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"La participation de Liryc au capital des start-up doit générer des revenus pour l'IHU"
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"La participation de Liryc au capital des start-up doit générer des revenus pour l'IHU"

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Créé en 2012 sur le site de l’hôpital Arnozan à Pessac, Liryc, dédié aux solutions thérapeutiques liées aux maladies du rythme cardiaque, est l’un des sept instituts hospitalo-universitaires (IHU) français. À l’occasion de sa première levée de fonds pour parvenir à son autofinancement prévu par l’État en 2025, ses dirigeants, Mélèze Hocini et Pierre Jaïs, reviennent sur la dynamique attendue de ses spin-off.

Pierre Jaïr et Mélèze Hocini, cardiologues, directeur général et directrice adjointe de Liryc. La structure regroupe plus de 150 médecins et chercheurs — Photo : Anne Cesbron

Certis Therapeutics, InHeart et OP2 Drugs : ces start-up sont nées à l’IHU Liryc. Quels sont les liens qui existent entre la structure mère et ses spin-off ?

Mélèze Hocini : La création de start-up fait partie de la feuille de route des IHU et de leurs missions de valorisation de la recherche. Les start-up de Liryc sont le fruit du transfert des travaux de recherche vers le monde économique accélérant ainsi la mise à disposition des innovations aux patients. C’est d’ailleurs une manière d’assurer un transfert plus rapide et plus agile des innovations que par le biais des grands groupes industriels.

Les liens qui perdurent entre Liryc et ses spin-off sont d’abord d’ordre scientifique et humain, avec la mise à disposition des équipes de recherche communes, puis technologique avec l’accès facilité aux laboratoires, ainsi qu’aux plateformes de pointe de l’IHU pour les start-up qu’elle incube et héberge. Au-delà du rayonnement international et de la notoriété de Liryc qui leur confère une crédibilité scientifique, les start-up bénéficient aussi de la dynamique de l’écosystème de Liryc.

À l’échelle financière, la participation de Liryc au capital des start-up, la licence de brevet et la propriété intellectuelle doivent permettre des revenus à terme à l’institut.

L’IHU veut qu’une start-up soit créée par an au sein de Liryc. Pourquoi ce rythme ?

Pierre Jaïs : La création d’une start-up par an est un objectif très ambitieux que Liryc se fixe pour traduire la dynamique de transfert que l’institut veut instaurer et refléter le dynamisme de l’environnement technologique et économique du secteur. Il s’agit d’une ambition mais l’objectif reste bien entendu de transférer les innovations lorsqu’elles ont un potentiel économique.

Conserver les start-up dans le giron de Liryc n’est en revanche pas un objectif. L’idée est plutôt de leur donner les moyens pour se consolider et grandir, en s’appuyant sur l’écosystème de Liryc. L’ambition est d’en faire des acteurs économiques autonomes, tout en restant dans leur gouvernance au moins à court terme, pour continuer de les accompagner dans leurs phases précoces de développement des produits.

L’IHU peut-il devenir le pilote d’une économie cardiaque made in France ?

Mélèze Hocini : Si Liryc assure indiscutablement un leadership scientifique en France et en Europe, il serait souhaitable de pouvoir faire émerger un acteur industriel compétitif dans notre domaine, qu’il soit Français ou Européen. Cela ne dépend bien sûr pas seulement de l’IHU Liryc. Une vraie volonté nationale, voire européenne doit venir encourager les efforts et créer l’environnement favorable.

Pierre Jaïs : De nombreuses start-up émergent dans notre secteur. Néanmoins la transition vers les PME est difficile. L’absence d’acteurs industriels majeurs ou même de taille intermédiaire en France ou en Europe est une limite importante au retour sur investissement puisque les start-up les plus prometteuses finissent systématiquement dans le giron des majors Américaines.

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