Coronavirus : « Sans masques, la reprise du travail ne sera pas possible dans l'industrie »
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Thierry Chaumont président de l’UIMM Alpes-Méditerranée Coronavirus : « Sans masques, la reprise du travail ne sera pas possible dans l'industrie »

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Thierry Chaumont, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée, envisage les conditions d’une reprise de l’activité industrielle à partir du 11 mai et rappelle la nécessité d’une réindustrialisation de l’économie française.

— Photo : D.R.

Le Journal des Entreprises : Comment les entreprises industrielles régionales surmontent-elles la crise actuelle ?

Thierry Chaumont : La situation est variable. Au niveau national, l’industrie fonctionne à 55 %. En région Sud, nous faisons un peu mieux car nous avons notamment davantage de sites de recherche et développement que de production proprement dite. Notre objectif est clairement que toutes les entreprises qui le peuvent et mettent en œuvre les barrières sanitaires puissent continuer à travailler. Il y a bien sûr des limites. Les sociétés qui accueillaient en leur sein des salariés de sous-traitants ne le font pas par exemple en ce moment pour des raisons évidentes de sécurité.

Pensez-vous que l’activité va-t-elle redémarrer le 11 mai ?

Thierry Chaumont : Si on se projette à la fin du confinement, il est clair que tout ne va pas repartir en même temps. Ce qui va freiner le redémarrage, c’est l’adaptation des postes de travail aux nouvelles normes. Mais, en grande majorité, si l’entreprise met en place les mesures sanitaires nécessaires, les salariés seront présents. Toutes les organisations syndicales, sauf la CGT, sont enclines à la reprise du travail. Dans l'industrie, nous sommes mieux placés que d’autres secteurs car nous avons l’habitude de normes et d’organisation strictes dans les espaces de production. Il y a déjà des couloirs de circulation, des espaces entre les postes de travail. En revanche, les entreprises ont un cruellement besoin de masques. Sans eux, la reprise du travail ne va pas être possible chez certains. Il nous faudrait environ 100 millions de masques par semaine. L’industrie est une nécessité vitale pour notre économie. Beaucoup d’entreprises ont des carnets de commandes pleins. L’export devrait pouvoir permettre aux entreprises industrielles de redémarrer, mais pour cela, il faut que l’on puisse également disposer d’une chaîne logistique complète, en état de marche. La circulation sera-t-elle rétablie entre les pays, les couloirs aériens seront-ils toujours fermés ? Le redémarrage va être long et il y aura de la casse dans les petites et moyennes industries. Pour le moment, les aides de l’État (chômage partiel, prêt bancaire garanti…) semblent être efficaces. Nous n’avons pas de remontée d’industriels pour lesquels cela ne déboucherait pas. Mais quid du chômage partiel après le 11 mai alors que l’activité ne va pas reprendre instantanément. Dans tous les cas, l’ensemble de l’année 2020 va être compliqué pour les entreprises. Les bilans ne vont pas être parfaits. Nous espérons que la Banque de France ne va pas trop dégrader certaines notations.

Quelles leçons tirer de cette crise sans précédent ?

Thierry Chaumont : L’enseignement principal c'est que nous manquons de gants, de masques, de matériel médical à tous les niveaux. Tout ce qui manque aurait pu être produit par des entreprises françaises. Nous nous apercevons alors que le secteur industriel est indispensable à l’économie. Dans ce cas, quelles actions l’État peut-il mettre en œuvre pour relancer l’industrie ? Nous devons travailler à la réindustrialisation.

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