Bas-Rhin
Jus de Fruits d’Alsace : "Les marques distributeur et l’international nous ont fait gagner des marchés malgré l’inflation"
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Jus de Fruits d’Alsace : "Les marques distributeur et l’international nous ont fait gagner des marchés malgré l’inflation"

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Des volumes en hausse de 10 % depuis 2021 et plus de 400 millions de cols écoulés en 2023 sur un marché en recul : Jus de Fruits d’Alsace, implanté à Sarre-Union (Bas-Rhin) doit ces bons résultats à une accélération sur le marché des marques distributeur. Une progression également liée à l’internationalisation de l’industriel sur le marché américain au côté de Starbucks.

Jérôme Vasseneix, directeur du site de Jus de Fruits d’Alsace à Sarre-Union — Photo : Pascale Schaeffer

L’inflation ? Jus de fruits d’Alsace (JFA) (CA 2023 : 272 M€ ; effectifs : 304 collaborateurs) l’a assurément subie. Mais l’entreprise basée dans le Bas-Rhin en a également bénéficié, en volumes du moins, avec une hausse de 10 % des cols vendus en deux ans. Une performance sur un marché du jus en recul de 3 % par an depuis près d’une décennie. Et une croissance des volumes qui nécessite un investissement de 2 millions d’euros dans une nouvelle ligne de production qui sera en service dès février 2024 et un autre d’un million d’euros dans une soutireuse.

"Notre gros atout, c’est que nous sommes historiquement liés aux marques distributeur (à plus de 65 % des volumes)", pose Jérôme Vasseneix, le directeur de Jus de Fruits d’Alsace. "Après cinq années de crise et deux années de négociations difficiles", l’effet de masse et la diversification du pôle liquide de la maison mère, Laiterie de Saint-Denis-de-L’Hôtel (1,2 Md€ en 2023), ont finalement pesé dans le bras de fer avec les distributeurs.

"L’année a été éprouvante en termes de négociations"

"Nous avons eu une très mauvaise année 2022 en termes de résultat, due essentiellement à la hausse du coût des matières premières et de l’énergie. Mais nous avons réussi, à l’issue d’un travail constructif avec les distributeurs, à répercuter une grosse partie des hausses en 2023", explique Jérôme Vasseneix. Dans le contexte inflationniste et de réduction du pouvoir d’achat, le déréférencement de marques nationales - à l’image de la relégation de Tropicana chez Carrefour début 2023 - a joué en faveur de Jus de fruits d’Alsace. Pour contrer la hausse des prix, "les distributeurs se sont reportés sur leurs propres marques en faisant appel à nous", assure le dirigeant qui envisage une trentaine de recrutements au premier semestre 2024 pour accompagner le développement de son activité. "Mais l’année a été éprouvante. Pour faire face, nous nous sommes engagés dans quatre ou cinq rounds de négociations successifs. Nous avons défendu les hausses de tarifs et avons valorisé notre marge industrielle", précise Jérôme Vasseneix qui évoque, grâce à cela, un résultat annuel "en ligne avec les objectifs, et en rapport avec les années de référence".

Un marché de 11 millions de cols avec Sun Orchard et Starbucks

Entamées en décembre, les négociations menées par le pôle liquide de Laiterie de Saint-Denis-de-L’Hôtel laissent augurer d’une nouvelle croissance des volumes à deux chiffres en 2024, autour de 445 millions de cols (plus 100 millions depuis 2021). L’international vient également en soutien. "Nous avons décroché en mars 2022 un contrat avec Sun Orchard qui livre Starbucks aux États-Unis. Un marché à 8 millions de cols en 2023 et 11 millions en 2024. Avec le blocage du citron mexicain et la pénurie de chauffeur routiers, il revenait moins cher pour le client d’importer la citronnade concentrée depuis l’Europe que de lui faire traverser les États-Unis depuis la côte Ouest. En un an, nous avons assimilé toute la maîtrise de la chaîne logistique à l’export, nous avons réussi à ramener nos délais de livraison depuis Anvers de 38 à 28 jours", se réjouit Jérôme Vasseneix.

Dans une optique de maîtrise des coûts, JFA et son concurrent Eckes-Granini (qui avait cédé le site de Sarre-Union à Laiterie de Saint-Denis-de-L’Hôtel en 2008) ont investi collectivement dans 5 000 hectares de terres au Brésil, de manière, aussi, à sécuriser leurs approvisionnements en orange notamment et en ananas. Les premières récoltes sont attendues pour fin 2024.

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