Pour le fondateur d’Ilium, Julien Gourlet, l’objectif est clair : "Devenir un acteur majeur, à l’échelle du monde, sur le marché des pools de minage de cryptomonnaies", ces monnaies numériques qui utilisent la cryptographie pour sécuriser les transactions. Concrètement, un pool de minage se présente comme une plateforme en ligne à laquelle des "mineurs" (chargés de valider les transactions en cryptomonnaie) vont connecter leurs ordinateurs pour mutualiser leurs puissances de calcul et vérifier ensemble les transactions : la plateforme distribue le travail, permet de réaliser plus de gains et prélève au passage une commission.
Système financier décentralisé
Le dirigeant d’Ilium, qui a créé la société en 2017 à Metz, vient de boucler deux exercices pendant lesquels l’activité a été multipliée par dix, pour atteindre 20 millions d’euros en 2021. Mais ce ne sont pas ces résultats, ni la taille du marché des cryptomonnaies, qui a dépassé les 3 000 milliards de dollars fin 2021, ou encore les 80 milliards de dollars échangés chaque jour en bitcoin qui justifient l’ambition du dirigeant. "Il y a un potentiel de révolution extraordinaire dans le monde des cryptomonnaies", décrit Julien Gourlet. "Avec une simple connexion internet, vous avez un système financier totalement décentralisé et vous n’avez pas besoin de banque centrale. Pouvoir se passer d’un tiers de confiance ouvre des cas d’usage extraordinaires." Ilium exploite le seul pool de minage de cryptomonnaies français, Cruxpool, qui revendique 3 000 utilisateurs quotidiens et 40 000 au total.
Un marché qui prospère aux États-Unis
Pour lancer Cruxpool, Julien Gourlet a rassemblé 250 000 euros, avec au tour de table Bpifrance, la Région Grand Est et les business angels de Yeast. Grâce à la croissance organique de l’activité, le dirigeant d’Ilium a pu rassembler une équipe de 25 personnes, comprenant des profils de très haut niveau. "Maintenant, nous devons trouver le temps de nous structurer sur un marché qui est en perpétuelle ébullition", détaille celui qui prépare une levée de fonds en série A.
Le dirigeant veut aller chercher "une petite dizaine de millions d’euros", avec des objectifs précis : "Nous voulons nous installer en Amérique du Nord", dévoile-t-il. Un projet motivé par la dynamique du marché des cryptomonnaies aux États-Unis, qui profite actuellement de la décision chinoise de bannir le minage de cryptomonnaie depuis le printemps 2021. "C’est un vrai basculement. Nous devons être là-bas pour conclure les bons deals."
Pilotant une activité consommatrice d’énergie, Julien Gourlet se dit "conscient des enjeux" liés à l’environnement : "Tous les systèmes de production d’énergie dans les pays démocratiques produisent plus qu’ils ne consomment, dans des proportions significatives. Cette énergie fatale intéresse aujourd’hui les mineurs de cryptomonnaies", détaille le fondateur d’Ilium, qui évoque notamment le potentiel de l’énergie hydraulique pour développer les activités de minage à travers le monde.
