Jean-Pierre Cauchy : "Il faut faire venir les capitaux, les talents et éviter la fermeture des usines existantes"
# Industrie # Attractivité

Jean-Pierre Cauchy : "Il faut faire venir les capitaux, les talents et éviter la fermeture des usines existantes"

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C’est en compagnie d’Arnaud Montebourg que l’antenne Lyonnaise des Forces Françaises de l’Industrie a fêté sa première année. Le réseau FFI compte 10 antennes en France et 600 entrepreneurs et investisseurs membres qui œuvrent à la réindustrialisation de la France. Jean-Pierre Cauchy à l’initiative de l’antenne Lyonnaise revient sur les missions de cette association.

Jean-Pierre Cauchy, ambassadeur FFI Lyon — Photo : DR

Vous êtes l’ambassadeur, avec Candice Genton, de cette antenne de Lyon pourquoi l’avoir lancée ?

Après avoir vendu mon agence digitale, j’ai créé en septembre 2020 Aluvy, une entreprise spécialisée dans les barbecues, plancha et mobiliers d’extérieur. Lorsque je me suis lancé dans l’industrie, j’ai eu du mal à sourcer des fournisseurs ou des fabricants et j’ai trouvé ça dommage. J’avais besoin de rencontrer des pairs pour partager mes problématiques techniques, de recrutement ou encore de management. D’où mon envie de monter une antenne FFI à Lyon qui a bien sûr un rayonnement régional. Aujourd’hui, une vingtaine de collaborateurs a rejoint l’aventure Aluvy et nous atteignons le million en chiffre d’affaires.

Quel est le rôle de l’antenne Lyonnaise de FFI que vous avez créée en 2022 ?

Fédérer, collaborer et agir vers plus de Made in France, c’est la raison d’être de cette antenne et plus largement de FFI. L’idée est de créer un réseau d’industriels, sous-traitants ou même consultants Auralpins qui font du Made in France et d’aider ceux qui souhaitent se lancer. Une fois par mois nous nous réunissons pour un déjeuner ou une visite d’entreprise ou d’usine. Le but est de partager des idées, son expérience et mener des réflexions sur la manière de faire avancer la réindustrialisation de notre pays. L’un des adhérents a d’ailleurs fait part de ses déconvenues lorsqu’il s’est positionné pour racheter l’un de ses sous-traitants en liquidation judiciaire mais que le tribunal de Clermont-Ferrand a tranché pour un fonds d’investissement chinois. La question des rachats de nos usines et savoirs faire est un réel sujet.

Quel est votre bilan pour cette première année et surtout quelle est la feuille de route de FFI Lyon ?

Nous comptons une trentaine d’adhérents (480 €/an l’adhésion) dont le président général de Lafuma, Boule Obut, Rossignol et Paraboot pour ne citer qu’eux. Plusieurs déjeuners ont eu lieu ainsi que des visites notamment de l’atelier Rossignol en Isère. La prochaine se fera justement dans les locaux d’Aluvy en Isère également. L’objectif est d’agrandir le réseau, le faire vivre et surtout partager les expériences, les bons sous-traitants. Nous souhaitons montrer que faire du made in France est possible.

Quel regard portez-vous sur l’industrialisation de la région ?

L’industrie en Auvergne-Rhône-Alpes représente 44 milliards d’euros soit 15 % de l’industrie Française et plus de 500 000 emplois. Mais à l’image du pays, il manque encore des acteurs. Nous avons besoin de recréer des industries et des compétences que nous avons perdues. Il faut faire venir les capitaux, les talents et éviter la fermeture des usines existantes. L’intention est là mais l’industrialisation s’inscrit dans un temps long. Il faut plusieurs millions pour lancer une usine. Or, les fonds d’investissement français sont obnubilés par la tech. Il est difficile d’obtenir des fonds pour un produit manufacturé ou une usine. C’est pourquoi Arnaud Montebourg a annoncé lors du déjeuner le lancement, à la rentrée, d’un fonds d’investissement de 500 millions d’euros pour le lancement de nouvelles usines et pour l’agriculture. Par ailleurs, l’industrie souffre d’une mauvaise image. Il faut que nous créions des écoles, que nous formions au sein de nos usines et que nous ouvrions les portes de celles-ci aux plus jeunes pour les attirer et leur montrer que l’usine d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 50 ans.

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