Crowdlending : Les entreprises de la région explorent le filon
# Finance # Conjoncture

Crowdlending : Les entreprises de la région explorent le filon

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L'UFC-Que-Choisir a publié fin février une étude accablante sur les plateformes de crowdlending (prêts aux entreprises par les particuliers). Pourtant si les prêteurs doivent être vigilants, les emprunteurs semblent assez sereins. Témoignages de TPE et PME locales qui commencent à explorer ce nouveau filon de financement..

— Photo : Le Journal des Entreprises

« Ce système est par nature générateur de risques portés par les seuls consommateurs. Ce sont en effet, les projets que le secteur bancaire n'a pas jugés viables qui se retrouvent sur ces plateformes, à des coûts de crédits deux à trois supérieurs, ce qui rend les entreprises emprunteuses encore plus fragiles ». Le jugement est sévère. L'association de consommateurs UFC-Que-Choisir a publié le 23 février dernier une étude du financement participatif, notamment des prêts de particuliers, aussi appelé le crowdlending. Le principe est le même que celui du crowdfunding : via une plateforme web validant les conditions et les taux du prêt en fonction des risques, des particuliers se groupent pour financer des prêts sollicités par des entreprises, TPE ou PME en général. Un business amené en France en 2013 par Unilend et aujourd'hui florissant. Lendix, Lendopolis et la vingtaine d'autres plateformes existant sur le marché français ont collecté, en 2016, quelque 96,6 millions d'euros contre 66,3 millions d'euros en 2015 (Source : baromètre KPMG du financement participatif). Si ces plateformes promettent un taux de 7 % en moyenne aux prêteurs, l'UFC-Que Choisir pointe en réalité un rendement moyen de 0,33 à 1,6 % (fiscalité et défauts déduits).

Les PME rhônalpines se lancent dans la course

Les entreprises d'Auvergne-Rhône-Alpes sont entrées dans la danse. Elles sont nombreuses à se laisser séduire par cette nouvelle manne de financement. Et ne semblent pas franchement regretter leur choix. À Saint-Étienne, Jean-Pierre Lambert, patron de la chocolaterie du Val Janon (CA 2016 : 400.000 euros) ne décolère pas contre sa banque. « J'avais besoin de 10 000 euros à l'été dernier pour acheter des machines en Allemagne suite à une liquidation (une autolaveuse, une chambre froide, deux enrobeuses à chocolat et un tunnel de froid NDLR). Je ne pouvais pas financer cet achat sur fonds propres. Ma banque n'a pas voulu suivre alors que j'ai toujours dégagé un résultat de 10 % ! ». Sur les conseils d'un autre artisan, le dirigeant de la TPE s'est alors tourné vers une plateforme de crowdlending. « J'ai eu les fonds en quelques jours. Le process était super simple. C'est vrai que je rembourse avec un taux d'intérêt de 4,5 % au lieu d'1,5 % mais au moins j'ai eu les machines que je voulais acheter ».

Des besoins non financés par le système traditionnel

Gaëtan Allard, fondateur de la TPE lyonnaise "Les Nouveaux Potagers", (bureau d'études pour l'aménagement de jardins d'entreprises ; CA 2016 : 100 000 euros) partage la satisfaction du dirigeant stéphanois. « Nous avions besoin d'argent pour développer l'activité et acheter un véhicule. La banque a donné son accord pour le véhicule et le matériel de jardinage mais pas pour le BFR. On a donc fait appel au crowdlending pour 11 000 euros à un taux de 7 % ». Julien Bressieux, directeur des Éditions Récréatives (CA 2016 : 2,5 millions d'euros ; 10 salariés) en Haute-Savoie a dû lui aussi en passer par ce mode de financement alternatif pour son BFR et son développement à l'international. Il a obtenu un prêt de 120 000 euros en trois semaines. « Pas de caution, pas de garantie, pas de lourdeur... la contrepartie est un taux d'intérêt plus élevé », résume le patron de la maison d'édition.

Des financements complémentaires

« Ces plateformes financent effectivement des lignes sur lesquelles nous ne pouvons pas nous positionner (l'immatériel, l'international, le BFR...) », reconnaît Frédéric Hello, responsable du marché professionnel au sein de la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes. « Mais l'inverse est vrai aussi. Nous finançons de la création d'entreprises, pas elles, nous faisons des prêts longue durée, pas elles, des taux variables etc. En fait, nous sommes complémentaires... Il se pourrait que des accords émergent ».

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