La Chaîne Logistique du froid : "Nous sommes indispensables, mais nos métiers ne sont pas assez connus"
Interview # Agroalimentaire

Valérie Lasserre déléguée générale de la Chaîne Logistique du froid "Nous sommes indispensables, mais nos métiers ne sont pas assez connus"

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La Chaîne Logistique du froid, organisation professionnelle des transporteurs et logisticiens sous température dirigée, a tenu, dans l'Ouest, des réunions régionales pour ses adhérents transporteurs et logisticiens de l’alimentaire. Valérie Lasserre, déléguée générale de l’organisation s’exprime sur la préoccupation majeure cette année : les difficultés de recrutement.

"Le développement du e-commerce ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de préparateurs de commandes. Il y aura toujours besoin de logistique" argumente Valérie Lasserre, déléguée générale de La Chaîne logistique du froid — Photo : Photo:(c)H.DELAROQUE - Herve DELAROQUE

Qu’est-ce que la Chaîne Logistique du froid ?

La Chaîne Logistique du froid est l’organisation professionnelle des transporteurs et logisticiens sous température dirigée. Cela concerne les denrées alimentaires en températures négatives (surgelés) ou positives (types yaourts), mais aussi des produits de santé. Elle réunit l’UNTF (transports), l’Usnef (entrepositaires) et Transfrigoroute (équipementiers). Nous comptons une centaine d’entreprises adhérentes, représentant 50 000 emplois.

Vous avez organisé des réunions régionales le 24 février au Mans et le 25 à Rennes. Quel était leur but ?

Ces réunions sont l’occasion de faire se rencontrer les acteurs locaux, autour de préoccupations communes, et pour nous, de présenter les enjeux nationaux. Le matin, on aborde les problématiques de métiers, transporteurs d’un côté, logisticiens de l’autre. Et l’après-midi, on partage un sujet commun. Traditionnellement, nous organisons une réunion dans chacune de nos cinq régions une fois par an (Bretagne, Normandie-Pays de la Loire, AURA-Sud Est, Sud Ouest et Nord-Est-Région parisienne). À cause du Covid, nous ne nous étions pas revus depuis deux ans en Pays de la Loire, et depuis 2019 en Bretagne.

Cette année, le sujet commun était celui des difficultés de recrutement. Est-ce si prégnant ?

Oui. Nos entreprises ont de plus en plus de difficultés à identifier des candidats potentiels, à les attirer, à les garder. Sur la Sarthe et la Mayenne, il manque une cinquantaine d’agents. Cela peut sembler peu, mais pour certaines entreprises, le besoin équivaut à 10 % de l’effectif en place. Les entreprises doivent faire face à de nombreux départs en retraite : en Bretagne, certaines d’entre elles ont dû remplacer 30 % de leur effectif l’an dernier, et devront en remplacer encore 30 % d’ici 2023 ! On n’est pas loin de la phase critique. Ces difficultés concernent tous les postes : les chauffeurs routiers, mais aussi les agents de quais, les préparateurs de commande, même les agents administratifs.

Comment l’expliquez-vous ?

Nos métiers ne sont pas assez connus. Les gens ne se rendent pas compte de leur développement technologique. Aujourd’hui, les camions sont confortables, extrêmement faciles à conduire, chargés d’électronique. Par ailleurs, ces métiers ont une responsabilité dans la sécurité sanitaire de la population. Nous sommes des acteurs indispensables pour approvisionner la population. Nous voulons faire savoir que notre secteur regroupe une grande diversité d’emplois et que ce sont des métiers d’avenir. Le développement du e-commerce ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de préparateurs de commandes. Il y aura toujours besoin de logistique.

Comment faire entendre ces arguments ? Quelles solutions émergent ?

Nos entreprises doivent aller à la rencontre des jeunes dans les écoles : dans les collèges et les lycées, plus encore que dans les formations spécialisées. Elles peuvent participer à des forums de l’emploi. Également, elles méconnaissent les financements de la Région et de l’État qui existent, pour les accompagner dans l’information et la formation. Nous avons d’ailleurs invité des acteurs des politiques publiques à nos réunions. Le représentant des groupements d’employeurs était également présent. Sur le recrutement, les profils des salariés ont évolué. Les entreprises doivent s’adapter à leurs demandes, à leurs contraintes familiales.

Ille-et-Vilaine Sarthe # Agroalimentaire # Distribution # Transport # Logistique