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Fortil vise l’Europe en toute indépendance
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Fortil vise l’Europe en toute indépendance

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Depuis trois ans, le groupe d’ingénierie Fortil accélère à grand pas. Après avoir doublé ses effectifs en 2022, pour compter 1 600 personnes, il veut devenir le plus grand groupe d’ingénierie indépendant d’Europe, porté par un collectif de plus de 3 000 salariés à l’horizon 2027.

Fortil emploie 1 600 salariés qui accompagnent les clients dans l’amélioration de leurs performances industrielles — Photo : Alice Emeriau

L’ambition de Fortil s’affiche en grand sur son site internet : "devenir le plus grand groupe d’ingénierie indépendant d’Europe au service des générations futures." Le défi est grand pour son fondateur, Olivier Remini et sa cohorte d’ingénieurs entrepreneurs. Un pas de géant a été franchi ces trois dernières années et en particulier en 2022.

À l’heure du bilan, les chiffres auraient pu lui donner le vertige, mais le fondateur le confie lui-même : Fortil repose sur des fondations solides. Au cours de sa treizième année d’existence, le groupe, qui a son siège à La Seyne-sur-Mer, a embauché 800 personnes, ouvert quatre pays, conquis plus de 200 nouveaux clients. "Nous avons aussi doublé notre chiffre d’affaires (138 M€ en 2022), renforcé nos fonds propres et associé 70 nouveaux talents au capital de l’entreprise", s’enthousiasme Olivier Remini. Au 1er janvier 2020, Fortil comptait 242 salariés. Aujourd’hui, ils sont 1 600.

3 000 à 3 500 salariés en 2027

Cette croissance des trois dernières années est essentiellement interne. Il y a eu quelques acquisitions, qui représentaient une vingtaine de salariés à chaque fois, notamment la société Numtech (Puy-de-Dôme), experte des événements atmosphériques et de leurs conséquences, le bureau d’études belge Alliance Engineering ou encore la direction des systèmes d’information du groupe Cnim (La Seyne-sur-Mer). Mais, Olivier Remini préfère parler d’intégrations. Désormais, il vise l’objectif de compter 3 000 à 3 500 collaborateurs à l’horizon 2027, porté par la même idée depuis 2009, depuis qu’il a embauché son premier salarié, alors qu’il n’avait que 29 ans. Il veut bâtir une entreprise qui permette aux ingénieurs toulonnais de travailler dans d’autres secteurs que ceux de la Défense et du naval, tout en créant de la valeur dans le Var et en région Paca. Ce premier recrutement était intervenu alors que l’enregistrement des statuts de sa jeune société était en cours. Le jeune dirigeant avait dû aller vite, puisqu’il venait de décrocher son premier client : Kontron à La Garde, qui conçoit des cartes électroniques et systèmes embarqués. Plus de 10 ans plus tard, l’entreprise est toujours cliente du groupe d’ingénierie, devenu une référence discrète dans de nombreux secteurs.

Il est d’ailleurs bien difficile de résumer en quelques mots le groupe Fortil. Il évolue dans le ferroviaire comme dans la santé, dans le nucléaire, comme dans l’énergie ou encore dans l’industrie lourde. Il a notamment pu s’appuyer sur le groupe varois Cnim, un équipementier et ensemblier industriel qui a compté dans l’histoire industrielle varoise. "Ils nous ont aidés comme aucun autre, ils ont formé nos premiers salariés, puis nous avons décroché un contrat-cadre avec eux." Cnim a aussi inspiré Olivier Remini, qui a été jusqu’à se porter candidat à sa reprise, en 2022. C’est finalement le groupe Paprec qui l’a emporté, mais Fortil y a gagné d’anciens salariés de Cnim et un nouveau client, l’industriel belge John Cockerill avec lequel il s’était associé pour bâtir son offre de reprise.

Aujourd’hui, les 1 600 salariés Fortil sont capables de construire des usines dans la santé, de participer au design du projet de réacteur thermonucléaire expérimental international Iter, de créer des unités de traitement des déchets, d’accompagner la transformation numérique ou l’amélioration de l’empreinte environnementale.

Une envergure internationale

Dans quatre ans, le groupe aux ambitions européennes, comptera 50 % de son effectif en dehors des frontières hexagonales. Car, pour avoir l’impact européen, mais aussi mondial qu’il espère, Fortil ne veut pas dépendre de l’économie d’un seul pays et exporte donc son modèle, mais sans toutefois revêtir les habits du groupe français conquérant. "Lorsque nous développons un pays, c’est parce que nous y avons trouvé la bonne personne, capable de porter un projet de développement. Puis, nous y investissons", explique le dirigeant. Le groupe varois est ainsi présent dans plusieurs pays européens, mais aussi en Algérie, en Tunisie ou encore au Canada depuis le début de cette année 2023. Une piste est en construction en Arabie saoudite, des voies sont ouvertes en Angola, en Afrique du Sud en matière de maintenance préventive. "Nous devons accélérer les activités internationales déjà bien engagées, car elles sont gages de pérennité, mais aussi de partage scientifique et technique, de valeur et de culture", souligne Olivier Remini.

Puis, en 2050, "nous voulons avoir un impact sur la population mondiale", résume l’entrepreneur. Comment compte-t-il s’y prendre ? "Grâce à notre technologie, grâce à notre ingénierie, nous pouvons toucher 100 % de la population mondiale. Par exemple, nous pouvons améliorer le quotidien en participant à la construction d’une usine de traitement des déchets, comme c’est le cas en Serbie, ou en investissant dans des protocoles pharmaceutiques. Au-delà de nos clients, nous nous sentons utiles."

Une richesse partagée

Pour écrire cette histoire qu’il qualifie d’extraordinaire, Olivier Remini mise sur les hommes et femmes de son entreprise, à commencer par son associé de la première heure, Jean Audibert. C’est d’ailleurs pour ses "collègues Fortil", qu’Olivier Remini est revenu s’y consacrer à 100 % après huit années passées à développer en parallèle deux autres entreprises dans la santé (Efor et Caduceum), qu’il a revendues. Depuis, il fait le pari de la force collective et veut offrir aux personnes "la possibilité de se connecter à quelque chose qui les dépasse." Il entend aussi conserver cette indépendance qui lui est chère, cette "liberté" qu’il considère "unique", arrivé à cette taille d’entreprise, alors que des concurrents, endettés, sont contraints d’adapter leur stratégie au nécessaire remboursement de leurs créanciers. Cette liberté, c’est donc chez Fortil, celle de choisir la répartition des richesses. "Nous voulons investir et valoriser nos talents", confie-t-il. Ainsi, sur les 28 sites que compte le groupe en France et à l’étranger, 17 sont des "comités locaux, qui ont le pouvoir sur leurs résultats et leurs décisions." Mais ce dont il est plus fier encore, c’est d’avoir ouvert le capital de son entreprise, désormais détenu à hauteur de 30 % par 200 de ses salariés. "Je détiens les 70 % restants mais je ne considère pas pour autant que le capital de l’entreprise m’appartient, je le diffuse vers ceux qui nourrissent la vision et je veux continuer à distribuer mon capital avec efficience." D’ici à 2027, Olivier Remini confie vouloir continuer d’explorer ce terrain de jeu collectif, s’appuyer sur des exemples majeurs, citant par exemple le groupe Michelin. Il veut donner à ceux qui conçoivent, mais aussi "à la société, à son territoire, car avant d’être entrepreneur, je suis citoyen".

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