Loire-Atlantique
Fédération des vins de Nantes : "La conjoncture n'est pas facile, mais nous restons optimistes"
Interview Loire-Atlantique # Agriculture # International

Louise Chéreau porte-parole de la fédération des vins de Nantes "La conjoncture n'est pas facile, mais nous restons optimistes"

S'abonner

Brexit, surtaxe américaine, Covid : quelles conséquences sur les ventes de muscadet ? Louise Chéreau, vigneronne à Saint-Fiacre-sur-Maine (maison Chéreau-Carré) et porte-parole de la fédération des vins de Nantes, revient en détails sur une année 2020 pas comme les autres et l'état d'esprit des professionnels pour 2021.

Louise Chéreau : " Une bouteille sur 20 produite en muscadet part au Royaume-Uni." — Photo : Emeline Boileau

Vous êtes porte-parole de la Fédération des vins de Nantes, que représente-t-elle ?

Louise Chéreau : Elle regroupe entre 450 et 500 vignerons, représentant, tous vins confondus (muscadet, coteaux d’Ancenis, Gros Plant, coteaux de la Loire, Sèvre et Maine, côte de Grandlieu) 9 600 hectares de vignes (AOP, IGP et Vins de France). 360 000 hectolitres de muscadets ont été produits en 2020.

Le Brexit est entré en vigueur le 1er janvier. Le Royaume-Uni est-il un marché important pour les vins de Nantes ?

Louise Chéreau : Les Anglais sont très attachés au muscadet qui dispose d’une très belle notoriété au Royaume-Uni. C’est aussi notre premier marché à l’exportation avec 2 millions de bouteilles exportées l’an passé : une bouteille sur 20 produite en muscadet prend la direction du Royaume-Uni.

Un accord de libre-échange a été conclu in extremis, le 24 décembre, entre l’Union Européenne et le gouvernement britannique. Le départ du Royaume-Uni de l’Europe a-t-il malgré tout eu des conséquences sur les ventes ?

Louise Chéreau : Un bond de 38 % a été constaté en 2020, qui s’explique par plusieurs phénomènes. Il y a la notoriété du muscadet donc, mais au-delà, les importateurs ont exprimé une certaine appréhension à l’égard du Brexit, ils ont donc surstockés dans la crainte de savoir ce qui allait se passer. Quant aux vignerons nantais, cela faisait un moment qu’ils se préparaient au Brexit, et ils ont anticipé les demandes. Concernant le prix du vin, pour l’Angleterre, il existait déjà une taxe très élevée, de l’ordre de deux livres sterling par bouteille (2,30 €). Mais il n’y a pas eu, depuis le Brexit, de véritable impact sur le prix. À titre personnel, j’ai commencé à faire partir des marchandises, et je n’ai pas rencontré de soucis sur les dédouanements.

Ni de lourdeur administrative ?

Louise Chéreau : C’était une crainte mais tout a été bien géré. Il y a quelques petits éléments à ajouter par exemple sur les factures, mais il n’y a pas de problématique sur ce sujet.

Chute des ventes aux États-Unis

Fin 2019, l’administration Trump a instauré, suite au contentieux Boeing-Airbus, une taxe additionnelle de 25 % sur les vins, toujours en vigueur. Les vignerons nantais en ont-ils souffert ?

Louise Chéreau : C’est difficile d’en mesurer l’impact réel, 2020 ayant été une année tellement particulière aux États-Unis. Ce pays est notre troisième marché à l’export (après Royaume-Uni et le Canada) avec 6 000 hectolitres vendus. Cette surtaxe a forcément créé un peu d’effroi chez les vignerons, une incompréhension également, car nous n’étions pas concernés par le contentieux Boeing-Airbus, ni par la taxe Gafa qui a également été mise sur la table comme argument par l’administration Trump pour instaurer cette nouvelle taxation. Le marché américain pour le muscadet est assez mature et haut de gamme donc, le souci a été davantage lié au Covid, les restaurants et café étant fermés. Nous terminons 2020 avec une baisse de 39 % des volumes d’exportation vers les États-Unis, noyée entre le Covid, la taxe Trump et ce qu’il s’est passé dans ce pays du point de vue sociétal.

" Des nouvelles envies "

Fermeture des bars et restaurants, confinement… Le marché français est-il également compliqué ?

Louise Chéreau : La moitié des ventes en France est réalisée en grande distribution. Comme les grandes surfaces étaient toujours ouvertes, nous avons conservé des ventes correctes. Bien sûr, nous avons perdu les CHR, et nous espérons vraiment que les restaurants rouvrent le plus vite possible. Les vignerons qui travaillent avec la restauration gardent des liens privilégiés avec elle, nous serons présents quand les restaurateurs auront besoin de nous."

La fédération des vins de Nantes regroupe enter 450 et 500 vignerons — Photo : Fédération des vins de nantes

Comment l’année 2021 se présente-t-elle ?

Louise Chéreau : Nous sommes globalement optimistes. Notre appellation a vécu beaucoup de changements depuis une dizaine d’années avec de nouveaux vignerons, de nouvelles mentalités, de nouvelles envies… Nous savons que la conjoncture n’est pas facile, il y aura toujours des choses négatives quoi qu’on fasse, mais en tant que vignerons nous voyons toujours le verre à moitié plein.

Loire-Atlantique # Agriculture # International