C’est un peu la Rolls des figurines de bande dessinée. En plus de trente années d’existence, Leblon Delienne est devenue une référence. Ses figurines issues de l’univers de la bande dessinée et de la pop culture séduisent collectionneurs comme amateurs d’art. Une patte reconnaissable entre toutes et un savoir-faire qui a permis à la société normande d’obtenir le label Entreprise du patrimoine vivant français dès 2010. « Je suis passionnée par l’artisanat. Je connaissais Leblon Delienne qui possède un ADN inédit dans l’art ludique et la pop culture. Cela me parlait et m’intéressait de faire perdurer cette entreprise », assure la nouvelle présidente de Leblon Delienne, Juliette de Blegiers. Cette ancienne des maisons Dior et Baccarat s’est associée avec deux Belges, le père de la marque Ice-Watch, Jean-Pierre Lutgen et le directeur général d’Ice, Olivier Etienne, pour reprendre les rênes de l’entreprise implantée à Neufchâtel-en-Bray, et ainsi pérenniser ses emplois très spécialisés. Car l’entreprise du Pays de Bray, créée en 1987 par Eric Delienne et Marie Leblond, a employé jusqu’à 45 personnes, et multiplié les licences de Bécassine à Spirou, en passant par Caliméro ou Michel Vaillant… Avant de connaître une histoire chaotique et semée d’embûches depuis sa reprise en 2007 par Laurent Buob, un dépôt de bilan en 2011, jusqu’à sa liquidation judiciaire fin 2014. Des difficultés dues en partie à une gamme essentiellement orientée vers les personnages de bande dessinée franco-belge et les objets dérivés, une approche commerciale trop limitée sur un secteur d'activité à l'environnement devenu beaucoup plus international. Mais son savoir-faire unique avait alors attiré l’attention du fonds d’investissement parisien Heritage collection, spécialisé dans les savoir-faire d’exception et qui avait alors réorienté l'entreprise vers les univers de l'art ludique (personnages de bande dessinée, héros de cinéma ou encore de jeux vidéo), l'univers de l'art de vivre, et enfin, le domaine de l'art contemporain par des collaborations avec des artistes de renom. Un scénario rocambolesque qui offre une suite à rebondissements à l'entreprise avec l’arrivée de ses trois nouveaux actionnaires.
Des pièces iconiques
Les nouveaux dirigeants, issus de l’univers du luxe et des affaires, ont tout de suite décelé le potentiel de Leblon Delienne. « L’entreprise a une vraie identité et un savoir-faire dans la sculpture en résine », souligne la présidente. Avec une cinquantaine de modèles au catalogue, une large palette de coloris, Leblon Delienne propose des milliers de références dont des « pièces iconiques, très fortes comme Astérix et Obélix, ou encore Les Schtroumpfs », énumère Juliette de Blegiers. Au-delà de l’aspect sentimental, l’entreprise veut maintenir un portefeuille de licences emblématiques et développer des licences plus qualitatives. C’est le cas avec Mickey, dont on célèbre actuellement le 90e anniversaire. « C’est un personnage universel, qui porte de belles valeurs », se félicite la dirigeante. Leblon Delienne a d’ailleurs imaginé une sculpture d’1,40 m de haut, exposée pour les fêtes au Bon Marché, à Paris. La petite souris se décline dans des versions très chics, blanc laqué et chromé argent. Des pièces très décoratives qui constituent l’un des axes de développement pour les nouveaux dirigeants. Leblon Delienne est devenu l’un des exposants du salon professionnel Maison et Objets, dont la prochaine édition a lieu à Villepinte en janvier. « Nous voulons développer un axe plus déco, plus design. C’est important de se diversifier », estime Juliette de Blegiers qui a déjà mené des projets d’aménagements intérieurs.
Parallèlement à sa ligne de studio, Leblon Delienne a bien l’intention de poursuivre sa collaboration avec des designers tel que Zaha Hadid design avec une impressionnante table inspirée de Star Wars. Marcel Winders (Kartell, Roche Bobois, Christofle…) signe One Minute Mickey une sculpture de 140 cm peinte à mains nues. Ron Arad (Kartell, Alessi, Ruinart…), Arik Levy, font partie des artistes sollicités par l’entreprise, ainsi que la Française Constance Guisset, grand prix du design de la ville de Paris, qui signe une série d’objets décoratifs issus de l’univers imaginaire des super-héros.
Une montée en gamme
De nouvelles collaborations mais aussi de nouvelles techniques et de nouvelles façons de travailler sur lesquelles planche l’entreprise qui réalise aussi des commandes pour des artistes. Un positionnement qui monte en gamme et naturellement cible une distribution sélective, comme le Bon Marché à Paris, des concepts store ou des boutiques de décoration d’intérieur. « Ce serait intéressant d’ouvrir de nouveau un point de vente en nom propre pour refléter l’univers de la marque », souffle la présidente (Leblon Delienne avait une boutique à Rouen), qui pense naturellement à la capitale.
Depuis huit mois, la stratégie des nouveaux dirigeants semble payer. Même si Leblon Delienne ne communique pas sur son chiffre d’affaires, elle affiche « un bon démarrage, au-dessus de nos attentes », s’enthousiasme Juliette de Blegiers. De quoi permettre à l’atelier de sculpture, de repartir sur des « bases saines et solides ».
Leblon Delienne en bref
Présidente : Juliette de Blegiers
Adresse : rue des Abreuvoirs, Neufchâtel-en-Bray
7 salariés
100 € : premier prix pour une sculpture Leblon Delienne
2010 labelisée Entreprise du patrimoine vivant
