Implantées dans la région de Roanne (Loire), les entreprises spécialistes du tricotage Jean Ruiz et Marcoux Lafay doivent leur survie à la tenace énergie d’un duo d’associés, Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre, dirigeants du groupe textile Manufacture de Layette et Tricots (MLT), basée à Morlaas, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), qui a vu dans le "made in France" un atout essentiel sur le marché du textile.
Entreprise du patrimoine vivant
Reprise en décembre 2020 (45 salariés ; 3 M€ de chiffre d'affaires en 2022) Marcoux Lafay, à Sainte-Agathe-la-Bouteresse, est devenu le navire amiral du groupe, capable de produire de grandes séries de pulls, bonnets et écharpes (de 6 000 à 20 000 unités) pour Kiabi, Auchan, Monoprix, Leclerc et Carrefour.
De taille plus modeste, sa société soeur Jean Ruiz (16 salariés ; 1 M€ de chiffre d'affaires en 2022), reprise en 2018 à Roanne, suit la même trajectoire. Labellisée Entreprise du patrimoine vivant, elle n'avait avant sa reprise par MLT qu'un seul client qui peinait à valoriser le made in France, générant une baisse de ses ventes. "Doté d'un très bel outil de production, Jean Ruiz est spécialiste de la maille haut de gamme, un des derniers détenteurs du savoir-faire en matière de remaillage en France", appuie Karine Renouil-Tiberghien. 80 % du chiffre d'affaires de l'entreprise provient de la fabrication de pulls, bonnets et écharpes pour les marques Tranquille Emile, Aigle, Le Pull Français, Bernard Solfin, etc.
Ces deux PME spécialistes de la maille ont dû adapter leur offre aux besoins de volumes de la grande distribution (1 million de pièces tricotées de juin 2021 à juin 2022) et séduire des marques haut de gamme, comme Aigle, Grain de Malice ou le Slip Français. "Nous nous sommes adaptés à cette clientèle, qui exige un excellent rapport qualité prix. Nous modulons les paramètres de matière et de finition pour offrir un prix compétitif", explique Karine Renouil-Tiberghien.
Relancer Camaïeu en digital
En deux ans, le chiffre d’affaires de Jean Ruiz a triplé, prouvant au passage que produire en France peut être rentable, à condition que les volumes soient conséquents. Et passé le cap fatidique du redressement. "Lors de la première année de reprise, nous avons navigué à vue du côté financier, en nous assurant juste que la trésorerie permettait de payer nos charges", raconte la dirigeante, ancienne cadre financière dans de grandes entreprises. Un choix qui a eu le mérite de préserver le moral des dirigeants en se concentrant sur l’essentiel. "Nous avons recensé et transmis le savoir-faire des personnes qui partaient à la retraite, renégocié ou abandonné les contrats mal ficelés et surtout sommes allés chercher de nouveaux business", résume-t-elle.
Forts de ces expériences et de l’envie de rentabiliser "un bel outil de production", les associés souhaitaient reprendre la marque Camaïeu mise en liquidation judiciaire fin septembre.pour la relancer en digital. "L'idée serait de relancer la marque en digital en localisant la fabrication en France", nous avait-elle déclaré fin 2022. Mais c'est finalement le groupe Célio qui l'a emporté le 7 décembre dernier pour un prix de 1,8 million d'euros.