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Europlastiques et Kangui s’allient autour de l’autoconsommation électrique
Laval # Production et distribution d'énergie # Investissement

Europlastiques et Kangui s’allient autour de l’autoconsommation électrique

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Le groupe Europlastiques, fabricant d'emballages plastiques, avec ses filiales Decostyl et New Loop, et l’entreprise Kangui, connue pour ses trampolines, se sont réunis autour d’un projet énergétique : l’autoconsommation collective. Ce serait une première en Mayenne entre deux acteurs privés, selon le bureau d’études May ENR.

Sur les toits de l’entreprise Kangui dirigée par Frédéric Landais (à gauche), les partenaires de ce nouveau modèle d’autoconsommation électrique partagée : Arnaud Delobelle (New Loop), Benjamin Barberot (Europlastiques), Jonathan Gobillard (Decostyl), Dider Bailleau (MayENR) et Grégoire Lepage (Immo-Ouest) celui a suggéré l'idée de ce rapprochement — Photo : DR

La société Kangui, qui conçoit et distribue des trampolines, s'est installée zone des grands Prés aux portes de Laval début octobre. Son bâtiment flambant neuf de 3 000 m2 est en partie couvert par 1 000 m2 de panneaux photovoltaïques capables depuis novembre de produire 225 MWh d’électricité. "Au départ, nous pensions consommer 25 % de notre production, nous revendons les 75% restant à EDF, explique le dirigeant Frédéric Landais. Finalement, après calcul, l’entreprise n’en consomme que 11 MWh…"

Partager le surplus avec des voisins

Le dirigeant de Kangui (20 M€ de CA, 30 salariés) a alors eu l'idée d'aller toquer à la porte de l'usine voisine pour valoriser au mieux ce surplus et cet investissement d’environ 250 000 euros imposé par la loi Climat et résilience. "On savait que les hausses de factures énergétiques mettaient à mal les industriels. Nous avons donc proposé de partager notre surplus d'électricité", résume le distributeur de trampolines. Et le groupe Europlastiques a saisi l’occasion.

Le fabricant d’emballages alimentaires se dote ainsi d'une énergie verte, qui participe à la décarbonation de son activité globale. Cependant, la production électrique fournie par Kangui ne couvrira pas ses besoins, loin de là puisque l'usine de Changé consomme à elle seule 10 GWh, soit quarante fois la production totale du site Kangui.

À l’inverse de son voisin, le groupe présidé par Benjamin Barberot ne peut pas installer de panneaux sur le toit de son usine, inadapté pour supporter la charge. "Il faudrait tout refaire, les coûts seraient trop importants pour les gains réels. Et pour espérer couvrir 20 % de notre consommation avec une installation au sol, il faudrait recouvrir la totalité de nos espaces verts et remettre en cause notre aménagement extérieur en faveur de la biodiversité, et nos sous-sols enterré, ce qui serait contre-productif", explique la communication d’Europlastiques. Il y a dix ans, l’usine a été dessinée pour "limiter la consommation" surtout, sans penser à l’autoconsommation.

Un bon argument pour la RSE

Mais Europlastiques possède deux filiales qui partagent un même bâtiment dans la zone des Touches à Laval : le décorateur de pièces plastiques Decostyl et la toute jeune TPE New Loop. "À leur échelle, cette offre est plus intéressante, notamment vis-à-vis de clients soucieux du développement durable", remarque Éloïse Loriot, en charge de la communication et de la RSE du groupe. Car il s’agit aussi de valoriser une politique RSE et de répondre aux exigences commerciales.

Ces filiales situées dans une autre zone d'activités que Kangui et Europlastiques répondent aux conditions prévues par le code de l'énergie dans le cadre de l'autoconsommation collective : une distance physique de moins de deux kilomètres à vol d'oiseau entre un site producteur et un site receveur, et une contrainte de puissance totale de production possible de 3 MW maximum pour être raccordé au réseau basse tension.
Le transfert d'énergie reste virtuel. L'électricité produite est injectée dans le réseau. L'opérateur ne facture que la part qui n'est pas contractualisée en autoconsommation. "C'est un peu comme le système bancaire: si vous faîtes un virement en Mayenne, le billet retiré dans l'Est ne sera pas la même, mis aura exactement la même valeur", illustre Didier Bailleau, le "secrétaire opérationnel" de la structure juridique constituée par les nouveaux partenaires.

Une PMO qui pilote l'électricité produite

Une personne morale organisatrice (PMO) régit les règles de gouvernance de cette autoconsommation collective. Kangui y apporte un volume d'électricité. Europlastiques, mais aussi Decostyl et New Loop la rachètent par ce biais, à un tarif défini entre les partenaires.

Cette PMO est pilotée par le bureau d’études May ENR, dirigé par Didier Bailleau qui est aussi l’interlocuteur d’Enedis. Chaque mois, un tableau de bord permet de pouvoir réorienter une partie de la production autoconsommée vers l'un ou l'autre des consommateurs, Decostyl ou New Loop ; la variation possible des flux a été déterminée par contrat. Le volume total contractualisé est partagé entre l'usine Europlastiques de Changé pour un tiers et les compteurs des filiales New Loop et Decostyl, pour deux tiers.

La consommation électrique annuelle du site lavallois des Touches s’élève à 500 MW. Mais elle devrait "augmenter fortement avec l’arrivée de la ligne complète de New Loop" ; cette entreprise est encore en phase de lancement et attend une presse pour novembre 2024.

L’avantage pour l’usine Europlastiques est de pouvoir consommer l’électricité produite de manière plus linéaire sur des temps d’inactivité de Kangui, le samedi par exemple, avec une amplitude horaire plus importante en semaine.

Une initiative unique en Mayenne

Selon le dirigeant de May ENR, Didier Bailleau, il s’agit du seul partenariat de ce type dans l’agglomération lavalloise et le seul entre deux entités privées dans le département. Mais cela pourrait ne pas être le dernier : d'ailleurs, Europlastiques aimerait désormais multiplier l’initiative avec d’autres entreprises voisines qui disposeraient de panneaux photovoltaïques et dont la production électrique dépasseraient leurs besoins. Le groupe pourrait ainsi augmenter la part d'énergie "verte" dans son mix-produit énergétique. Par diverses solutions, l'industriel cherche en effet à réduire son empreinte carbone. Ce qui n'est pas simple quand on produit à partir de matières plastiques.

Laval # Production et distribution d'énergie # Plasturgie # Distribution # Investissement # Transition énergétique