Digihelp veut faciliter le travail des services de secours
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Digihelp veut faciliter le travail des services de secours

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Digihelp est une application angevine qui souhaite accélérer les interventions des pompiers ou des forces de l'ordre lors des accidents ou des incidents, en simplifiant les alertes données par les citoyens. Elle devrait être disponible en janvier 2024

Sylvie Holvec et Antoine Galpy sont deux des trois dirigeant de la start-up angevine Digihelp — Photo : Olivier Hamard

La version définitive de Digihelp devrait être finalisée cet été avant d’entrer en phase de test pour six mois pour être disponible en janvier 2024. "Il faut auparavant que l’on valide tout dans les moindres détails", indique Antoine Galpy, fondateur de plusieurs start-up et initiateur de Digihelp. L’application, créée par la start-up du même nom installée dans les locaux du tiers lieu WeForge, à Angers, vise à faciliter les interventions des services de secours et de sécurité avec l’implication des citoyens. "J’ai été confronté à une agression en bas de chez moi, raconte Antoine Galpy. J’ai appelé la police et l’intervention a pris du temps. En discutant avec les forces de l’ordre ce soir-là, je me suis dit qu’elle aurait pu être plus rapide en simplifiant le process. On peut en effet signaler en temps réel la présence des gendarmes au bord de la route, on devrait pouvoir faire pareil pour permettre aux secours et aux forces de l’ordre d’intervenir."

La question du RGPD

Le dirigeant angevin a alors imaginé une application utilisable par chaque citoyen : en l’activant, apparaîtra une liste de typologies d’incidents (accident, agression, incendie, bagarre…) que l’on confirmera le cas échéant. En temps réel, les postes de commandement, police, pompiers, gendarmerie, ou encore police municipale verront apparaître l’alerte sur leur écran, comme les équipes mobiles, sur une tablette. Ils pourront alors avec un simple bouton rappeler le témoin. De son côté, l’appelant, géolocalisé, pourra même ajouter une vidéo. Les personnages seront floutés par un serveur avant même d’arriver aux services concernés, pour respecter les obligations en termes de RGPD. "L’intérêt de la vidéo est de montrer les faits et d’ajouter des éléments pour les professionnels qui vont intervenir, ajoute Antoine Galpy. Nous avons beaucoup travaillé cette question du respect des personnes pour aussi éviter la délation. Avant d’inscrire la première ligne de code, nous avons tout passé au crible dans ce domaine avec un avocat. Nous allons probablement provoquer un rendez-vous avec la CNIL pour montrer que nous serons parfaitement conformes aux lois en vigueur." En cas de réquisition, les images originales non floutées pourront être mises à disposition des enquêteurs, mais à l’issue du temps de conservation prévu par la loi, elles seront automatiquement détruites.

Recréer du lien

Pour le citoyen, la démarche est facilitée : inutile dans une possible panique de se demander quel numéro appeler, pas de stress d’un appel téléphonique d’urgence et d’une description orale possible source d’erreur et ensuite réinterprétée pour être transmise aux intervenants sur le terrain, limitation des informations aux simples faits. "Aujourd’hui, les appels sont essentiellement traités par ordre d’arrivée et non par gravité, ajoute Sylvie Holvec, associée à Antoine Galpy dans l’aventure de Digihelp avec également un développeur en informatique, Malcom Morel. Cela ne sera plus le cas. S’il y a beaucoup de signalements pour un même fait, l’algorithme va les regrouper pour que les services disposent d’un maximum d’informations complémentaires. Des codes couleur seront attribués au fur et à mesure selon le nombre d’appel." "L’objectif est que les services aient un maximum d’informations pour optimiser l’intervention, poursuit Antoine Galpy. Ce que le témoin pouvait donner, il l’a fait très simplement. L’application vise aussi à recréer du lien entre les services d’interventions et les citoyens, et à chacun d’être acteur de sa sécurité et des celles des gens autour. Ce qui nous intéresse avant tout, c’est l’efficacité. Et si elle permet de sauver des vies, rien que pour cela, ça vaut le coup !"

En France et à l’étranger

Les dirigeants souhaitent convaincre des collectivités, les services de police, les SDIS, la gendarmerie ou tout autre acteur de la sécurité publique, à qui Digihelp sera facturée. "Nous leur proposerons de gérer la communication auprès des citoyens, ajoute Antoine Galpy, et sommes tout à fait prêts à commercialiser l'application en marque blanche." Les données statistiques, totalement anonymes, pourront être ensuite transmises aux clients pour optimiser la gestion de leur espace public ou l’organisation de leurs équipes sur le terrain. Les dirigeants imaginent déjà des prolongements, leur application pouvant s’appliquer aux organisateurs de festival ou de tout type d’événement, pourquoi pas au sauvetage en mer ou encore au trafic ferroviaire, en permettant peut-être un jour de lutter contre les violences conjugales ou en faveur des enfants victimes de mauvais traitements. Elle est également prévue pour être adaptée dans d’autres pays, en Europe où la réglementation en termes de RGPD est commune, voire plus loin si elle est traduite.

Pour l’heure, les fondateurs de Digihelp, qui viennent d'intégrer l'accélérateur ADN Booster, finalisent l’application qui pourrait être testée dans une grande ville au second semestre. Parallèlement, ils réunissent la somme nécessaire, environ 100 000 euros, pour aller jusqu’au lancement attendu en janvier 2024, et envisagent ensuite une montée en charge, pour parvenir à une équipe de 25 personnes d’ici 18 mois et peut-être une quarantaine à terme. Avec la volonté de recruter uniquement sur le territoire angevin.

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