais) et Minalogic, vient de boucler un premier tour de table de 2 millions d’euros auprès du fonds d’investissement parisien Industrya et du Belge Iron Hands Capital.
"Ce financement va nous permettre de consolider notre R & D et de nous étendre à l’international", explique Dominique Mercier PDG et cofondateur de Kheoos. Initialement incubée par la SATT Linksium à Grenoble et désormais basée à Voiron, la jeune pousse qui possède un bureau à Bratislava depuis 2021, souhaiterait ouvrir deux nouvelles antennes, en Belgique et en Allemagne. Avec cette levée de fonds, la deeptech espère également gonfler ses effectifs de 25 % l’an prochain et notamment ses équipes de R & D, qui représentent la moitié des salariés.
Une technologie basée sur l’intelligence artificielle
Concrètement la plateforme développée par Kheoos repose sur une technologie basée sur l’intelligence artificielle, qui permet de scanner les stocks de pièces de maintenance des entreprises, d’identifier chaque référence, d’enrichir les bases de données et d’éliminer les doublons. Un processus qui prendrait des mois à réaliser manuellement et qui permet surtout de rendre visibles des millions de pièces dormantes.
"Nos clients sont notamment de gros industriels, qui extraient de leur ERP les fichiers contenant leurs données de pièces de maintenance et nous les transmettent. Grâce à notre technologie, nous sommes capables de scanner ces datas, de les identifier et de trouver le prix de marché", avance Dominique Mercier.
Michelin, EDF, Valeo ou Poma font déjà partie des clients de Kheoos, dont la plateforme a permis à ce jour de vendre quelque 20 000 références. "L’enjeu pour nous est de convertir nos gros vendeurs en gros acheteurs. Notre ambition est de créer un marché de la seconde main pour les pièces de maintenance industrielle à l’échelle européenne", poursuit le PDG.
Une commission au moment de la vente des pièces
Le business model de l’entreprise repose sur un système de commission au moment où une pièce est vendue via la plateforme Kheoos, sur Amazon et Ebay, où la pépite propose aussi les dormants de ses clients. "Nous ne faisons rien payer à l’acheteur. Nous nous rémunérons au moment de la vente des pièces, et partageons la valeur avec le vendeur", explique ainsi encore Dominique Mercier. "Si un vendeur a la pièce recherchée par l’acheteur, Kheoos génère un ordre d’achat vers le vendeur, qui a juste à faire le colis. Nous nous chargeons ensuite d’envoyer le transporteur", termine Dominique Mercier.
