Gérard Chevallier : Le voltigeur du Barreau

Gérard Chevallier : Le voltigeur du Barreau

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Avocat des grandes sociétés finistériennes, Gérard Chevallier a choisi le camp des patrons. Passionné d'aviation et de mécanique, ce professionnel du droit a le goût des affaires et de la haute voltige.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Les conseillers prud'homaux le disent. Reconnu par les patrons, redouté des salariés, il plaide avec synthèse et conviction. Quand d'autres naviguent entre patronat et salariat, Gérard Chevallier, a lui clairement choisi son camp. Avocat de la plupart des patrons ou grosses sociétés finistériennes* (B& B, Jacques Kühn...), il l'est «par goût du monde des affaires», affirme t-il dans son bureau situé en plein coeur de Brest, au numéro5 de la rue Georges-Clemenceau. Cet ancien site de production des bonbons Quéffélec appartenait autrefois à «sa marraine», une amie de ses parents. «Ici se trouvait la réserve.J'y jouais», se souvient Maître Chevallier en faisant visiter le lieu. L'avocat l'a racheté en 1992, sept ans après s'être mis à son compte et quitté le cabinet du bâtonnier de Brest où il avait démarré sa carrière. Transformée en bureaux, l'usine s'est agrandie par rachat d'appartements mitoyens. Sur les 700m², travaillent aujourd'hui 25 salariés.




«Supériorité des Rennais»








Son exigence de patron, il l'a forgée au fil d'une carrière opiniâtre et d'un travail «à la force du poignet.» «C'est quelqu'un qui s'est fait lui-même», souligne Yann Halna du Fretay, secrétaire général de l'Union des entreprises du Finistère qui collabore étroitement avec le cabinet Chevallier. Élevé seul par une mère célibataire devenue couturière pour subvenir aux besoins de son dernier enfant, Gérard Chevallier a le sens de l'effort. Sa grande soeur de 14 ans son aînée deviendra infirmière et son frère plus âgé de 24 années, général d'aviation. Lui, c'est avocat qu'il veut être. Et en vue de passer le Capa, marié, père d'un enfant, il part à Rennes étudier. La «supériorité des Rennais» qui prennent les Finistériens pour des «ploucs» a été un moteur de sa réussite, confie ce Brestois de souche. Il terminera major au Capa et damera «le pion aux Rennais.» Le goût du défi, il l'a certainement transmis au premier de ses quatre enfants Jacques-Emmanuel 34 ans, sportif de haut niveau, membre de l'équipe de France de golf. La combativité, le côté «m'as-tu vu», c'est aussi un fonds de commerce pour un avocat qui aime voler dans les plumes de ses adversaires. Dans sa vie personnelle, ses amis décrivent une personnalité plus ronde, qui n'a rien de solitaire. «Gérard est quelqu'un de sensible et de fidèle en amitié. Dans son univers professionnel, beaucoup verront sa carapace de battant», confie son ami de vingt ans, Pierre Podeur, qui lui a succédé à la présidence de l'aéro-club du Finistère.




L'art de la voltige

L'aviation. Ses yeux s'illuminent quand il parle de cette passion de toujours. On entend presque tourner le moteur et l'huile du moteur pisser. Ses héros d'enfance furent Pierre Clostermann l'as des as de la chasse française et Saint-Exupéry. Il attendra l'âge de 35 ans pour apprendre à piloter. Il découvrira les Stamp, ces avions sans toit vus dans des films comme Le patient anglais et Out of Africa. «Rarement un avion ne m'a autant fait penser à un oiseau, avec sa ligne majestueuse, gracieuse et tout en rondeur.» Piquer, tirer sur le manche, faire une boucle, se mettre sur le dos, avec arrêt du moteur, en vrille... Nouveau défi. Gérard Chevallier se met à la voltige. L'aventure des airs le conduira, avec des amis, en Russie pour l'achat d'un Yak, un petit avion de chasse russe immatriculé à Moscou et basé à Morlaix. Il participera à des meetings aériens. Aujourd'hui, il s'adonne à un autre loisir, les voitures historiques. «C'est ma façon d'aimer la vie. À 58 ans, j'ai l'impression de ne pas être passé à côté de grand-chose.»




*Mais l'entreprise ne réalise qu'un tiers de son CA localement.