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La conserverie D'Aucy investit pour renouveler sa gamme et se moderniser
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La conserverie D'Aucy investit pour renouveler sa gamme et se moderniser

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Spécialisée dans la transformation des légumes, l'ancienne Conserverie morbihannaise devenue fer de lance de la marque D'Aucy s'impose comme l'un des champions industriels du groupe coopératif Eureden. Malgré un âge vénérable qui fait remonter ses origines à 1942, l'entreprise accentue ses investissements non seulement pour renouveler sa gamme de produits mais aussi pour limiter son empreinte carbone, en même temps que ses coûts de production.

Pour un investissement d'environ 300 000 euros, l'usine D'Aucy du Faouët a procée en 2023 à l'automatisation des postes de palettisation — Photo : Bertrand Tardiveau

Implantée sur la commune du Faouët, en plein cœur de la Bretagne, elle est la plus grosse conserverie du groupe Eureden. Dans cette zone rurale bordée par la rivière Inam, l’ensemble industriel est assez grandiose : plus de 10 hectares d’espaces bâtis sur un ensemble foncier de 22 hectares. Pour cette vieille dame qui a fêté en 2022 ses 80 ans d’existence, il y a du bon à être adossée au géant coopératif breton qui compte plus de 18 000 agriculteurs coopérateurs et 60 sites industriels tout en réalisant un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros avec 9 000 salariés. "Notre histoire et nos valeurs nous placent au cœur de la stratégie du groupe qui mise beaucoup sur la marque D’Aucy et investit en conséquence", résume Michaël Le Moal, le directeur de l’usine D’Aucy du Faouët.

Véritable vitrine de la branche "long life" d’Eureden, D’Aucy demeure une valeur sûre dans la gamme des légumes conditionnés en boîtes métalliques appertisées qui autorisent une durée de conservation de plusieurs années. Pourtant, ce blason commercial né en 1968 suite au rapprochement de plusieurs coopératives morbihannaises pouvait risquer de tomber en désuétude, suite à leur fusion en 2020 au sein d’Eureden. "Présente en grandes surfaces et en restauration hors domicile, la marque D’Aucy est, encore aujourd’hui, achetée par près d’un foyer français sur deux et distribuée dans une cinquantaine de pays", rappelle Michaël Le Moal. Aussi, afin de garder intact son dynamisme, la marque se prête au sponsoring sportif. Elle accompagne depuis 2016, le Rugby club de Vannes pour lequel elle a placé son nom au fronton du tout récent centre d’entraînement.

Une production cadencée par les saisons

En ces temps de crise, les défis sont nombreux pour l’industriel morbihannais, à commencer par une spirale inflationniste qui a vu augmenter ses coûts énergétiques de plus de 20 %. En même temps, les conserves restent un atout pour manger sainement, à n’importe quel moment de l’année pour un coût raisonnable. Malgré une concurrence toujours plus vive du secteur des surgelés, la croissance de la demande reste assez soutenue, notamment sur les références bio et auprès de la restauration collective. C’est dans ce contexte que l’usine D’Aucy du Faouët opère sa mue pour devenir un maillon central de la stratégie de développement d’Eureden. Après l’abandon des produits carnés et un recentrage de ses activités sur les légumes en 2014, le site a vu affluer plus de 20 millions d’euros d’investissements depuis 2017.

Le taux de rejet sur les lignes de préparation des bocaux a été significativement amélioré au sein de l'usine D'Aucy du Faouët — Photo : Bertrand Tardiveau

Générant un chiffre d’affaires de 72 millions d’euros, l’usine dispose de 10 lignes de production et 6 lignes de conditionnement dont le cadencement s’adapte en fonction des productions saisonnières des coopérateurs, qu’ils soient en conventionnel ou inscrits dans le cadre du label AB. Salsifis, pommes de terre et légumes secs durant l’hiver, épinards, pois, carottes, flageolets et haricots à partir du printemps, puis betteraves et recettes diverses à partir de légumes surgelés quand arrive l’automne. "Nous traitons entre 50 000 et 60 000 tonnes de légumes chaque année, et nous produisons ainsi l’équivalent de 100 000 tonnes de conserves, en tenant compte du poids de la préparation à base d’eau et du conditionnement, qu’il soit en verre ou en métal", explique Michaël Le Moal. Pour parvenir à ces résultats, l’usine D’Aucy du Faouët emploie de façon permanente 240 salariés et environ 200 personnes supplémentaires afin de mieux tenir la cadence durant la période estivale.

De nouvelles références

Afin de contrebalancer l’essor des rayons surgelés et pour aller défier des marques rivales comme Cassegrain, D’Aucy a développé récemment une nouvelle gamme de recettes conditionnées en bocal verre au prix moyen conseillé de 2,35 € les 380 g. Au menu, deux références de légumineuses originales : curry de pois chiches aux épices douces et mijoté de lentilles aux légumes, échalotes, crème fraîche. Particulièrement tendance, le bocal en verre a également été adopté par D’Aucy pour trois recettes de légumes cuisinés à la provençale : ratatouille, courgettes et aubergines, dont les deux premières existaient déjà en boîte classique.

La marque D'Aucy a enrichi en 2023 son catalogue de recettes avec 5 nouvelles références — Photo : Unilet-Adocom

"Outre le renouvellement de notre catalogue, nos efforts d’amélioration ont essentiellement porté sur l’efficience de nos process et le confort au travail", insiste Michaël Le Moal. C’est ainsi que près de 10 millions d’euros ont été investis afin de moderniser un espace de plus de 1 500 m2. "Pour sécuriser et faciliter les flux, nous avons intégralement refait les sols, de même que la toiture qui a été munie de grandes baies vitrées pour laisser filtrer la lumière naturelle. Toujours dans l’idée de limiter au maximum la pénibilité des tâches, plusieurs postes ont été automatisés, notamment au niveau de la palettisation", souligne le directeur de l’usine.

Leader en Europe dans la préparation de bocaux

Un ensemble de cuisson composé de 12 autoclaves Steriflow a également été déployé. Chacune de ces unités est capable de traiter jusqu’à 5 000 bocaux par heure. "Outre le fait que nous pouvons, grâce avec ces machines, récupérer les quelque 500 litres d’eaux de ballast utilisées pour chaque opération, un système d’échangeur limite également la consommation énergétique du dispositif", se réjouit Michaël Le Moal qui assure disposer d’un outil leader en Europe dans la préparation de bocaux. C’est ainsi que près de 50 millions de bocaux sont expédiés chaque année depuis Le Faouët, sous nom propre ou marque de distributeur, avec un temps de stockage qui n’excède pas 8 à 10 jours.

Le stockage des produits D'Aucy n'excède pas 10 jours sur leur lieu de production au Faouët — Photo : Bertrand Tardiveau

"Une ligne devant s’arrêter pendant 30 minutes pour chaque bocal cassé, nous avons réussi à porter le taux de rejet à environ 10 pour 1 000" fait également valoir le responsable. Toutes ces innovations viennent en renfort de nouvelles infrastructures qui tendent à diminuer drastiquement les consommations d’eau et d’énergie du site industriel D’Aucy au Faouët (lire par ailleurs). Au-delà, l’entreprise prévoit de continuer à mobiliser des enveloppes allant de 500 000 à 1 million d’euros chaque année pour rénover l’ensemble de ses structures et poursuivre ses innovations.

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