Le site de cinq hectares, érigé en 1952 par l’architecte Fernand Pouillon à Saint-Menet près de Marseille, ne sentira plus le chocolat. L’ex-usine se rêve en effet aujourd’hui en studios de cinéma.
500 000 euros d'investissement
Avec le démantèlement des machines restantes, qui s'est achevé fin mars 2024 pour un investissement de 500 000 euros, l’usine a désormais définitivement tourné la page industrielle, après les fermetures successives de Nestlé (2006), de NetCacao (2011) et de la Chocolaterie de Provence en 2016. À cette date, Yulia Serykh, la directrice du site, a alors racheté l’intégralité des parts au groupe russe Ivory Coast Cacao (ICC) qui y avait investi 2012. Unique actionnaire, elle décide dans un premier temps de se lancer dans de la location immobilière pour des entreprises. Ainsi, la Brasserie de La Plaine (fabrication de bière artisanale) ou Mistral Services (logistique textile) s’installent dans les 30 000 m² de bâtiments à quelques mètres du Domaine Vallée Verte.
Un tiers des cinq hectares loués
"Nous avons réussi à louer près d’un tiers de la superficie", confie Virginie Geoffroy, directrice financière du site. Le reste attendait la fin du démantèlement. C’est aujourd’hui chose faite. Mais les perspectives ont changé.
Des décors prêts à tourner dans une ambiance industrielle
En 2019, une entreprise de menuiserie installée sur le site, réalise des volets pour la série de TF1 Camping Paradis et met en relation Virginie Geoffroy avec un repéreur national de France Télévision. " La série Plus belle la vie cherchait d’autres décors, plus industriels. Je fais faire la visite des lieux et il est enthousiasmé. C’est ainsi que l’aventure des studios de Saint-Menet a débuté", se souvient-elle. Depuis 2019, des séries (Bellefond, Le stagiaire, des téléfilms, des clips (IAM, Alonzo, Jul…) et des longs métrages (Heureux gagnants de Maxime Govare et Romain Choay, Les femmes au balcon de Noémie Merlant) ont été réalisés sur le site, souvent attirés par son aspect industriel. "Au fil des tournages, la Chocolaterie de Provence (l’entreprise a conservé le même nom) a accumulé des décors prêts à tourner : chambre d’hôtel, commissariat, réfectoire et parloir de prison, laboratoire clandestin et non clandestin, un loft… "Les productions nous laissent une partie des décors que nous pouvons alors proposer à d’autres tournages", commente de son côté Evgenia Donchenko, chargée de la communication du site qui, depuis six mois, a mis en place un site internet résolument orienté "tournages", rebaptisant ainsi la Chocolaterie de Provence, les Studios de Saint-Menet. Sous cette appellation, la petite équipe avait également postulé dans le cadre de l’appel à projets "La grande fabrique de l’image"- France 2030. "Nous n’avons pas été retenus alors que nous avons travaillé jour et nuit sur notre projet. Nous ne sommes pas aidés, mais nous souhaitons montrer que nous pouvons apporter une offre crédible et différente des propositions des studios existants sur le territoire. Nous ne serons jamais de grands studios, mais nous voulons contribuer à accueillir tous types de projets. Nous ouvrons nos portes aux écoles et aux formations aux métiers de l’image."
Devenir un village d'entreprises du cinéma et de l'audiovisuel
La Cinéfabrique vient ainsi tourner gratuitement dans les locaux de la Chocolaterie. "Nous rendons service et nous misons sur de futurs potentiels clients", ajoute la chargée de communication. L’association Plan D, qui a racheté un large éventail d’accessoires de la série Plus belle la vie et les mets en location pour des tournages, s’est installée sur le site. "Nous souhaitons devenir un village d’entreprises dédié aux entreprises du cinéma et de l’audiovisuel". Grâce aux Jeux Olympiques et à la quasi-impossibilité de tourner à Paris pendant les six prochains mois, les studios de Saint-Menet devraient accueillir prochainement deux téléfilms et trois longs métrages. Le site emploie quatre personnes et a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 765 545 euros.
