Charente
Elicit Plant : "Privilégier le développement international au portefeuille produits"
Charente # Chimie # Innovation

Elicit Plant : "Privilégier le développement international au portefeuille produits"

S'abonner

Depuis un an, la PME charentaise en hypercroissance Elicit Plant déroule une stratégie clairement axée sur l’export, avec une gamme de biostimulants pour l’agriculture étroite mais efficace. Après le maïs et le soja, sa technologie qui réduit la consommation d’eau est désormais déclinée pour le tournesol, toujours avec des visées internationales.

Elici Plant occupe désormais une douzaine de bâtiments de la ferme familiale d’Aymeric Molin et du hameau autour, au cœur de la Charente — Photo : Elicit Plant

Jamais Aymeric Molin n’aurait cru que l’entreprise se développerait aussi vite et aussi fort. Pourtant, Elicit Plant créée en 2018 vise tranquillement les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires à moyen terme. "On les atteindra facilement", assure le directeur d’exploitation. "Parce que le produit le mérite et que nous nous structurons comme une entreprise qui réalise 100 millions."

Elicit Plant a effectué plus de 500 tests sur trois continents — Photo : Elicit Plant

Elle n’en a pourtant cumulé "que" 1,5 million d’euros en 2022, mais l’agribiotech charentaise devrait dépasser les 5 millions de chiffre d’affaires en 2023 et atteindre le double l’an prochain. Elle récolte les fruits de sa politique. "Nous avions le choix : soit développer un portefeuille de produits très larges sur un pays, soit nous concentrer sur un produit ultraperformant pour créer de la valeur pour tous les agriculteurs. Nous avons privilégié le développement international au portefeuille produits."

Economies d’eau

Très sceptique devant "une énième poudre de perlimpinpin" quand il a été contacté il y a cinq ans par ses deux futurs associés en quête de conseils, l’agriculteur charentais raconte avec enthousiasme combien il a été "effaré" par les premiers tests. Le biostimulant à base de phytostérol, molécule végétale utilisée à l’origine en cosmétique, accroît la résistance au stress hydrique et réduit la consommation d’eau des grandes cultures. "Entre 18 et 32 °C, le produit aspergé permet en moyenne 20 % d’économie d’eau, jusqu’à 40 %."

Elicit Plant développe des biostimulants destinés aux grandes cultures — Photo : Elicit Plant

Jusqu’en 2022 le marché français a été le cœur de cible, "mais depuis 2023, c’est l’international, toujours avec des équipes locales." Elicit Plant commercialise déjà dans six pays de l’Union Européenne, en Ukraine, au Brésil. "L’an prochain, c’est le Royaume-Uni, puis le Canada et le Mexique." Le développement est conditionné à une fine étude préalable des sols, des climats, de l’agronomie locale pour garantir une efficacité optimale.

Tournesol, céréales à paille et vigne

Après le maïs et le soja (Best-a maïs), Elicit Plant a lancé cet automne une version adaptée au tournesol (EliSun-a) "parce qu’on avait un gros potentiel en Ukraine", et aux céréales à paille (EliGrain-a). Le prochain, espéré entre 2024 et 2025, sera destiné à la vigne. "Avec trois produits, le portefeuille reste étroit mais avec de vastes pays cibles", analyse Aymeric Molin. Dans les faits, ce sont déjà 600 références à gérer, "rien qu’avec les langues et les conditionnements".

Le dernier produit mis au point par Elicit Plant est destiné aux tournesols — Photo : Elicit Plant

À terme, Elicit Plant espère bien s’implanter aux États-Unis, "qui restent la première agriculture du monde, mais nous irons quand nous serons riches". Si les résultats sont concluants dans le bassin méditerranéen, la PME se penchera aussi sur le Maghreb qui, à l’inverse de l’Afrique tropicale, est déjà bien équipé pour appliquer et contrôler le produit sensible aux dosages.

D’ici là, l’entreprise recrute à tours de bras, prévoyant de franchir le cap des 100 salariés - 80 aujourd’hui -, et colonise désormais tout le hameau ou presque autour de la ferme familiale à Moulins-sur-Tardoire. Aux 3,6 millions investis pour équiper les bâtiments en laboratoires de R & D, Elicit y ajoute 2,5 millions pour 800 m² de bureaux, des chambres de culture plus modernes et des chambres tout court pour héberger son personnel en télétravail.

Une autre étape pourrait être d’internaliser la production, assurée par Phyteurop Industries dans le Maine-et-Loire. "Nous saurions où implanter le site et les fonds d’investissement nous suivraient. Mais cela n’a de sens qu’à condition de faire aussi bien et moins cher."

Charente # Chimie # Innovation # Export # Créations d'emplois # Investissement