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La Cristallerie de Saint-Louis ne veut pas se faire plomber
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La Cristallerie de Saint-Louis ne veut pas se faire plomber

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Impossible de fabriquer des objets en cristal sans utiliser de plomb. Problème : c'est un élément chimique polluant et la réglementation devient de plus en plus contraignante. Anticipant de nouvelles contraintes, la Cristallerie de Saint-Louis, à Saint-Louis-lès-Bitche (Moselle), investit pour abaisser son niveau de pollution.

Les Cristalleries de Saint-Louis, qui ont inauguré un nouveau four de fusion il y a deux ans, ont divisé par deux leurs rejets en plomb dans un ruisseau historiquement pollué. — Photo : Compagnie des Cristalleries de Saint-Louis

Quatre siècles de production cristallière dans le Pays de Bitche, berceau de cette industrie, ont valu au Grentzbach la triste palme de cours d’eau le plus pollué au plomb du bassin Rhin-Meuse. L’oxyde de plomb apparaît encore aujourd’hui incontournable dans la production des luxueux luminaires et objets de décoration commercialisés par la prestigieuse maison Saint-Louis, à Saint-Louis-lès-Bitche (Moselle), propriété du groupe Hermès. Il entre à hauteur de 24 % minimum dans la composition de tout objet en cristal pour lui conférer « ses propriétés si particulières en matière de sonorité, de réfraction de la lumière et de densité », expose Jérôme de Lavergnolle, PDG de la Cristallerie de Saint-Louis.

Une problématique pour toute la filière

Le problème du plomb, c'est qu'il est polluant. Et que la législation devient de plus en plus contraignante. Le plomb demeure dans le collimateur de la directive-cadre sur l’eau de l’Union européenne qui l’a classé « substance dangereuse prioritaire ». La problématique touche l’ensemble de la petite filière française du cristal représentée par quatre manufactures, toutes établies dans le Grand Est (Lalique, Daum, Baccarat et Saint-Louis).

Saint-Louis pouvait atteindre ponctuellement un niveau quatre fois supérieur au seuil d’un 1 milligramme de plomb par litre d’eau fixé par arrêté préfectoral. La manufacture de 300 salariés a décidé d’aller dans le sens de l’histoire qui se traduit par un durcissement des normes. La directive-cadre sur l’eau a été transposée en 2005 dans le droit français. À partir de 2010, les niveaux de rejets ont été déterminés au cas par cas selon la nature du milieu récepteur (ruisseau ou importante rivière). Par ailleurs, l’arrêté ministériel du 24 août 2017 sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) a revu à la baisse les niveaux des émissions de métaux.

Les rejets divisés par deux

La Cristallerie a donc conduit un travail de fond ces trois dernières années en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, un établissement public du ministère chargé du développement durable. Résultat, ses rejets en plomb dans le Grentzbach ont été divisés par deux. Concrètement, la cristallerie a remplacé un système obsolète de filtres par un dispositif plus performant : un substrat tourbé modifie désormais la structure physico-chimique du plomb, afin de faciliter sa captation par un filtre minéral.

« Saint-Louis a poursuivi sa démarche en engageant avec l’Agence de l’eau une étude globale pour mieux cartographier ses émissions », note Vincent Aizin, chargé d’intervention à l’Agence de l’eau Rhin-Meuse. Cette étude a notamment conduit la cristallerie à rénover l’été dernier son installation de neutralisation des eaux de polissage pour 400 000 euros d’investissement.

Les rejets de Saint-Louis dans le Grentzbach sont désormais cantonnés à un niveau moyen de 0,2 mg par litre. « Ces évolutions sont plutôt une bonne chose dans la mesure où elles prennent en compte les contraintes de temps et de moyens nécessaires à leur mise en œuvre », analyse le PDG.

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