Les débuts sont timides. "L’activité mensuelle de notre filiale nous permet de couvrir les charges de l’usine", évalue Sébastien Combedimanche, le directeur général du groupe éponyme, entreprise de sous-traitance industrielle métallurgique pour l’usinage, le pliage, le roulage et la découpe de tôle (50 salariés ; 9 M€ de CA en 2022), implantée à Toulaud en Ardèche. "Mais on monte en puissance progressivement", enchaîne-t-il, optimiste.
Amortissement et relais de croissance pour la PME
Inaugurée en février 2023, la filiale sénégalaise du groupe ardéchois - qui détient également une société spécialisée dans la fabrication de remorques, CBS Remorques - doit constituer, à terme, un levier d’amortissement pour les lourds investissements industriels réalisés en France (1 à 2 M€ par machine) et un relais de croissance, pour cette PME dont l’activité était jusqu’alors très majoritairement cantonnée au territoire national.
"À un quart d’heure de notre usine, va être construit le plus grand port d’Afrique de l’Ouest. Des gisements de pétrole et de gaz ont récemment été trouvés entre la Mauritanie et le Sénégal. Et en 2028, un gazoduc devrait relier le Nigeria au Maroc, via le Sénégal, liste le dirigeant. Tous ces projets vont nécessiter des pièces métalliques et des remorques. Et nous sommes les seuls du continent à disposer de nos machines et le premier constructeur de remorques d’Afrique de l’Ouest", argue-t-il.
Une implantation mouvementée
Ce ne sont pourtant pas ces arguments pragmatiques qui ont conduit le groupe au Sénégal. "Nous nous sommes pris d’affection pour ce pays", raconte Sébastien Combedimanche. En particulier mon père (le président de la société, NDLR) qui y va très régulièrement depuis des années." C’est en 2019 que Sébastien Combedimanche qui "rêvait d’international", part "à l’aventure" pour trouver des terrains au Sénégal afin d’y implanter son activité. Le récit de cette aventure est assez rocambolesque. Il y est question de négociation de terrains non cadastrés avec de multiples chefs de village, de mur d’enceinte long de 1,5 kilomètre réalisé à la pelle et à la pioche avec une charrette tirée par un âne pour ramener l’eau sur le chantier, d’interminable chasse à la TVA (qui n’est "pas automatisée et doit être négociée à chaque fois")…
Un peu plus de trois ans et 2,5 millions d’euros d’investissement plus tard, l’activité peut démarrer. "Nous étions prêts à la lancer dès 2021, mais nous n’avons eu les autorisations qu’en 2022, car les règles ne sont pas toujours claires et il n’est pas simple de trouver le bon interlocuteur", explique Sébastien Combedimanche. Sur place, une quinzaine de personnes, toutes sénégalaises, ont été embauchées et formées. Au quotidien, les équipes sénégalaises et françaises - Bernard et Sébastien Combedimanche en première ligne - dialoguent via WhatsApp sur les pièces à produire, la marche à suivre, etc. "C’est beaucoup de travail. Mais intellectuellement, c’est très enrichissant et on sait que l’on crée de l’activité économique dans des territoires qui en bénéficient directement", glisse le dirigeant.
