Alpes-Maritimes
Jacques Lesieur : « Ce qui a fait la réussite de Sophia Antipolis va faire celle du port Vauban »
Interview Alpes-Maritimes # Maritime # Innovation

Jacques Lesieur directeur général de la CCI Nice Côte d’Azur et directeur du Port Vauban à Antibes Jacques Lesieur : « Ce qui a fait la réussite de Sophia Antipolis va faire celle du port Vauban »

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Jacques Lesieur est directeur du port Vauban, premier port de plaisance d’Europe, situé à Antibes. Il est aussi le directeur général de la CCI Nice Côte d’Azur qui gère les lieux depuis deux ans et qui s’en donne dix de plus pour en faire la capitale méditerranéenne du yachting. Pour construire cette Technopole du Yachting, officiellement lancée le 7 juin, elle s’appuiera sur son innovante voisine, Sophia Antipolis.

— Photo : O. Oreggia

Le Journal des Entreprises : De quoi parle-t-on exactement quand on parle de yachting, secteur qui représente localement 445 TPE-PME, pour 1 843 salariés et 276 M€ de chiffre d’affaires ?

Jacques Lesieur : Le yachting concerne les bateaux de plus de 24 mètres ayant un équipage permanent. On parle de méga-yachts lorsqu’ils dépassent les 80 mètres. En la matière, notre capacité d’attractivité est très forte, puisqu’on considère que 40 % de la flotte mondiale des méga-yachts est sur la Côte d’Azur. Le port Vauban en a accueilli 185 l’an dernier.

Je prends un exemple marginal et qui fait sourire, mais qui montre sur quelle échelle nous sommes : le mois dernier, le Dilbar (156 mètres de long, propriété de l’oligarque russe Alicher Ousmanov, NDLR) a décidé de changer les coussins de ses sofas. Juste les coussins, pas les sofas eux-mêmes. Eh bien cela a nécessité deux semi-remorques !

Bien sûr, sur les 1 900 anneaux du port, la majorité ne sont pas de ce gabarit. L’ambition de la CCI Nice Côte d’Azur est de ne surtout pas gérer un parking à bateaux mais un port intelligent, connecté à la ville et à la technopole de Sophia Antipolis. Or, malgré son extraordinaire potentiel, notre territoire économique n’est pas assez tourné vers la mer.

Existe-t-il déjà des connexions entre Sophia Antipolis et le port Vauban ?

J. L. : Il y en a à travers les start-up, par exemple, qui essayent d’innover sur des sujets liés au développement durable, au balisage, au mouillage, mais il n’y en a pas suffisamment. Les technologies qui équipent notamment les plus grands yachts sont des technologies internationales et elles ont peut-être été imaginées ici. Mais le plus souvent, il manque le maillon de production, c’est-à-dire passer de la recherche au développement. Notre ambition est de faire se tourner la technologie et la technopole de Sophia vers la mer.

Vous parlez des entreprises et centres de R&D déjà en place ou faudra-t-il en attirer d’autres ?

J. L. : Parlons déjà ceux qui sont en place. Sophia Antipolis est, par exemple, très bien positionné sur les systèmes embarqués, essentiellement développés en matière automobile. Eh bien réfléchissons très vite avec ces acteurs à les déployer sur le maritime et le yachting. On a un potentiel et des entreprises extraordinaires, à nous de les pousser à imaginer qu’on peut faire quelque chose en mer.

Il faut aussi que l’architecture des lieux favorise tout cela. Dans le projet Vauban 21 figurent des espaces de coworking, des espaces de formation, d’expérimentation... Tout cela est prévu. Nous voulons vraiment positionner le port Vauban comme un laboratoire. C’est l’esprit de Sophia Antipolis.

La CCI est aussi là pour cela, pour innover. Elle a innové en créant l’aéroport de Nice, fut un temps. Elle a participé à Sophia et elle participe aujourd’hui à l’émergence d’un port performant. En animant les entreprises, mais aussi en formant les salariés dont ces entreprises ont besoin. Sur le Quai des milliardaires, en haute saison, il y a à peu près 2 000 salariés à bord des bateaux. Cela nécessite de la formation. Notre futur campus de l’apprentissage, dont nous poserons la première pierre le 27 juin à Nice, y contribuera. Tous les ingrédients sont là. Ce qui a fait la réussite de Sophia va faire la réussite de Vauban.

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