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Isabelle Guyomarch (CCI Productions et Ozalys) : « Donner du sens au projet entrepreneurial »
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Isabelle Guyomarch présidente de CCI Productions et d'Ozalys Isabelle Guyomarch (CCI Productions et Ozalys) : « Donner du sens au projet entrepreneurial »

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Présidente de CCI Productions (parfums et cosmétiques) à Acquigny (Eure), fondatrice de la marque de cosmétiques Ozalys et auteur du livre « Combattante ». La dirigeante met en avant la bienveillance en entreprise face à la maladie. Elle explique également le modèle d’entreprise hybride qu’elle constitue avec ses salariés.

« La bienveillance donne des résultats », estime Isabelle Guyomarch, invitée du forum Femmes et Challenges en décembre à Deauville pour dédicacer son livre « Combattante ». — Photo : JDE

Vous avez reçu l’Achiever award de CEW France (réseau international des professionnels de la beauté) pour votre engagement RSE. Une démarche sociétale mise en œuvre suite à votre cancer du sein. Comment la maladie a-t-elle modifié votre vision de l’entrepreneuriat ?

Isabelle Guyomarch : J’ai connu l’épreuve de la maladie en 2013, avec un cancer du sein stade 3, très agressif. Cela complexifie la gestion de l’entreprise, et il faut penser à l’avenir. La perspective de ma mort a fait trembler le groupe. Mes associés me disaient que c’était trop dangereux sans moi et voulaient vendre. Bien sûr, ce sont les affaires, mais cela m’a donné une certaine rage. Je suis une femme d’action et si on m'enlevait l’entreprise, j’avais l’impression que l’on me condamnait. J’ai décidé de racheter les parts de mes actionnaires, et seule à bord, j’ai choisi d’aller plus loin en fondant le laboratoire Ozalys, car je devais faire quelque chose de ce cancer. Ozalys est une marque de cosmétiques pensée pour les femmes malades qui subissent la sécheresse cutanée, ou encore les douleurs dans les membres qui rendent l’application d’un soin difficile. Au-delà du projet entrepreneurial, Ozalys fédère des actions sociétales comme la création d’ateliers-écoles pour maintenir ses salariés dans l’emploi, les arrêts de travail librement choisis pour les aidants, ou encore l’intégration de l’ensemble des salariés au capital du groupe.

Comment fonctionne votre gestion sociétale ?

I. G. : Nous incluons de la bienveillance dans notre gestion. L’objectif est de créer de la valeur avec la fragilité. Grâce à cette démarche, les salariés se sentent mieux et l’entreprise va mieux également. Depuis la mise en place de ce management, la maladie grave n’a pas diminué dans l’entreprise mais la bobologie, si. Les biens portants vont mieux grâce à un état d’esprit, une forme de bienveillance qui rassure. Chacun a peur de la maladie, mais avec cette gestion sociétale, les salariés savent que l’entreprise ne les jettera pas dehors. Cela crée des valeurs humaines ainsi que des valeurs d’entreprise. Et cela donne des résultats ! Nous avons ainsi une baisse de l’absentéisme marquée, avec 8 points de gagnés en trois ans ! Les gens éprouvent le besoin de venir travailler, c’est le début du moral.

Quel est le modèle d’entreprise « hybride » que vous proposez à vos salariés ?

I. G. : Dans le partage de valeurs avec mes salariés j’ai souhaité aller plus loin, jusqu’à proposer l’ouverture du capital de l’entreprise. C’est cette entreprise « hybride », sociétale et qui s’intéresse aux problèmes de ses salariés, que j'ai souhaité mettre en place. On peut faire de l’argent autrement. C’est un travail sur deux années qui doit aboutir en 2020. Pour moi, on ne peut plus gérer les entreprises comme avant. Il faut donner du sens, et cela passe par l’implication et la relation que l’on a avec son entreprise. Quoi de mieux que d’être actionnaire pour se sentir impliqué.

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