Côtes-d'Armor
Catros réalise la première construction en béton bas carbone des Côtes-d'Armor 
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Catros réalise la première construction en béton bas carbone des Côtes-d'Armor 

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L’entreprise de gros œuvre et maçonnerie Catros de Lamballe-Armor construit un bâtiment avec du béton bas carbone, une première dans les Côtes-d'Armor. Ce nouveau matériau permet de réduire l’empreinte carbone du béton de 50 % et des évolutions devraient amener ce taux à 70 %. Le local est destiné au bureau d’études en structure béton armé Cabinet Le Bolloch.

Bruno Catros est à la tête de l’entreprise de construction éponyme, basée à Lamballe-Armor — Photo : Matthieu Leman

Depuis le mois de mai, un chantier historique se déroule à Trémuson. Le bâtiment qui y est construit pour le compte du Bureau d’études de structure de béton armé Cabinet Le Bolloch (282 000 euros de chiffre d’affaires en 2021, deux associés), serait en effet le premier du département réalisé en béton bas carbone. Peut-être même le premier de la région.

C’est l’entreprise de construction Catros (1,8 million d’euros de chiffre d’affaires en 2021, neuf salariés) qui est à l’origine de ce choix de matériau. "Nous avons signé un partenariat en septembre 2021 avec l’antenne régionale de Lafarge pour promouvoir son béton bas carbone", raconte Bruno Catros, à la tête de l’entreprise. "L’enjeu est de préparer l’avenir des bétonneux comme nous, qui sentons la pression des constructions bois et métal." Les nouvelles normes environnementales (RE 2020 notamment) signent en effet l’arrêt de mort du béton traditionnel, dit béton gris. "D’ici trois ans, on n’en parlera plus", estime celui qui est aussi le président départemental et régional de l’Union des métiers de la maçonnerie et du gros œuvre.

Facture carbone diminuée de 50 %

Le béton bas carbone se montre plus éco-compatible dans sa fabrication. Celle-ci demande moins d’énergie car le clinker doit être chauffé à une température moins élevée. "On est de l’ordre de 800° contre 1 400° pour le béton classique", précise Gérald Morin, à la tête du cabinet Le Bolloch en co-gérance avec Jean-Noël Chevalier. D’autre part, les centrales à béton qui le produisent doivent se trouver à moins de 30 kilomètres des carrières qui fournissent la matière première. Autre intérêt, "un bâtiment qui va au-delà des contraintes réglementaires aura toujours plus de valeur", reprend Bruno Catros.

Gérald Morin (à gauche) et Jean-Noël Chevalier sont les deux co-gérants du Cabinet Le Bolloch, bureau d’études de structure béton armé — Photo : Matthieu Leman

Ce nouveau type de béton, qui entraînerait une diminution de la facture carbone de 50 %, présente cependant des inconvénients. Il est plus cher de 20 % par rapport au traditionnel et lorsque le chantier se déroule en dessous d’une température extérieure de 15°, le temps de séchage est plus important et le décoffrage doit être souvent un peu différé. "Mais le produit est en perpétuel développement et de nouvelles versions devraient sortir", explique Bruno Catros. Certaines pourraient réduire le bilan carbone du béton "jusqu’à 70 %" assure le dirigeant. L’augmentation des volumes produits devrait en outre faire baisser le prix de ce béton plus écologique.

"C’est à nous de donner l’impulsion, de montrer qu’il est possible de faire des efforts environnementaux en utilisant un béton bas carbone", souligne Jean-Noël Chevalier. Le cabinet Le Bolloch a investi 220 000 euros dans ce bâtiment de 120 m² qui va accueillir ses activités, qui sont de l’ordre de 120 à 130 projets par an (bâtiment industriel, maison individuelle, tertiaire, logistique…) "Le béton bas carbone va devenir incontournable." Le surcoût de son utilisation dans le bâtiment de Trémuson a été évalué par Catros à 3 000 euros.

Un projet de construction de 50 maisons

L’entreprise de construction finit de son côté son installation sur l’ancien site de Lafarge à Lamballe. Fin 2021, le parc dépôt a été entièrement réaménagé. L’endroit compte 5 600 m² de terrain et 1 200 m² de construction, qui y ont été édifiés pour un investissement de 600 000 euros. Un bassin tampon de récupération des eaux de pluie a notamment été installé sous le bâtiment principal.

"Notre projet de construction de nos bureaux est en stand-by en raison de la conjoncture. Nous avons prévu un bâtiment de 900 m², dont 300 m² au sol, sur trois niveaux", développe Bruno Catros, qui a repris en 2001 l’entreprise créée par son grand-père en 1937. "Nous occuperons un tiers de l’espace et le reste sera loué ou vendu. Bien sûr, nous avons prévu de le réaliser en béton bas carbone."

La société de construction, dont 90 % de l’activité sont alimentés par les marchés publics, a signé un accord-cadre en 2021 pour la partie gros œuvre et maçonnerie de la construction d’une cinquantaine de maisons. Un contrat qui représente deux millions d’euros en gros œuvre. L’entreprise a également développé un savoir-faire pour mener des opérations en conception - réalisation de projets. "Nous l’avons acquis par le biais des opérations pour des bailleurs sociaux", confie le Costarmoricain. "Nous savons grouper les entreprises, les architectes, les thermiciens… et faire en sorte que l’alchimie fonctionne jusqu’au bout. En tant que mandataire de groupement, nous agissons comme un chef d’orchestre."

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